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Vos paysages ne sont pas plus intelligents que les nôtres - Photographie  © Sonia Marques
Je ne décris pas souvent ici des films que je vois, comme j'ai pu le faire dans mon ancien blog BMK. D'ailleurs, tout a disparu de mes articles antérieurs, une activité pourtant longue de quelques années, des articles documentés et lus. Fais-je partie des invisibles et des marginalisés de notre société ? C'est l'occasion d'écrire quelques lignes sur un documentaire, "Les invisibles" de Sébastien Lifshitz. Il m'a fait sourire sur bien des points. Ces marginalisés, sages, ne seraient-ils pas nos lumières ? Marginalisés étant différent de marginaux, le film débute par la naissance d'un bébé perroquet exotique, élevé par des humains, des éleveurs. Même s'il n'y a plus vraiment de rapport ensuite et que cette naissance et cette activité singulière n'est pas le sujet principal du film, on peut l'analyser également sous cet angle. Les premières images sont symboliques d'une naissance assistée d'un oiseau, et donc du parcours qu'il reste à faire jusqu'à ce qu'il ouvre ses ailes...

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Nées avant la seconde guerre mondiale, elles ont vécu le début de leur vie d'adulte à une époque où l'ordre moral n'était pas un vain mot. L'Eglise catholique contrôlait une bonne partie des esprits, l'avortement était considéré comme un crime, l'homosexualité comme une maladie psychiatrique. Avec Mai 1968 et les mouvements d'émancipation qui en sont nés, ces "invisibles", comme les appelle Lifshitz, se sont battus, chacun à sa manière, pour conquérir le droit de vivre leur vie amoureuse au grand jour. Presque comme tout un chacun.


L'article au sujet du film publié sur le journal le monde, intitulé "fragments d'un parcours amoureux", en clin d'oeil au livre de Roland Barthes, est complet, avec une interview du réalisateur. Donc, tout est dit. Outre le fait qu'il est très heureux, même s'il s'invisibilise davantage dans le triste panorama que nous offre les médias, sans plus beaucoup de réflexion, il m'a rappelé une rencontre avec une actrice du film et un paysage. 
Par l'intermédiaire d'un ami, j'ai pu, avec d'autres amis partager un repas avec deux protagonistes du film, il y a peut-être 15 ans. L'une est sa tante. Elle n'a pas changé. Ce documentaire, plein d'humour, de vie, résonne avec bien des parcours amoureux, qu'ils soient hétéros ou homos. Mais ici ce sont les couples de vieux qui décrivent leur vie et leur lutte, des homosexuels, des lesbiennes, un bisexuel, mais surtout l'amour. Vieillissants et bien vivants, surement invisibilisés dans des communautés homosexuelles, mettant en avant toujours les jeunes, comme si les homosexuels et les lesbiennes ne vieillissaient pas ensemble. Il en est de même pour les hétérosexuels, les vieux sont très peu représentés dans des films, où ils seraient vecteurs de l'amour ou des questions liées à l'amour et à la sexualité. Ces acteurs et actrices, dans le films font partie des générations où l'homosexualité était tolérée, si elle était tu. Ils n'ont jamais affiché leur attirance auprès de leurs pairs, ce qui rend les récits pudiques et à contre-courant des attendus.

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Sébastien Lifshitz filme ses personnages avec une tendresse attentive, il sculpte leur visage, les inscrits dans les lieux où ils vivent, où ils ont vécu, dans la splendeur radieuse de la nature environnante... Imbriquant leurs histoires individuelles avec d'émouvantes images d'archives et une bande originale subtilement enveloppante, il compose sa propre musique, intime et universelle : une ode à la joie.

