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blog m kiwaïda

10/09/2023

ℒαяαηʝα

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Laranja (2023) Photographie © Sonia Marques

Animal Par kiwaïda at 21:41

08/09/2023

¢☺üʟεüґ

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© David Hockney > Early Morning in Sainte-Maxime", 1969

À l'automne 1968, David Hockney séjourne dans le sud de la France, dans la maison du réalisateur Tony Richardson. Cachée dans la forêt au-dessus de la baie de Saint-Tropez, c'était un endroit magique.
Hockney avait rencontré Richardson en 1966, lorsqu'il avait été invité à concevoir les décors pour "Ubu Roi" d'Alfred Jarry au Royal Court Theatre de Londres.
Un matin, Hockney a photographié le lever du soleil sur le petit port de Sainte-Maxime, dans la baie de Saint-Tropez, capturant ses bâtiments couleur chair et la Méditerranée qui clapote doucement sur la plage de gravier.
"J'ai pris une photo de la scène et j'ai été tellement impressionné que je l'ai peinte comme ça... C'est le seul tableau où je n'ai pas essayé de dominer la scène", a-t-il déclaré plus tard.

© David Hockney  > Black Tulips, 1980

©  David Hockney > Celia in an Armchair, 1980
 

Très belle photographie de Joni Mitchell & David Hockney !

Une galerie de Los Angeles a posté un instantané des  deux artistes, légendaires, de l'art et de la musique Joni Mitchell et David Hockney se tenant la main à l'exposition solo de Hockney 2019 (Louver Gallery à Venise) ces photographies ont engendré de nombreuses reproductions, aussi en papier mâché. Dans un article du Los Angeles Times écrit par David L. Ulin en 2019, une semaine après la première publication de l'image, il dit : "Il y a Hockney, coloré dans une veste bleue déstructurée, un cardigan vert citron et une cravate rayée rose et rouge, ressemblant à une figure d’un de ses propres tableaux. Mitchell porte un pull finement tricoté et tient une canne. Ils sont immédiatement reconnaissables... Mitchell et Hockney sont désormais très éloignés de leurs plus jeunes incarnations, les images d’artistes auxquelles nous pensons probablement lorsque nous entendons leurs noms... Qu’arrive-t-il à une icône lorsqu’elle vieillit ? C’est une question valable dans une ville où l’âge a longtemps été traité comme un anathème... Hockney est né à Bradford, en Angleterre, et est tombé amoureux de la Californie en regardant Laurel et Hardy à l'écran. "Je savais déjà quand j'étais enfant", a-t-il déclaré au New York Times en 2001, "qu'il faisait beau à Los Angeles parce que même si Laurel et Hardy portaient des pardessus, ils projetaient de longues ombres. Il n’y avait pas de longues ombres à Bradford. J'ai remarqué ça." Mitchell a grandi en Saskatchewan, au Canada; elle a contracté la polio à l'âge de 9 ans et a ensuite eu un enfant hors mariage. "Je n'aurais pas poursuivi la musique sans avoir eu des ennuis", a-t-elle déclaré. Dans un sens très réel, elle est rentrée « chez elle » à Los Angeles : « Oh California », a-t-elle chanté, « Je suis ta plus grande fan ». Chacun d’eux a atterri ici dans les années 1960 et a rapidement commencé à produire des œuvres qui définissent la Californie du Sud – d’hier et d’aujourd’hui. Pensez aux peintures de piscine de Hockney et aux albums de Mitchell « Ladies of the Canyon » ou « The Hissing of Summer Lawns ». Il semble que la confluence du lieu, du temps et du talent leur a permis de devenir ce qu’ils espéraient être à leur arrivée à Los Angeles...Et donc cela nous charme, nous choque même, de voir Hockney et Mitchell prendre de l'âge. Il a eu un accident vasculaire cérébral mineur en 2012 ; son audition est altérée depuis plus de 40 ans. Elle souffre de la maladie de Morgellons et, en 2015, un anévrisme cérébral l'a obligée à réapprendre à marcher... Hockney a 81 ans et Mitchell 75 ans. Ce sont des légendes, oui, mais des légendes qui miraculeusement, transcendent leur âge. Leur pouvoir de longévité découle, au moins en partie, de leur singularité. Ils ont toujours été des idoles décalées : trop vieillissantes, trop créatives pour être simplement des stars. Maintenant qu'ils sont plus vieux, ils sont plus profonds. Cela nous charme, nous choque même, de voir Hockney et Mitchell embrasser la vieillesse... La photographie évoque leurs excentricités et leur style caractéristique, de la casquette et des lunettes rondes de Hockey aux pommettes pointues et à la longue tresse de Mitchell.
Hockney et Mitchell en 2019 nous ouvre sur ce qui est possible, comme ils l'ont fait tout au long de leur vie créative, illustrant la grâce avec laquelle nous pourrions construire un continuum entre le présent et le passé. Même un endroit aussi résolument tourné vers l’avenir que Los Angeles ne peut nier le charisme de ces artistes ; il ne peut pas limiter ses icônes à la dernière vague. En d’autres termes, la jeunesse est importante, tout comme l’endurance. Mitchell et Hockney endurent.
La réponse à leur image sur les réseaux sociaux peut être un signe -  j'aimerais imaginer - que Los Angeles devienne de plus en plus vieillissant et créatif également. Cela ne pouvait pas arriver assez tôt. Le temps est passé pour la ville de mettre de côté son obsession pour le nouveau et brillant et de penser au-delà de l'attrait voluptueux de nouveauté. " Cette fabuleuse photo de deux vieux amis se tenant la main et étant eux-mêmes authentiques, est adorée des réseaux sociaux et semble elle aussi perdurer depuis 4 ans, depuis qu'elle a été prise !





