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Salon Offprint 2012 au Palais des Études de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris - Photographies  © Sonia Marques
Le salon Offprint dédié aux pratiques émergentes de l’art, de la photographie et du graphisme, défendues par des acteurs indépendants de l’édition, se tenait la semaine dernière à Paris, à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. De mon côté je voyageais entre le centre de la France, la capitale et la fin de la terre, le Finistère, pour présenter mon travail artistique à l’École Supérieure d'arts de Quimper, invitée par Karine Lebrun.

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Salon Offprint 2012 à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris - Photographies  © Sonia Marques
Au salon, plus d’une centaine de participants étaient réunis, des livres et des catalogues, éditions diverses, impressions, photographies, associations de graphistes et d’artistes, démarches contemporaines, le tout comme dans une vente de livres, chacun son petit logo et son pays, international. Une occasion pour revisiter mon ancienne école, et cela faisait plus d’une dizaine d’années que je n’avais mis les pieds, me semble-t-il dans les alcôves de ce bateau désargenté. Des murs de souvenirs... prestigieux.

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École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris - Photographies  © Sonia Marques
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École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris - Photographies  © Sonia Marques
Hormis cette belle installation livresque sous la verrière centrale du bâtiment, rien n’a changé. Les statues sans têtes et la cour du mûrier, le plafond décrépi, les ateliers mêmes, avec les mêmes chefs d’atelier, artistes, dont leur nom est toujours aux mêmes endroits, à quelques déplacements près, pas un pet ou presque...

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École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris - Photographies  © Sonia Marques

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Kombi, catalogue de Franziska Holstein
Le festival OFFPRINT en soirée, avant la fermeture donne une assez belle lumière à cette pièce centrale, le Palais des Études, dédiée souvent aux défilés de mode, dont nous, étudiants étions interdits de voir. Mon ami qui me proposa la visite de ce salon contemporain a trouvé un catalogue, « Kombi », d’une artiste allemande peintre Franziska Holstein (galerie Christian Ehrentraut à Berlin : sur le stand des éditeurs allemands Lubok, réalisé avec un graphiste, Jakob Kirch. Hasard, celle-ci était présente témoin de l'achat de son propre catalogue. Nous fîmes présentations en anglais. L’association artiste et graphiste est venue apporter quelques réflexions au menu, la bonne association comme dit Fransiska Holstein. J'aime bien ses peintures et ses collages géométriques inspirés des seventies, avec une harmonie colorée vibrante (bleu délavé, gris sale, roses et oranges). Contrairement au peintre Neo Rauch de Leipzig, dont elle fut l'élève, elle a surement abandonné la figuration, car son travail est tourné vers l'abstraction.

photo © Ricardo Cases
Photographies  © Ricardo Cases
J’ai découvert un catalogue, « Paloma del aire », de l’artiste Ricardo Cases sur un stand espagnol. J’ai beaucoup aimé sa démarche et son travail photographique. Le carnet à spirale de petit format présente des photos artistiques et documentaires sur des propriétaires de pigeons de course en Espagne, une tradition étonnante. Ces volatiles sont colorés, ce qui rend fascinante la contemplation de notre souvenir des pigeons gris, vêtus d'un costume exotique pour ne pas dire "volé" aux perroquets. C'est étrangement une chose dont j'ai rêvé la réalisation, assez souvent. Ainsi je me suis renseignée sur cet art de la colombiculture. Ricardo Cases en a fait un film, surement tiré de l'édition, encore une transportation d'un médium à un autre, une traduction.

photo © Ricardo Cases
Photographie du catalogue Paloma del aire  © Ricardo Cases
Aussi j’ai pu feuilleter le beau catalogue de l’artiste suisse Mélanie Bonajo réalisé par le graphiste suisse Philippe Carrer sur le stand des éditions suisses Sphère.