Concernant deux des actrices du film, la rencontre n'a pas marqué mon existence car très rapide, et trop éloignée. Si je n'avais vu le film, je ne m'en souviendrais pas. D'autres rencontres d'amis homosexuels, de lesbiennes ont plus été ou sont plus propices à des échanges ou des créations partagées. En un instant, dans la salle de cinéma, ce rappel visuel a fait coïncider deux époques distancées d'une quinzaine d'années. Dans ce laps de temps, beaucoup de choses ont changé de mon point de vue. Pourtant, ce film m'a apporté une nouvelle, les lesbiennes rencontrées sont toujours en couple, tandis que les hétérosexuels sont séparés. Les paysages et l'ami m'invitant, font parties des échanges féconds, dans ma vie de jeune femme. Je me souviens de beaux paysages isolés et de l'accueil de ces familles, de cet ami et de son amie, de leurs parents et des balades en montagne que nous avons réalisées ensemble, fin des années 90. Je me souviens de nos échanges sur l'amour, la vie et la cuisine et nous étions un groupe de jeunes hétérosexuels. Effectivement, la tante de mon ami, à cette époque, était une figure locale, mais rarissime dans le paysage. Depuis, les outings furent très tendance dans le milieu urbain et artistique. Ces amis étaient, malgré le même âge que moi, très réactifs, contre le nouveau média Internet. Créatrice et initiatrice, je me suis lancée totalement dans cette aventure de la diffusion, et dans le domaine artistique particulièrement. Cette différence de point de vue, nous a distancié, mais je voyais bien qu'ils étaient sous l'influence de leurs parents soixante-huitards, qui ont mis pas mal de temps avant de réaliser les bouleversements que cela apportait. Ils minimisaient beaucoup la capacité de ce média à remplacer les autres et devenir une source qu'ils utiliseraient tous les jours. J'ai peut-être eu de la chance de les connaître. C'était un peu nous transmettre ce que les années 68 avaient apporté à notre génération comme révolution. Vivre à leurs côtés, au moment où j'étudiais encore, fut des moments baignés d'innocence, en plein été, pas encore complètement dans le monde du travail et pas encore complètement dans une vie conjuguée, dans une habitation partagée. De mon côté, même si l'idée des partages utopiques a été prolongée dans une aventure collective artistique, l'aventure familiale et amoureuse n'a pas toujours suivi ce même rythme de dépasser certains stéréotypes, malgré mon souhait, reflétant assez bien notre époque. Comme si le retard s'était accumulé dans ces îlots, au lieu de m'aider dans mes avancées. Je m'en rends compte d'autant plus en partant de ces paysages qui m'ont tout de même convaincus, sur une certaine forme de bonheur, à l'abri des regards. Comme quoi, celles et ceux qui veulent à tous prix rester au devant de la scène, et faire de grandes démonstrations en leur nom, n'ont peut-être pas grand chose à nous apprendre. C'est fou ce que regarder des biquettes peut avoir de philosophique ;.)  Lorsque je vois un film qui relate intelligemment des histoires singulières et si communes, il reste difficile, surtout si les plus cultivés se cachent, de pouvoir partager des histoires ouvertes, qui nous donnent un peu de liberté et d'espoir. Le montage et la récolte des archives, la patience du réalisateur et ses interviews, rassemblent les bons ingrédients, pour panser nos carences affectives aujourd'hui. Alors mon article sera un peu plus long.

Nous sommes dans une régression sinistre des moeurs, et, d'autre part, dans une révélation de celles-ci, sans précédent. Du manifeste des 343 salopes, pour l'avortement, paru dans le journal du Nouvel Observateur en 1971, dont ce film fait une micro-archive, nous sommes arrivés aujourd'hui au manifeste contre le viol, des 313 femmes qui déclarent avoir été violées, paru dans le journal du Nouvel Observateur en 2012. Du pour au contre, si ce n'est pas un signe d'une régression ! Le cri d'alarme aujourd'hui est de protéger les femmes de notre société contre les violences dont elles sont victimes, sexuelles, conjugales, sociales… Le cri d'alarme avant, était d'avoir accès aux soins et à la liberté sexuelle, par la contraception mais aussi par la légalisation de l'avortement, dont nombre de femmes avaient recours, pour des raisons diverses, clandestinement. Le journal de parution est le même, et pourtant si sa ligne éditoriale n'a pas changé en 40 ans, le monde lui s'est transfiguré. C'est là où l'on comprend le malaise, mais c'est là où l'on comprend que les éditorialistes sont très lents à comprendre les changements. Cet hebdomadaire n'a jamais fait partie de mes lectures. Je le trouve d'un autre temps, sa mise en page, son contenu, son papier, orienté sur des figures patriarcales et destiné aux hommes vissés sur des figures révolues. D'ailleurs, je connais peu d'hommes de ma génération qui le lisent, souvent parce que le père le lit, et aucun homme des générations précédentes. Cette parution singulière, qui interpelle directement les femmes comme victimes, m'a fait m'interroger sur cette presse, ce support de communication, auquel je ne porte d'habitude aucune attention. Enseignante, je vois bien qu'aucun jeune homme n'a lu ce manifeste dans ce magazine, les femmes oui car elles sont à l'affût d'informations les concernant. Et pourtant ils et elles, à 30, 20 ans et moins, sont en prise directe avec ces violences et cette carence d'éducation, de dissertation de l'égalité entre les femmes et les hommes, et ce depuis l'école, et bien sûr, au sein des familles.