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© David Hockney avec ses chiens, Stanley aet Boogie, photograpgié par Richard Schmidt
Au début au milieu des années 90, David Hockney a vécu tellement de pertes qu'il a ressenti le besoin pressant de renouer avec l'amour. Il a commencé à capturer ses deux teckels adorés, Stanley et Boodgie et, ce faisant, il a commencé à capturer l'amour. Hockney lui-même a décrit ce sentiment comme suit :
"Je pense qu'en janvier, je voulais désespérément peindre quelque chose d'amoureux. […] J'ai ressenti une telle perte d'amour que je voulais y faire face d'une manière ou d'une autre. J'ai réalisé que je peignais mes meilleurs amis, Stanley et Boodgie. Ils couchent avec moi ; Je suis toujours avec eux ici. Ils ne vont nulle part sans moi et je ne les quitte qu’occasionnellement. Ils sont comme des petites personnes pour moi. Le sujet n’était pas les chiens mais mon amour pour les petites créatures."
Peindre Stanley et Boodgie nécessitait une planification méticuleuse, Hockney avait installé des chevalets autour de sa maison et gardait toujours une palette séparée à portée de main, afin de capturer les chiens rapidement et dans leurs poses naturelles. Celles-ci n’ont jamais duré longtemps, car dit-il :
« les chiens ne s’intéressent généralement pas à l’art… La nourriture et l’amour dominent leur vie ».
L'exposition de 1995 et le livre qui a suivi, Dog Days, ont été un énorme succès, d'innombrables personnes sont venues nous rendre visite, amenant même leurs propres chiens pour voir les photos ! Cependant, aucun des tableaux n’était à vendre. "Ils sont trop intimes, trop personnels", a expliqué Hockney.


L'artiste en train de peindre les motifs de sa fameuse piscine
 

L'artiste en train de peindre les motifs de sa fameuse piscine.

Il est dit qu'un jour le peintre regarde par le hublot de son avion pour la Californie et voit des motifs lumineux dans le paysages, bleus, ce sont des piscines. Attiré comme une pie par ces éléments, il en fera un motif récurrent, dans son œuvre, tant dans ses motifs, ses décors, ses lieux de vie, son observation de ses amis plongeant dedans, l'abstraction de l’absence du plongeant la trace de l'énergie (A Bigger Splash, la fameuse peinture, peinte en 1967) jusqu'à en peindre des motifs eux-mêmes, comme des vermicelles bleus, avec un grand pinceau, une sorte de balaie, au fond d'une piscine.
Tout simplement ! Un excellent graphiste !