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Magazine sur le travail de Mélanie Bonajo

photo © Mélanie Bonajo

Genital Panik 2012 An Event for Equality  ©  de Mélanie Bonajo

Elle ne figure pas dans le catalogue mais sa performance "Genital Panik" est plein d'humour, en reprise de celle de la féministe Valie Export, vêtue d'un jean coupé à l'entrejambe, à une autre époque, en 1968, réalisée dans un cinéma pornographique... sans la couleur, et sans les hommes, mais avec une mitraillette ;.) Ces fameux reenactment qu'affectionnent les artistes (rejouer des performances majeures d'autres artistes)

Depuis plusieurs années, les artistes s’inspirent de la technique du re.enactment, de reconstitution d’événements connus de l’histoire pour mieux en explorer les impensés, les oublis, les lignes de fuites et en proposer de nouvelles interprétations. Performer un événement historique, un discours, remettre en scène une archive, reconstituer l’histoire depuis un autre endroit pour mieux nous en faire entendre les résonnances aujourd’hui et produire des contre-récits historiques. A rebours de l’idéologie d’une fin de l’histoire, fonctionnant parfois par uchronie ou de manière prospective, le re.enactement produit « l’archéologie symbolique » d’une lutte, d’une révolution, d’une guerre, d’un événement médiatique.(Source : Que faire ?)

Mélanie Bonajo dit à ce sujet :

The piece consists of an open call to participate in an event for equality. In this happening the participators were asked to sacrifice their shame. The objective of the gathering was to re-think our approach towards equality in an active way. Its intention was to eliminate the passive gaze with which we approach art into a participatory act in need for a physical entrance. Because, changing perception is not merely a question of turning the tables or changing the language. The piece, is a re-enactment of VALIE EXPORT’s Genital Panik 1968. Instead of the gun, I used color to paint the genitals. By doing so I aim to free the genitals from their socially and sexually loaded meaning as an object back into a symbol. The color stands for a playful redefinition of innocence and the freedom of prejudgment. I used the idea of the action-pants as a metaphor for focus. Where does our gaze rest ?

Le sacrifice de la honte. La couleur signifie une redéfinition espiègle d'innocence, libérée de tout jugement préconçu. Il n'y a pas de hasard dans mes choix, et les Paloma dans l'aire de couleur.

Je suis repartie avec 2 cadeaux, des sérigraphies indécentes (Doppelgänger series du dessinateur anglais James Unsworth publiées par les éditions de Londres Ditto Press faites avec ce nouveau procédé d'impression le Risograph (à la croisée d'une presse offset, de la sérigraphie et d'un photocopieur, il permet des impressions en série à des tarifs très économiques) J’ai échangé 2 mots avec l’éditeur portugais Pierre von Kleist Editions, de Lisbonne qui présentait un beau catalogue (couverture superbe, conception graphique des deux graphistes portugaises Joana Baptista Costa et Mariana Leão), "Things Here and Things Still to Come" du photographe portugais José Pedro Cortes, fondateur des éditions… Dans ce catalogue, le photographe a rencontré quatre américaines d'origine juives lors de son séjour à Tel Aviv. Les photographies semblent se situées dans des paysages méditerranéens pauvres avec le charme d'une histoire vécue.

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Couverture du livre "Things Here and Things Still to Come" du photographe portugais José Pedro Cortes
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En découvrant le stand allemand des éditions Hansjörg Mayer, que j’ai beaucoup aimé, pour la liberté graphique et artistique, je découvrais l’artiste suisse allemand, décédé en 1998, Dieter Rot (The dark undertone and furious, obsessive energy of his work) dont l’imprimeur Hansjörg Mayer, a diffusé nombre de ses livres. Je me suis penchée sur les origines de l’auto-édition et suis retombée sur ce boulimique de l’art, Dieter Rot, dont il existe un Musée.

