Quelque part (photo © Sonia Marques)
Quelque part (photo © Sonia Marques)
Quelque part (photo © Sonia Marques)
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En allant à Genève... (photo © Sonia Marques)
Mois de mai, moi des mais si c’est possible, je pars à Genève. Invitée à la HEAD, Haute École d’Art et de Design dans le LAB.ZONE que mène l’artiste Lili Reynaud Dewar (article de sa dernière exposition au Magasin de Grenoble, interview filmée) au sein du Workmaster : « Enseigner comme un adolescent, étudier comme un adulte vieillissant », Inspiré par un catalogue d'exposition de Michael Krebber : Puberty in Teaching
Les méthodes de Krebber sont sujettes à une certaine mystification, mais elles sont simples : il s'agit de se retrouver, dans l'atelier collectif de la Stadt Schule et au bar, de discuter, de boire, de commenter ensemble des lectures et bien d'autres choses, comme un groupe d'amis. Krebber entretient un rapport de proximité avec ses étudiants, qu'il appelle, plus ou moins laconiquement, « ses amis ». Mais de cette proximité peuvent aussi naître des jalousies, des frustrations, des incompréhensions. A l'instar de célèbres groupes de travail fondés sur une apparente destruction des relations d'autorité et une mise en collectivité des moyens de production, comme la Factory de Warhol et l'Antiteater de Fassbinder* les rapports de domination et d'autorité ne sont jamais totalement éradiqués.
(...)
Qu'en est-il de ce type de méthodes pédagogiques lorsqu'elles sont incarnées par une jeune femme, française, dont l'influence est discutable : le professeur Lili. Comment la figure de l'artiste se manifeste comme un élément central dans ce type de pédagogie ? Cela nous amènera à considérer la question du « professeur » et à regarder des figures d'artistes enseignants, célèbres ou obscures.
(extrait de l'intitulé du LAB.ZONE)
C’est Camile Tsvétoukhine qui m’a invitée, en étude dans ce lab.zone. Elle fut une de mes étudiantes à l’ESBA d’Angers, où j’ai enseigné plusieurs années. Je l’ai connue motivée par le dessin, je la retrouve avec ces mêmes questions. Nous avons rétrospectivement évoqué tout un réseau de connaissances communes par ses études et mon enseignement. Que sont devenus celles et ceux que j’ai formés ? Que suis-je devenue, ayant quitté cette école ? Elle toujours étudiante et moi toujours professeur, artiste, réunies à Genève en train de montrer mes libres péripéties artistiques dans une chambre d’hôtel.
D'autres objectifs de ce Lab.zone :
- Le second vise à articuler un rapport critique à l'école contemporaine et plus généralement à la circulation et la diffusion de l'art. En effet, ce lab.zone s'entourera d'un certain mystère, et contournera les injonctions de production et de visibilité qui accompagnent généralement tout projet artistique dans le cadre d'une institution. Les réunions ne se dérouleront pas dans l'école, mais dans des lieux plutôt destinés à la vie privée et/ou au divertissement : quelques bars genevois, ma chambre d'hôtel, les appartements et maisons des étudiants. Les objectifs principaux de ces rencontres seront la qualité de la conversation, de la soirée, de la boisson, de la complicité. En aucun cas la production d'une situation visible. Ce lab.zone est un terrain privé.
(...)
- Le dernier objectif, facultatif mais désirable, sera de proposer un moment d'école, une forme pédagogique ponctuelle, qui pourrait à la fois résumer l'expérience du lab.zone et modéliser une proposition de pédagogie auto-gérée, au sein de l'école ou ailleurs.
En revenant de Genève... (photo © Sonia Marques)
« Enseigner comme un adolescent » / Dreaming the dark, sex, magic and politic
Voici une action qui me correspond assez bien. Ayant gardé contact avec des étudiants, après l’école et étant devenue une professeur toujours étudiant. Les échanges ont été très rapides entre ce que fabriquaient les étudiants du master classe de Lili Dewar et avec elle, préparant leur exposition à l’espace Forde. Nous avions des lectures communes, féministes /=> superbe livre : Femmes, magie et politique de Starhawk, dont ma commande du Canada, introuvable en France me prend 2 mois ! En attendant, vidéo ici, article ici
=> et texte de Dona Haraway, manifesto cyborg, qui a été l'une de mes lectures ces années d'enseignement angevines. Je n'ai toujours pas le livre avec la couverture bleue lagon et le gorille, dont l'anthologie a été co-écrite par Natalie Magnan : Manifeste cyborg et autres essais. Sciences, fictions, féminismes, mais le texte du manifesto cyborg d'Haraway fut accessible en ligne très vite, début des années 2000, date à laquelle je l'avais découvert
/ ou vraiment des réseaux communs de ce que fabriquent des femmes artistes. Mes activités parcourant nombre de médiums et de formes différentes, nous avons décodé ces formes dans mes oeuvres, qui ne se donnent pas d’emblée et dont l’accès n’est pas facilité. Mais la clé principale était là, invitée, j’ai ouvert toutes les portes secrètes une à une devant eux. Camille avait le béguin pour un concert auquel elle avait assisté (Kiwaïda Karaoké) au Musée des Beaux Arts d’Angers. C’est très étrange, car les étudiants venus d’Angers cette année (autre article "Hacking playground" de BMK), pour un atelier de recherche initié à l’ENSA de Limoges, où j’enseigne à présent, faisaient aussi ce rappel, ce souvenir de ce concert en live, où je jouais plusieurs de mes poèmes sur des compositions électroniques.