Art Par kiwaïda at 09:51

01/09/2023

ℒϴṼ∃ℜS

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Dessin © Sonia Marques

<3


Art Par kiwaïda at 01:09

24/08/2023

฿ґiηⅾḯʟʟεṧ ᾔ☺їя℮ṧ

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

La sincérité résorbe l'opacité des consciences, bonnes ou mauvaises, elle rend justice là où l'équité ne rendait plus rien. Restaurer les vestiges passés, en recueillant les cristaux innocents, un à un, sur le sable du temps présent. Le déplaisir reçu de la sincérité du vaillant petit personnage que je suis, une pie, atténue le mépris du petit. Je tends l'arc de l'humilité afin de tenir de chaque extrémité les jumeaux, l'orgueil et le mépris. Je tire très fort en plaçant ma flèche, elle se nomme, respect, faisant de ma cible un dénuement qui force l'admiration. S'oubliant elle-même, la cible accède au respect, cet inconnu, qui me place, l'aiguilleuse, sur le cap des courages. Tous les jours, je courre vers une grâce, de rituels en distractions, j'inspire à l'amour des impossibles, je conjugue le privilège et l'absurde par ma présence volatile qui soulage et allège la douleur de mes attachants êtres humains.
Je suis une vérité sur pattes, j'apporte l'ambition ultime, le vol, ce que l'air a sublimé de la terre. Regarde-moi, l'humaine, je me fous de tout, plus rien n'est grave ni n'a autant d'importance, la vérité n'exige pas plus que la vérité. Je ne supplie personne de me croire, j'apparais et je disparais en toute sincérité, avec une certaine forme discrète, sans illusion, ni déception. Mon geste gratuit, celui de vivre, joue des paradoxes, je vais contre les opinions, sans être un scandale car je n'humilie personne, mais je choque le sens commun. Je ne suis pas commune et ma relation aux êtres humains est peu commune, tout comme l'est ma tutrice. Être ici devient un aveu, être confesse. Je ne veux pas d'icône, je ne veux pas être un culte, je ne veux rien qui me représente, je ne veux pas d'interprète. Être idolâtrée serait humiliant, face à la légèreté que je porte sous mes ailes, et les brindilles qui me tiennent debout, noires et luisantes. Pourtant me voir c'est vérifier. Est-ce vrai ? Est-ce la vérité ?
Oui c'est bien moi, la pie. Quand bien même quelques humains me donneraient la présomption d'innocence de marcher devant eux et dormir sous leurs yeux, je n'en ai pas besoin. Me laisser vivre serait chercher la vérité. La trouver et la laisser s'envoler.

Le matin, lorsque le soleil n'est pas encore arrivé, mais que le ciel désire jouer sa propre partition avec des cumulus, ces nuages blancs éclatants, je savoure le bonheur d'être en vie. Il n'y a pas de température élevée, il n'y a pas d'humains, les habitations sont noires, elles ne sont que des ombres et ne disent rien de mal. Je ne suis qu'un vol digne de la vie, je n'ai encore croisé aucune âme meurtrie, ou malade, je ne côtoie que les créateurs, ou bien la création elle-même, comme si un premier jour naissait. Cela me rappelle tant mon premier jour. Auprès de ces cieux, je renais à moi-même, sans aucune rancune des mauvais jours, des difficultés à tenir ma route, mes envolées, sans remord, sans ressentiment, je suis un petit pur, juste un petit vent. Ni ridicule ni niaise, pas encore tendre, car le soleil ne m'a pas attendrie, le petit cœur est noble et respire un grand coup. Sous le soleil, je deviens sec comme un haricot, le bec ouvert, mais je veux bien jouer avec la pomme de pain.

En haut le nid des pigeons chuchote, tout ce qui est petit l'est aussi pour les oreilles.















