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António Lobo Antunes, écrivain portugais, confiait à Maria Luisa Blanco, dans leur livre "conversations avec António Lobo Antunes" (2004), que la poésie espagnole avait eu une grande inspiration dans sa vie, qu'elle avait quelque chose de solaire et ressemblait beaucoup à la portugaise, à son climat, le même soleil, la même façon de dire les choses. Il a compris qu'il ne pouvait pas faire mieux que ces poètes et s'est mis à écrire de la prose, lire ces poètes l'encourageait à travailler, le protégeant de la vanité. J'ai traversé une culture métissée de voyages, racontés ou vécus. Mes parents d'origine portugaises et espagnoles, des membres voyageurs, entre la France, la Suisse, l'Allemagne, Brésil, de ma grand-mère espagnole à Cuba, jusqu'à mes parents devenus français et nos voyages imaginaires en lusitanie, en passant par le Cap Vert, l'Angola, Guinée-Bissau, Macau. Ce qui m'a entrainé à reprendre, un temps, des études universitaires à la Sorbonne, études lusophones. Lorsque je rencontre des personnes qui n'ont pas de culture des voyages, je vois alors le repli, la peur de l'étranger, de montrer même sa curiosité, de révéler son amour pour l'étranger, ou le révéler à d'autres, on reste entre-soi. Je vis en France, et j'ai eu cette chance que les voyages et les voix, les langues différentes parcourent mon coeur. Je le dois à ma famille et à mon aventure à travers les mots et la rencontre avec des amis bien différents. Il m'a fallu parfois les emmener au-delà des frontières, avec confiance ils m'ont suivi. Dans des circonstances bien sombres, je les supplie de m'emmener voyager ;.) Échange de bons procédés, la tonalité, les couleurs, se baigner dans l'urbain de l'autre, dans la mer inconnue. Des milliers de poèmes depuis parcourent mes oreillers blancs, ces pages électriques de mots, de fièvres, que j'ai récitées, en chantant, au creux d'une oreille captivée, ou en public avec des sons ténèbres et pétillants.

 

marcheur au bâton de rêve

 j'adore le silence
les hommes te l'arrachent et te le rongent
comme l'os
comme l'ongle

je vis au pays des affamés
dans un désert de plumes
ils arrivent sur leurs chars bricolés
même la nuit
ils rodent

 les médiocres dévalisent ton temps
heure d'hiver
ils cambriolent tes menus espaces
heure d'été

une île sans accès les terrifie
ils sonnent à toutes les portes
clip clop

vivre pieds nus
sans capteurs aux chaussettes
dans un désert de plumes
les ongles si longs
les cheveux si doux

 déposer du sable sur ton lit
attendre la mer te recouvrir
fait de beaux rêves

Sonia Marques (02/11/2010/ extrait des poèmes)




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Nous travaillons les anneaux avec plusieurs. Invisible,secret, union...réversibilité, cycle... Et ici je vais prendre l'avion et parler un peu une langue qui a traversé mon enfance. De ce désir de réunir des langues différentes, des cultures que j'ai côtoyées, métissées devant mes yeux et mes oreilles, dans l'enfance, de mer je suis, de la terre je quitte. À celles et ceux qui sont dans la confidence, je serai ce poisson qui repêche l'anneau jeté.

Poema XIX

Niña morena y ágil, el sol que hace las frutas,
el que cuaja los trigos, el que tuerce las algas,
hizo tu cuerpo alegre, tus luminosos ojos
y tu boca que tiene la sonrisa del agua.

Un sol negro y ansioso se te arrolla en las hebras
de la negra melena, cuando estiras los brazos.
Tú juegas con el sol como con un estero
y él te deja en los ojos dos oscuros remansos.

Niña morena y ágil, nada hacia ti me acerca.
Todo de ti me aleja, como del mediodía.
Eres la delirante juventud de la abeja,
la embriaguez de la ola, la fuerza de la espiga.

Mi corazón sombrío te busca, sin embargo,
y amo tu cuerpo alegre, tu voz suelta y delgada.
Mariposa morena dulce y definitiva
como el trigal y el sol, la amapola y el agua.

Pablo Neruda (Santiago de Chile) © 1924 Pablo Neruda

J'ai lu cet été "La solitude lumineuse" de Pablo Neruda, qui en 1928, part à Colombo, Ceylan, Singapour, Batavia, accompagné de Kiria, sa fidèle mangouste, poète chilien découvrant aussi le sourire paisible des Bouddhas. Chacun sa mangouste dans une solitude lumineuse.






planer

rentrer dans les nuages
comme une porte de sortie
sans aucune drogue
au passage des oiseaux
je t’oublie la terre
et vous aussi

rentrer dans les nuages
comme dans un hôtel
paradis bleu de coton blanc
ils ferment tous les yeux
je veux te voir
encore

rentrer dans les nuages
de peur de mal finir
la gorge sèche
aucun regret en soute
ils planent et je pleure
de joie sans toi
loin

tel un âne je plane
sans toi sans loi

Sonia Marques (15/04/2008/ extrait des poèmes)