En allant à au jardin botanique de Genève... (photo © Sonia Marques)
Sourire (photo © Sonia Marques)
Saintes
Au retour du train de l’atlantique, j’écris cet article. Il fait beau, tout est plat, on voit très loin.
Quelque part (photo © Sonia Marques)
Donc Camille voulait absolument que je fasse écouter « Célestine » et « Célestin », les 2 protagonistes de ce concert nommé « Monstrum », une sorte de bestiaire baroque, dont chaque personnage se transformait de l’un à l’autre. C’est un superbe feed-back, 6 ans en arrière, on ne sait pas ce qui marque celles et ceux qui écoutent, mais il est vrai, que Célestine, d’une douceur violente, donnait le rythme des départs et de la liberté, tandis que Célestin, plus enfermé, fantasmait seul devant son écran, de violentes douceurs. Camille aura une spéciale dédicace. Cendrillon, La Fée, Les Incognitos, toutes ces créatures ont été vues et écoutées. Le projet Magic-Ring et la connexion par intermittence de l’hôtel, devenait syncopée.Extrait de Célestine (poème écrit le (05/06/2006, mis en musique pour l'album Monstrum) :
derrière ses lunettes
célestine pliait ce qui l'entourait
désarmant les plus piquants
parlant la langue des charmes
célestine se reconnaissait
dans d’autres
calmement
elle enlevait les épines
des bourdons qui le lui donnaient
contre un instant de douce violence
elle les enlevait célestine
une à une
sans pouvoir cacher ses piqûres
tâchant
de ne pas savoir qui piquait
elle fermait les yeux
respirait doucement
elle ralentissait le temps
pour ces moments
qui la droguaient lentement
se rouler dans l'herbe
elle entraînerait n'importe qui
célestine
Quelque part (photo © Sonia Marques)
les nuits et les jours s'empilaient
dans un mille feuille hypertextuel
il ne pensait plus la faim
boulimique d'électronique
il se cramponnait à son cou
à cran
accro
escroc
il devenait fin et rusé
trop fier pour se laisser aborder
il sabordait l'amour
lutin
mutin
mutant
célestin risquait
sa fortune - son crédit - sa santé
pour des fictions fantasmatiques
il mutait mytho
propice aux fabulations délirantes
il craignait l'aveu de la réalité
auto-mutilé de ses inventions
célestin
l'air de rien
charmait les serpents
Lac de Genève... (photo © Sonia Marques)
Genève et son lac, un jour l’été, un jour de pluie. Magnifique jardin botanique, sous la pluie, des flamands roses et des biches, un paon, de quoi ravir la lusophone, le chat botté. Je n’ai pas vu la tortue à deux têtes conseillée par Camille, il est vrai que Kiwaïda aurait apprécié voir cette espèce étrange. Au MAMCO de Genève, il y avait l'artiste suisse Thomas Huber d’exposé, "Vous êtes ici". Ils m’ont laissé visiter l’exposition qui se désinstallait, car elle était déjà terminée. Ce qui était intéressant, hormis l’exposition elle-même, c’était de rentrer dans l’espace de finissage et d’emballage, comme être privilégié d’un nouveau regard, celui de voir ce qui est interdit de voir.
Oeuvre de Thomas Huber (Photo de Sonia Marques, in situ à son exposition au MAMCO de Genève, mai 2012)
Gros plan de l'oeuvre de Thomas Huber (Photo de Sonia Marques, in situ à son exposition au MAMCO de Genève, mai 2012)
Et comme je rentrais dans un espace où la peinture et les décors sont principalement peints sur les toiles, j’étais dans une mise en abîme. Les toiles emballées, au sol et les peintures encore accrochés où figurent des peintures au sol retournées dans des ateliers ou des installations d’expositions. Une femme lève sa robe et laisse entrevoir son sexe poilu noir, des personnages sont sous un tapis, seuls leurs pieds sortent. Des perspectives et des perspectives, des losanges et des céramiques sous une cage… De quoi donner des idées aux étudiants de l’école dédiée à ce médium où j’enseigne.