Ce documentaire sur les invisibles, m'a fait me poser la question, en général, des invisibilisés. S'il m'a réveillée, et si je tiens un blog, qui est lu, je peux relayer l'information et la relier à d'autres récentes qui tentent de soulever des tabous. Responsables, adultes, en couple, on ne peut qu'aborder quotidiennement le sujet, s'il est accepté, mais dans une société machiste, il est dénié, le plus souvent et savamment passé sous silence, en toute complicité des femmes et des hommes. Les hommes ont toujours autre chose à faire que de parler de ces choses là. Et la société n'en fini pas de les occuper à faire d'autres choses. L'affaire DSK nous a apporté bien des preuves révoltantes. Tout le monde savait mais le déni fut partagé et le reste encore. Donc, peut-être que le choix de publier un manifeste contre le viol dans ce magazine est destiné à une génération d'hommes d'un certain âge, et en référence au manifeste contre l'avortement, mais il est regrettable que le choix ne soit pas plus contemporain (la pétition elle-même est très difficile d'accès) Cela dit, il y a eu d'autres formes de diffusion (télévisuelle ici, et ici, mais aussi une forme interactive ici) Il me semble également que rapprocher ces 2 manifestes en voulant copier la méthode et le lieu de diffusion n'est pas du tout approprié pour les questions de fond. Notre société a profondément changé et on ne peut pas faire comme dans le passé. Nous sommes bien plus qu'avant saturés de publicité qui dégradent les images de la femme et par conséquent impactent sur celles de l'homme. Nous sommes le plus souvent amenés à refuser et jeter cette publicité, ou ne plus voir la vérité parmi les mensonges. Autant se lancer dans des lectures philosophiques, retirés du monde, la veine ! Dans tous les cas, aujourd'hui, les questions profondes de mutations de notre société sont banalisées, dans les médias. Ha ! Les médias ont de sérieuses difficultés à se renouveler, à faire émerger l'information, et ratent plusieurs occasions de faire vraiment circuler la pensée, de relayer les informations cruciales pour l'évolution de notre société. Ils aboient. Waf Waf ! Au son de la voix de leur maître.
Ces questions profondes de violences à partager et à débattre entre hommes et femmes, les droits et la liberté, ou le plaisir de vivre ensemble et le plaisir tout court, sont écrasées par des duels d'hommes politiques et de petits égos de cartons pâtes. L'homophobie arrive également à se frayer une place omniprésente à travers ces médias crétins, qui ont laissé invisibles les invisibles. Lorsqu'il n'y a plus que la provocation gratuite et la petite phrase à paraphraser, l'amour ne peut être représenté, ni dans le fil d'une histoire, d'amour, ni dans le fil de ses freins et ses déserts, sa recherche et son ouverture à travers les âges. Et elle est le plus souvent déconnectée de la grande histoire que l'on partage. C'est pour cela que ce documentaire est remarquable. Il réussit à lier et à rester à l'écoute, sans forcer la confidence.