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Offprint, ENSBA 2012, stand Hansjörg Mayer - Photographie  © Sonia Marques
Je me suis demandée si tous ces nouveaux festivals et salons alternatifs de micro-auto-production de livre, d'édition, poètes, critique d'art et graphistes... qui fleurissent depuis un certain temps un peu partout en France, ne venaient pas de là. L’artiste allemand Dieter Roth (1930-1998) et l’artiste américain Edward Ruscha (1937) furent des initiateurs dans ce domaine. Je pense aussi à la littérature hypermédiatique allemande, netzliteratur et l'art hypermédiatique allemand (Netzkunst) Deux directions qui se sont affirmées dans le livre d’artiste. Alors que Dieter Roth réalise des productions variées avec des matériaux empruntés aux médias de masse, Edward Ruscha travaille le livre de façon plus conceptuelle en appliquant des règles précises. Les premiers livres de Dieter Roth avaient été publiés en tirage très limité par manque d’argent. Ils ont attendu plusieurs années avant d’être édités et diffusés. Ils sont progressivement édités par Hansjörg Mayer à mille exemplaires. Dieter Roth va rompre brutalement avec la poésie au sens traditionnel du terme. De 1956 à 1959, il mène parallèlement une activité de peintre constructiviste et de poète concret. Durant ces années, il réalise des petits livres à la main, tirés à très peu d’exemplaires. Il gagne sa vie comme typographe dans la publicité et se familiarise ainsi avec la mise en page des caractères. Il a produit une œuvre très variée comme des graphiques, des dessins, des peintures, des sculptures et des installations, souvent en utilisant aussi du son et des vidéos. En plus de son travail d’artiste, il était compositeur, musicien, poète et écrivain. Sa vie et son travail se confondaient souvent l’un avec l’autre (lire un autre article)

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Source : Un des plus beaux exemples est "Kinderbuch" (1957) de Dieter Rot, le rythme et la sonorité des couleurs en grandes et petites touches sont fascinants.
 De son côté, l’éditeur Hansjörg Mayer a grandi dans une famille d’imprimeurs et d’éditeurs de Stuttgart. Sous l’influence de Max Bense, il commence très tôt à produire des textes expérimentaux et typographiques dans le contexte de la poésie concrète (jusqu’en 1968). En 1964, Mayer fonde sa maison d’édition et fait la connaissance de Dieter Roth. Ils produiront ensemble un premier livre en 1965, puis commence l’édition des œuvres de l’artiste dès 1969.

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Cafétéria de l'école d'art de Quimper, conception Florence Doléac - Photographie  © Sonia Marques
Semaine des écoles d’art, je faisais une conférence sur mon travail artistique dans celle de Quimper. Je n’ai pas de trace photographique si ce n’est celle de la cafétéria, que Florence Doléac, la designer a réalisé avec les étudiants. Une cafétéria chaleureuse de gommettes colorées, un chalet en hiver. De plages sonores en systèmes de pensées irrigateurs, j’ai parcouru mes dernières réalisations, catalogues photographiques, de dessins, en essayant de m’attarder sur des aspects plastiques et aussi sur la réflexion à postériori du contexte de création. La pluridisciplinarité me permet lors d’une présentation de reprendre un fil conducteur à chaque fois unique et dédiée au moment, comme si j’inventais une nouvelle lecture. L’abri des regards et ma position insulaire made in seuqramainos est revenue, comme un retranchement salutaire face à la machine qui s’emballe du système de l’art et de ses queues à la résidence et exposition, que je trouve ridicule, symptomatique des capitalisations sur du vide. Je travaille comme un écrivain, mais avec des images et symboles, des exutoires avec une pensée libre, décousue et recousue au gré de mes déplacements et rencontres et en circulation à travers tous modes d’expressions plastiques. Les petits pas dans le temps, la méditation, la contemplation sont nécessaires à cette création qui ne peut se soumettre au calendrier des incompétents. L’enseignement est dans cette recherche artistique sine qua non et précieuse, la transmission est directe. D'ailleurs ce sont les associations directes entre artistes, graphistes, musiciens, écrivains... qui rendent réelles mes inspirations, mes voyages, mes amitiés et mes amours. Échanger avec des personnes qui sont capables de faire et créer est toujours parler le même langage, mais il est rare, ce langage et même dans des lieux dédié à l'art ou la pédagogie. Chaque conférence permet de comprendre quelque chose de son parcours, les questions posées par Karine ou nos échanges m'ont fait réfléchir sur les Fake de la recherche en art. Les questions des étudiants et leurs respectueuses reconnaissances sont aussi directes et chaleureuses.