Oeuvre de Thomas Huber (Photo de Sonia Marques, in situ à son exposition au MAMCO de Genève, mai 2012)
Gros plan de l'oeuvre de Thomas Huber (Photo de Sonia Marques, in situ à son exposition au MAMCO de Genève, mai 2012)
« Je fais tout le temps de l’ordre ici. Je considère l’ordre du tableau comme indispensable. Vous pouvez sans problème me nommer concierge de l’espace pictural ! Les tableaux doivent être propres et ordonnés. Je balaie deux fois par jour, il n’y a rien de pire que les endroits sales dans un tableau. Je déteste aussi les espaces picturaux étouffants, c’est pourquoi j’aère toujours abondamment. Pour le reste, je me sens bien dans le tableau, j’ai toujours à faire. Quelques fois seulement, je suis un peu seul ici. » (Thomas Huber)
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Maurizio Nannucci, Art, Text, Light, Sign (Photo de Sonia Marques, au MAMCO de Genève) / HEAD : Haute École d'Art et de Design de Genève (photo © Sonia Marques)
Ces 2 photographies n'ont rien à voir entre elles à priori puisque non situées dans le même lieu, mais dans le même temps à Genève, et quasiment dans la même configuration : elles se trouvent au mur, au fond d'un escalier. L'une est une oeuvre de néons située au MAMCO, l'autre est une annonce manifeste située à la HEAD. C'est de l'ART dit la photographe, du néon au feutre... Le professeur cherchera ce qu'est un rat-électrique et l'artiste remarquera que dans le néon, les lettres sont aussi le RAT-ÉLÉCTRIQUE...
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Quelque part (photo © Sonia Marques)
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Mais… Mois de mai, moi des mais si c’est possible, je pars à la mer. Retour de Suisse, de passage au centre de la France, à Limoges, atterrir dans des réunions de grilles à remplir. Un anniversaire plus loin, la mer. Le chat botté arrivé au pays du soleil, les gâteaux émiétés sablés sous les pieds, le sel et la mer sur la peau. Nage. Courage.Plage (photo © Sonia Marques)
Nous sommes bien seul quand personne n’ose aller dans l’eau.Mais… Mois de mai, moi des mais si c’est possible, je plonge. C’est bon, c’est doux, c’est douxdoux, comme dirait Pépino.
C'est douxdoux (photo © Sonia Marques)
Sourire (photo © Sonia Marques)
Quelque part (photo © Sonia Marques)
Le cadre est celui des années cinquante, les couleurs pastels, jaune citron et bleu tropique, rouge vif et des sièges de designers de ces années mytiques et créatives. Un garçon joue de la musique, il a une chemise citron vive et déambule librement dans cet espace clair face à la mer. Il écoute des chansons italiennes et me demande comment ça va. Après avoir contemplé une coccinelle courir sur le sable, un jeune homme qui sort de l’eau et de son canoë comme dans un dessin animé, deux personnes âgés se raconter leur vie et leurs différents mariages, voyages et parler de leurs sentiments à cœur ouvert, je prends des sardines grillées et une bière pression face au miroir scintillant, l’infiniment bleu.Quelque part (photo © Sonia Marques)
La mer me drague, elle va et vient, mais à peine vient-elle m’annoncer un secret, qu’elle me quitte aussitôt rejoindre sa longue histoire, celle que je ne récolte que petit bout par petit bout, dès qu’elle revient vers moi, dès que je vais vers elle. Lasse de tant de courtoisie, frustrée de tant de départures et de séparations abruptes, je fini toujours par plonger en elle et c’est à ce moment qu’enfin, le plaisir est partagé. Elle me rend forte. Je suis pour elle un poisson parmi d’autres qu’elle caresse et draine jusqu’aux souhaits inavoués.
Gâteau d'anniversaire 2012 (photo © Sonia Marques)
Cognac
Au retour du train de l’atlantique, j’écris cet article. Il fait beau, tout est plat, on voit très loin, un gâteau de roses et de litchis, de framboises et chocolat blanc, m’attend, des oiseaux azul, orange, vert et il paraît des fleurs. J’ai quitté la terre un bref moment, mais je prépare déjà mon retour à large vers l’infinie bleue.
Gâteau d'anniversaire 2012 (photo © Sonia Marques)
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