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Il faut aller chercher loin le sapin sans voiture, parmi les voitures - Photographie  © Sonia Marques


L'amour ne fait plus partie des valeurs de notre société, et celles et ceux qui les partagent, doivent s'invibiliser davantage, afin de vivre leur amour pleinement. Pour participer activement à cette société en panique d'elle-même et de ses excès, il ne faut pas avoir de sentiment. Se protéger même de l'amour est recommandé, sait-on jamais, si on s'aventurait à aimer. Imaginer… Le sexe violent oui mais l'amour ça non, le plaisir de faire l'amour, c'est interdit. La guerre et la violence oui, abattre l'autre pour un oui ou un non, mais l'aimer, de grâce, surtout pas. Le déclarer comme différent et étranger, c'est plus facile, afin de l'exclure et le discriminer, le tuer.
Pourtant, sur les questions de violence faites aux femmes, les hommes ont des choses à exprimer, sur leurs propres violences subies ou actées. Elles sont complètement taboues évidemment dans une société où la domination masculine est loi. Pourtant, ils sont là, ils accompagnent, ou sont témoins, directs ou indirects, confrontés à leur propre déni, leur participation, leur répétition des violences, sans pouvoir être aidés, ignorants enfants, et adultes ignorants accrochés à l'enfance, héros et batailleurs qu'on ne voit même pas car ils n'ont plus l'allure des héros poussiéreux, et qui ne seront jamais reconnus par leur père et leur mère...Ou bien victimes. Il y a un terrain inexploré, enfoui, vingt mille lieux sous les les mers, des hommes qui luttent.
Déjà pour l'avortement, les hommes ne s'étaient pas immiscés dans l'entreprise, et pourtant directement confrontés, eux-mêmes pères ou amoureux, enfants... Les femmes avaient d'ailleurs rejeté leur participation. On ri souvent de la chanson de Patrick Juvet, de 1977, où sont les femmes ? Mais on pourrait très bien chanter une nouvelle version, où sont les hommes ? Et chantée par les femmes ?