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"Coup de tête", de l'artiste Adel Abdessemed, parvis du Centre Pompidou - Photographie  © Sonia Marques
En passant par le Centre Pompidou, je visite 2 expositions, celle du roumain Micea Cantor, né en 1977 (prix Marcel Duchamp 2011) et celle de l’algérien Adel Abdessemed, né en 1971, « Je suis innocent ». Visitées successivement, elles résonnent ensemble, quelque chose de spirituel et de sensuel, d’épice, quelque chose d’archaïque et d’une élégance minimale. Je ne décris pas un plat exotique, mais presque. Les œuvres sont impressionnantes, de la taille qui me transforme en petite Alice au pays des merveilles. Pour Adel Abdessemed, je m’attendais à un sentiment provocateur d'après les critiques d'art, mais je n’ai nullement ressenti de provocation, même si des affiches jalonnent l’exposition, interdisant l’entrée à des mineurs. Plutôt un sentiment d’œuvres charnelles et citronnées.

Who's Afraid of the Big Bad Wolf ?

C'est un panneau de 363 cm de haut et 779 de long couvert d'animaux sauvages naturalisés dont la fourrure a été légèrement brûlée à la flamme d'un chalumeau. C’est une pièce funeste et en même temps qui ne dégage pas d’odeur. Comme sortie d’un conte de fée, ces animaux flambés comme des crêpes, les gueules ouvertes ou celles cachées, ensevelies sous les autres et les yeux qui brillent me paraissaient symboliser un autre temps, lorsque nous étions des êtres humains et que nous vivions parmi les bêtes. Comme la tétée d’un bébé cochon de lait sur le sein d’une vieille femme dans la vidéo Lise, comme un air de flûte jouée par un vieil homme malin et nu comme un ver, comme les carcasses de voitures si bien calcinées au four qu’elles ressemblent à de belles sculptures en chocolat, et cette coque de barque suspendue remplie de sacs de poubelle, qui nous rappelle quelques passages clandestins en mer…

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"Oeuvres Adel Abdessemed, parvis du Centre Pompidou - Photographie  © Sonia Marques
Je suis innocent, le titre de l’exposition nous demande alors de la retrouver l'innocence. Un « Coup de tête » à l’extérieur du Centre présente une grande sculpture de bronze de plus de 5 mètres, d’un noir mat, de ce moment devenu télévisuel du coup de tête instinctif du footballer Zidane sur un autre, Marco Materazzi lors de la finale de la coupe du monde de 2006. Il avait dû présenter ses excuses télévisuelles, tant il a choqué les Dieux du stade. Ces 2 corps de footballers, ces géants, ne présentent pas tant ce moment médiatique qu’une belle réalisation plastique, rendant l’attaque chorégraphique. Ces 2 personnes en short se rencontrant, arrêtés en plein élan et choc, comme une scène du début d’un corps à corps physique, deux hommes, une lutte, le pouvoir, le jeu, l’argent, le capital derrière cette danse. Leurs pieds presque ceux de deux danseuses en ballerine, à la pointe, nous raconte autre chose que ce moment médiatique, avec cette démesure suspendue. Lorsqu'il filme les corps, cela reste très pudique avec une forte charge poétique et émotionnelle. Une vidéo présente une performance où neuf couples font l'amour dans une galerie, succincte et en boucle ce film de quelque seconde est rythmé par les applaudissements des spectateurs, leurs caresses ne sont pas pornographiques et ne concernent que les couples. Ces accouplements sont animals et salués comme des joies. Pour "Joueur de flûte", l'artiste a demandé à un vieil homme, entièrement nu, de jouer un air de flûte traditionnel berbère, brisant en cela les tabous autour du corps, de la nudité. Au son de cette mélodie envoûtante, cette vidéo d'un personnage en pied qui se tient bien debout, un peu plus grand que le spectateur, représente quelque chose de primaire, brut et magique. On se demande alors ce que l'on fait encore tout habillé à le regarder jouer son air sans protection. Ce film rappelle des peintures de l’histoire de l’art des joueurs de flûte, habillés. Mais ici quelque chose de plus simple et amusant, pudique et honorable se passe. En sortant j’ai rencontré une amie artiste Katarina Schmitt qui rentrait visiter ces expositions, hasard des croisements, histoire de compléter la valise des souvenirs de Marseille, Toulouse une autre école d’art ou bien l’Allemagne. Je me suis souvenue de l’exposition collective à Paris à laquelle nous participions où elle exposait une édition précieuse. Son travail est d’une grande liberté dans les supports (sérigraphie, peinture, aquarelle, dessin, encre, mur, maison, architecture, verre…) et les formats et la circulation des traits et de la couleur, ou des reflets aquatiques et dans l’emploi de signes et de leurs multiplications. Je me souviens que la voir travailler dans son appartement et atelier marseillais m’avait convaincu de la nécessité de se réserver un espace à soi, même lorsque l’on vit à deux ou plusieurs, ou que l'on reçoive des invités, des résidents. J’étais justement dans ces années, dans l’invention de cet espace insulaire et virtuel que j'ai présenté très brièvement en Bretagne, jusqu’à l’habiter et qu’il voyage avec moi, même lorsque j'étais invitée ailleurs. À présent, c’est la chaleur qui est prioritaire, et la partager reste le plus beau cadeau.

