La pêche à l'anneau © Magic Ring

Extrait du texte "La pêche à l'anneau" de Magic Ring (lisible en pdf en lien en bas de l'anneau)

Le projet collectif Magic Ring est ouvert et exposé aujourd'hui, international, bien que mené par des français. Il nous a tenu soudé, cet anneau durant des mois, avec des artistes, étudiants, programmeurs, partenaires institutionnels, commissaire d'exposition. Il est en évolution, projet de recherche en cours dont cette exposition est une étape. Je suis enthousiaste car il résume mes engagements, dans l'art, l'enseignement, Internet, l'histoire, l'individu et le collectif... et l'invisibilité. Plus près de moi... l'insularité.

Naviguer au sein de cette communauté requiert un geste magique : tourner la souris dans le sens des aiguilles d'une montre pour afficher la carte de l'anneau ( ↻ )

Participent à Magic Ring : Amandine Ansart, Emma Babakhanyan, Iain Ball, Paul Bardet, Margaux Berrard, Nicolas Delliac, Elna Frederick, Esfida Galstyan, Françoise Gamma, Céleste Grant, Edward Hambardzumyan, Beno Karapetyan, Kiwaïda, Alexandre Lapostole, Larchtmissthe, Ninon Lemonnier, Liis Lillo, Liza Maignan, Louise Mariotte, Aloÿse Mendoza, Léa Mercier, Louise Moraldy, Mélanie Muratet-Campos, Christelle Nisin, Thibault Poujol, Julie Saclier, Anuk Sargsyan, Arax Sargsyan, Marine Semeria, Laura Rives, Jane Ter-Zakaryan. Le projet collectif est mené par Etienne Cliquet et Sonia Marques dans le cadre d'un projet de recherche en école d'art (Toulouse, Limoges) avec la participation des étudiants de Marianna Hovhannisyan de l'Open-University de Yerevan.


© Magic Ring

Capture d'écran de l'interface de Magic Ring  (l'anneau magique passe dessus le projet artistique de Marine Semeria : La boîte à secrets)

Chacune des oeuvres est singulière et gravite autours des notions abordées dans ce laboratoire de recherche. Les étudiants, la plupart s'initiant aux pratiques artistiques ayant comme support Internet, ont chacun une recherche précise, en amont de ce que l'on voit (ou ne voit pas) à l'écran. Les échanges sur leur évolution et leur cohérence ont été fructueux, accompagnés de workshops et, pour certains, de voyages à l'étranger (Yerevan) La recherche en école d'art est une question nationale largement débattue en ce moment. Ce projet, assez mobile et à l'échelle d'une cellule, de relations humaines, avec peu de moyen, des idées, de l'énergie, une direction artistique, s'est plutôt réalisé avec une certaine liberté et autonomie. Je ne pourrai détailler les projets ici, sur mon blog, car l'expérience artistique est de rentrer dans le ring. Je pourrai remercier les artistes et leur retours, qu'ils soient espagnols, anglais, californiens, français et bien sûr tous connectés quelque part sur Internet et également Fabrice Lapeyrere pour son accompagnement avec les étudiants et leur différents programmes, Bruno Nadeau qui a développé l'anneau magique avec nous, Christophe Bruno pour avoir accueilli le projet dans son commissariat à l'espace virtuel du Jeu de Paume, dans le cadre de 'form@ts' et Étienne Cliquet et son école (Toulouse) pour avoir porté ce projet de recherche et m'avoir invitée à le développer, en partenariat avec l'école de Limoges. L'équipe ne serait pas complète sans les personnalités et questionnements des étudiants et leur réponse, engagée. Aussi à l'une de leurs questions, si nous, artistes professeurs ne réalisions pas une pièce pour l'anneau magique, nous étions alors chercheurs et organisateurs très pris par cette magie, j'ai donc donné une réalisation à l'anneau (voir autre post sur ce blog) un costume ajusté. Les échanges, au-delà de nos rôles parfois repères, les dépassent justement. Si Fabrice est programmeur, il est aussi musicien et chante aussi. Si les champs de ce domaine (l'informatique, les nouveaux médias) concernent souvent l'écran et ses formats, d'anciennes histoires ont été motrices à travers l'anneau, l'écriture, les savoir-faire de la mise en espace, de la séquence filmique, du volume, du son, du dessin, des interactions avec le code, les questions d'accès, de communication, de manifestos, d'être ensemble à un instant T et de réunir nos réflexions, bref, la question de l'exposition en ligne jouxte à 2 clics la marchandise et l'information. L'anneau magique s'y soustrait en proposant une expérience directe avec les oeuvres. Nous n'avons pas fini d'y réfléchir.

Et comme échangé avec Christophe Bruno sur notre position d'invisibilité et des changements de l'usage de la navigation et de la communication, je lui disais ceci :

"Le message c'est l'accès"

Il est certain que le consensus sur la communication, travaillant avec un Musée, une institution et des écoles, a été trouvé. De mon expérience artistique radicale avec l'île de Seuqramainos, ce consensus ne se posait pas, l'adresse n'était divulguée que de bouche à oreille seulement si la personne me posait des questions sur ce que je faisais, ce qui, même dans un cercle d'amis, familiale, ou plus loin d'acteurs de l'art, est chose plutôt rare lorsque l'on est une femme artiste. Jouir d'un vrai atelier secret sur Internet tout en étant connecté, dont l'espace était incommensurable, c'était joué avec les codes stéréotypés de la communications et de la médiation, qui favorisent, le plus souvent, les artistes masculins, afin, dans le cas de Seuqramainos, de bénéficier d'une plus grande autonomie.

En lisant cet article de Jennifer Chan : Why Are There No Great Women Net Artists ? (Vague Histories of Female Contribution According to Video and Internet Art) publié sur Pool (platform dedicated to expanding and improving the discourse between online and offline realities and their cultural, societal and political impact on each other) qui comme d'autres articles sur ce sujet, fait état de statistiques sur le rapport 'homme/femme' artistes exposés, je me dis toujours, même si ce sont le plus souvent des féministes qui s'en préoccupent, que les analyses empruntent le même protocole de diffusion stéréotypé et que le focus est donc, souvent discriminatoire, trop parcimonieux, amnésique ou 'peu profond'. Car, sur ces questions là, le 'deep Web' est une mine qui permet une certaine forme de liberté artistique, et donc, émancipatrice, non explorée des curseurs et moteurs de recherche, des journalistes et critiques d'art, des médiateurs, qui se contentent de la surface, de ce qui est déjà coopté. Du coup, je me suis mise à compter, sur l'anneau magique, le nombre de femmes participantes et il dépasse largement celui des hommes, d'autant plus que parmi les hommes, ont peut compter un pseudo de femme, pirouette d'un artiste qui communique sur un nom de femme.