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Aujourd'hui, il apparaît que les hommes se cachent et pratiquent la politique de l'autruche à outrance, qu'ils préfèrent parler de choses superficielles, liées à la consommation et ce que l'on veut bien nous faire croire de la politique, de la technologie. Ils poireautent, pas aussi tranquillement qu'avant où il craignaient surtout la castration, car ils ont bien comprit qu'ils ne perdaient rien dans l'affaire des mutations et qu'ils ne savaient plus trop quoi faire de leur tout-pouvoir, mais ils n'osent pas plus s'aventurer dans le débat d'idées contemporaines, malgré de vraies soumissions à la sempiternelle domination masculine, qui leur empoisonne la vie. Ils reculent, se replient sur eux-mêmes, se battent entre eux, à garder la place du chef, n'en inventant pas d'autres. Ils sont parfois prêts à piquer la place de leur femme si elle s'avère élue, devant même leurs enfants témoins du massacre politique. Et si les hommes sont élus ? Ce sont les premiers à demander à leur compagne d'abandonner leur métier, leurs études, leur cervelle, surtout si elles écrivent, sait-on jamais si elles venaient à décrire la réalité. Un bon chirurgien pour qu'elles se fassent tirer les rides et de bons photographes et on ne les entend plus, pas le droit de vieillir non plus. On ne peut donc les considérer comme des modèles, on les rejette en bloc, des couples imbéciles aux commandes d'un pays qui manifeste pour d'autres raisons. Ils publient des milliers d'articles des rois et chefs historiques et des politiciens du passé, de leurs pairs exposés et victorieux d'avoir laissé une oeuvre toute tracée par eux-mêmes, de leurs batailles entre eux, de leurs morts ils décorent chaque année leurs tombes grandioses, ils se médaillent eux-mêmes, aux yeux de tous et des jours sans travail leurs sont dédiés. Ils se rassurent, n'ayant toujours pas compris, pour la plupart, que les femmes travaillent à leurs côtés depuis des années et qu'elles prennent part aux idées et mutations de notre société. Ils effacent leurs noms lorsqu'elles sont co-auteurs et se montrent à leur place, aidés par les journalistes. Parfois une fois mortes, des auteurs masculins rendent un petit hommage coupables à leurs femmes, aussi écrivains, avec un petit 'merci', comme 'merci de m'avoir supporté' ou 'corrigé mes fautes'. Les collaboratrices d'un jour, d'une nuit, d'une vie conjuguée à deux, deviennent des collabos d'un système criminel, celui d'effacer toutes les traces des femmes sur terre et ne jamais fleurir leur tombe. Si on les interroge sur les violences faites aux femmes dans notre société aujourd'hui, ils s'étonnent la bouche en coeur, comme s'ils n'étaient pas au courant, ne faisaient pas partie de cette société. Il s'est sans doute passé quelque chose pendant qu'ils dormaient, mais d'un très long sommeil. Pourtant, ils sont bien réveillés lorsqu'ils n'hésitent pas devant elles à mettre en valeur un abrutis, ou le payer gracieusement, tout en laissant les femmes bénévoles des idées précurseurs. Il est instructif de noter que l'adjectif "précurseur" dans la langue française, n'a pas de féminin.
J'entends parfois des étudiantes, qui font des lapsus en affirmant que le masculin l'emporte toujours dans leur création artistique, ce qui expliquerait la forme plastique de leurs travaux, sans qu'elles émettent jamais un point de vue personnel. Elles s'oublient... d'exister. Elles ne contextualisent pas l'usage des mots et ne relient rien à l'actualité. Et souvent, elles ne se lâchent pas assez. Il ne suffit de pas grand chose, un modèle explosif et jouissif et on repart sur de nouvelles bases. Pourtant un jeu un peu plus chaotique, sans poser de sens à priori, laisse libre cours au sensuel, même si on guide un peu tout cela par une conscience aiguisée ;.) Elles n'ont parfois pas d'outil féministe dans leur bagage et bien des professeurs, ignorants, vont confirmer sans le savoir de telles affirmations qui apparaissent si évidentes. Et je ne parle pas des étudiants, c'est pire, ils ont peur d'être influencés par une oeuvre féminine ou d'en citer la référence. Rien de dramatique, il y a toujours des lumières dans les écoles et les jeunes apprennent vite. Engoncés dans le monde du travail, les adultes ont plus de mal à apprendre et comprendre les mutations de la société, s'ils ne se cultivent pas à côté, ou ne questionnent pas les modèles, ne dialoguent pas.
Et combien en ai-je rencontré de cultivés qui gloussent devant l'intérêt que l'on porte aujourd'hui à changer les règles de la langue, des métiers au 'mademoiselle' imposé naguère pour la femme non mariée, donc éternellement fille et jamais femme. Puisqu'avant, c'est-à-dire hier, donc beaucoup le croit encore, on considérait que c'était le mari qui faisait la femme et que l'homme, même célibataire ou vivant maritalement avec quelqu'un est un homme... et un honnête homme ! 
Dommage que l'on n'ait pas pensé pas à réintégrer le damoiseau, comme son féminin la damoiselle, des noms d'espérance.
Mais si on donne un peu plus de crédit aux damoiseaux, ils ne vont pas trop se poser de questions sur celles et ceux qui les donnent. Et c'est ainsi qu'ils prennent des airs supérieurs de monsieur encore enfants sur les damoiselles.
Harcèlement moral, sexuel, dans les entreprises, abus de faiblesse, tout y passe pour dominer... Le sursaut de révolution sexuelle des années 68 a permis à nombres d'hommes de collectionner les aventures féminines émancipées de la religion et la famille, sans dire merci ni au revoir madame, de trouver des places dans les médias et la culture, reproduisant parfois individuellement, une forme de domination, ce qu'ils dénonçaient naguère en groupe, et les femmes de continuer à les gâter. D'où une presse un peu laborieuse et répétitive, voir assommante de stéréotypes. Comme les bruits de couloir, il suffit de travailler dans un milieu culturel, pour entendre quotidiennement de la part de tous les employés à tous niveaux, les soumissions forcées de celles-ci, la débauche de ceux-ci et les harcèlements divers isolés, les départs soudains et les rentrées urgentes, et puis ne plus rien entendre en réunion comme si de rien n'était, mais plus rien entendre non plus sur les idées, les mutations, les avancées. Certains font de leur emploi une gazette épuisante, mais ce sont ceux qui restent, attendant les nouvelles têtes divertissantes. La place des femmes dans un gouvernement permet peut-être de dénoncer de mauvais agissements, de relancer la machine justice en panne. Espérons que leur place sera décisionnaire dans d'autres circonstances, moins sinistres, car c'est encore le travail que les hommes ne veulent pas faire, qu'elles font là, car il n'est pas montré comme glorieux... pas encore, mais il l'est.