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Il est certain que Paris est une ville épuisante et a épuisé, depuis des années, toutes les énergies françaises et celles des étrangers. Paris est une ville mangeuse d’hommes et de femmes. Mangeuse de leur temps. Mangeuse de leur vie. La saturation du son, la pollution et les distances tueuses de nos souhaits touristiques, gomment nos idées et effacent notre corps du corps commun de la terre au profit d'un individualisme forcené qui ne dit pas son nom ni bonjour et vous marche dessus. Il serait pénible dans ces contraintes de la santé qui se déglingue au fil des heures des jours et des années, d'avouer que je m'y sens comme chez moi. C'est dans cette découverte culturelle après mes années collèges, qu'elle participa de ma santé mentale et intellectuelle, donc je ne peux que saluer cette ville unique, toujours surprenante. Et pourtant ce qui est si familier, ne peut être regardé avec ridicule que si nous sommes à l'abri de cette frénésie, que si nous savons accompagner et sourire humblement aux sans abris ou aux si peu de toit, sinon, nous finissons aussi sans toit au pays du sans toi ni loi. Et lorsqu'on s'écarte des RDV, c'est l'air qui revient, on perd juste des amis ou de la famille, peureux de sortir de la bulle grise et des temps télévisuels, véhiculés ou métropistés, afin de prendre le risque de sentir la vie entre les êtres vivants, une chaleur qui rend la solitude cotonneuse. Il y a toujours des solutions lorsque l'on prend le temps de vivre et les résolutions quotidiennes deviennent des sutras riches d'enseignement. C'est sûr qu'à Paris, il n'y a pas de résolutions mais une grande proportion à la procrastination par l'empilement des tracas. Avec sa centralisation et son attraction, on peut vivoter des dizaines d'années sans régler de précaires situations, sans même voir le temps passer, puisqu'il nous mange. L'hiver est une saison où il est idéal de prendre les bonnes décisions d'expatriation, car c'est la pire et la plus cruelle, celle qui sème le désamour des Noëls et des incitations aux dépenses inutiles tandis que le froid parcourt nos os, sans toi, ni loi, sans pères noël. Sans cadeau on est parti, sans larmes et désarmés, nus comme le joueur de flûte, retrouvant la mélodie, l'air sur la peau, les poils hérissés d'émotions inconnues.
Au centre du territoire, c’est le jazz qui donne le ton, une invitation à quelques improvisations de fins d’années. Merci le jazziste (et les bretons) pour cet accueil chaleureux dans mes périples finibus terræ, bienvenu au centre de la terre.

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photo © Sonia Marques
Collages et improvisations de jazz  - Photographie  © Sonia Marques