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Je n'ai pas assez de distance pour voir les effets d'un manifeste qui se veut aussi "réveil" que l'autre, celui de nos mères. Il traite d'un tabou générationnel et qui permettra peut-être de délier des langues. Qui sait ? Mon article est peut-être une résultante du délit, d'écrire et d'aimer.
C'est une note qui crise un peu, mais le documentaire, des invisibles, est très vivant. Ce sont des couples respectables dont le regard traversant, d'expérience et d'humanité, pétille encore. Ils ravivent nos sentiments profonds et questionnent les genres et les choix amoureux, malgré les tabous et les lourds couvercles des familles taiseuses. La petite histoire rejoint la grande histoire. Proches de la terre, la plupart des interrogés regardent le monde avec une sagesse dont on aimerait qu'elle irradie un peu plus nos connaissances réduites à une peau de chagrin. L'impossibilité de nos politiciens à débattre sur la violence faites aux femmes est bien sûr l'impossibilité de parler de leur propre violence avec laquelle ils se battent comme des enfants stopés dans leur croissance. Mais auxquels ont a donné tous les pouvoirs et la première : celle d'apparaître, sans notre consentement, sous nos yeux, en nous faisant croire que nous l'avons bien voulu. 
Et j'ai le sentiment, peut-être rapide, que la difficulté encore aujourd'hui des politiciens à s'opposer définitivement à l'homophobie, est reliée à l'autre difficulté de débattre des violences faites aux femmes.
Je n'ai pas la télévision, mais les impôts s'obstinent à me faire payer chaque année la redevance. C'est un peu la même chose : vous ne voulez plus voir, mais vous allez voir quand même et payer. Toutes ces publicités qui se développent à présent sur les écrans connectés à Internet, nous empêchant d'accéder au contenu, sont d'une violence inouïe. Des publicités de 30 secondes sur la fenêtre du contenu que l'on souhaite voir, des fenêtres intempestives qui glissent devant nous lorsqu'on lit un article, en imposant leur son, dont il devient de plus en plus difficile de fermer ou trouver l'icône de fermeture. À présent, nous sommes empêchés de voir. Toujours, on nous impose autre chose, le plus souvent la chose que l'on rejette le plus, qui nous empêche de comprendre. Et les pop-up pornographiques sont extrêmement violentes, pour n'importe quel internaute, enfant, adulte, fille, garçon, femme, homme, elles sont banalisées (Ha ! Encore du X, pfff ! Un truc pour les gâteux ou les psychopathes) Bon, il ne nous reste plus qu'à fonder des clubs itinérants de lectures, chacun apporte son livre, son extrait et le partage aux autres, le lisant à HAUTE VOIX, devant un petit apéritif, MERDE ALORS !
Et puis... Ces scénarios mensongers qui vantent les mérites d'un véhicule puissant. 
- Savez-vous combien de personnes n'ont pas les moyens d'avoir une voiture d'occasion, même si elles ont le permis ?
Aucun rapport ou presque.
Les sapins sont dans la forêt. 


photo © Sonia Marques

Vos paysages ne sont pas plus intelligents que les nôtres - Photographie  © Sonia Marques

(>‿♥)

DingDong je reçois la référence d'un clip de Cesar Vayssié, "Greed", réalisé pour et avec Laurent Garnier en 2000 à Ivry Sur Seine, pour son album "Unreasonable Behaviour". C'est un jour normal qui commence dans un monde déraisonnable. Merci la petite voix. Et bien sa dernière réalisation est "The lady crying" de 2012. Du chaos créatif coloré en état de choc et d'autodérision et de rêves flashes, tous acteurs le nez dans le guidon, on passe à une observation réflexive et minimale récréative, presque touristique : douze années sont passées. On s'imagine bien être à la place de la petite fille et poser la question WHY ? Et on s'imagine bien être à la place du monsieur, tenter de répondre, sans réponse.