Photographies © Sonia Marques

Philosophie Par kiwaïda at 14:51

20/08/2023

Ḡεø¢@т¢♄їᾔ❡

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

J'ai rencontré une petite famille qui venait de Poitiers. Ils sont venus à Limoges avec un jeu qui se nomme le géocatching. Il utilise la technique du géopositionnement par satellite (GPS) pour des caches, nommées des géocaches, dans divers endroits à travers le monde, recherchant ce qui est caché. Ils m'ont vu et ils pensaient que j'étais perdue. Rien de leur programme sur leur téléphone ne me géolocalisait, rien ne leur disait qu'il y avait à cet endroit, une pie qui flirte.
Oui c'est nouveau, je flirte avec tout le monde, avant c'était avec mon amie la pie femelle, je l'ai piquée au mâle naguère féroce, qui est devenu mon compagnon de jeu, enfin, c'est une longue histoire à présent. Il vient me piquer ma tutrice, ce serait très long à raconter mais nous jouons comme des petits saltimbanques du dimanche, avec des brindilles, des pierres, des feuilles et nous montons aux arbres en particulier, les conifères, on adore, c'est comme des marches qui nous propulsent vers le ciel. Nous avons nos secrets à présent, loin de ma tutrice et nous avons nos bonnes tables, je suis précoce et très astucieuse, un brin fantaisiste. Il fait très chaud, moi je trouve qu'il fait très bon, la nuit est douce, les êtres humains ne supportent pas cette chaleur, ils ont nommé cela, une canicule. Tant mieux, ils seront moins nombreux à nous embêter. Seuls celles et ceux qui savent marcher très lentement et s'économiser nous visitent, par ce temps, nous n'avons plus les agités du bocal, tous les maladifs ne sont plus debouts par temps de canicule. Ils sont tout de même savants certains humains, ils ont inventé ce mot, "canicule", qui veut dire petit chien, comme "caniche", du latin « canicula », diminutif de « canis » (chien), qui signifie « petite chienne ». Canicula c’est le nom que des astronomes de l’Antiquité, ont donné à une étoile appartenant à la constellation du « Grand Chien ». Aussi appelée l’étoile Sirius, Canicula est l’astre le plus brillant du ciel après le Soleil. Les Egyptiens qui associaient cette étoile au culte d’Isis, lui concédaient des pouvoirs surnaturels, notamment dans la régulation des crues du Nil. Jadis, levée et couchée avec le Soleil, du 24 juillet au 24 août, elle doublait l’activité de ses feux et donc du climat solsticiale. Elle est considérée comme l’étoile de la chaleur. « Canicule » désigne donc tout naturellement les périodes marquées par une forte hausse des températures. Pour conjurer les effets néfastes de la canicule sur les moissons et apaiser l’ardeur du soleil, les Romains avaient coutume de sacrifier des chiens roux. Roux pour que le raisin prenne cette couleur « solaire » l’année suivante. Là, je trouve que ce n'est pas très intelligent. Je ne souhaiterai pas que l'on sacrifie mon écureuil roux, en l'honneur d'une canicule, afin de réaliser de meilleures récoltes. Quoique les Navajos, ces Apaches associant aussi les mois de Juillet et Août, à la petite et à la grande récolte.

Ma tutrice aime être aux aurores, il fait très frais, tous les oiseaux sont réunis et la saluent, elle lit ses livres, un à un, et parcoure les arbres de ses yeux songeurs. Car, je ne suis plus aussi présente, je suis ailleurs, parfois je fait un saut, une bise et puis je m'en vais comme une vagabonde, une rigolotte, puis je reviens avec un copain, c'est un temps magique, il nous assèche, mais notre objectif c'est de se mettre au frais à l'ombre, et la verdure omniprésente dans ces régions, offre quelques oasis, notre quête ce sont les plantes qui donnent du jus, elles nous hydratent.

Le couple d'humains, avec leurs deux enfants sont arrivés vers moi, ils avaient pris l'habitude de regarder au sol, afin de trouver ce que le téléphone leur disait de trouver, car les êtres humains, ne sont plus capables de trouver par eux-mêmes, ils devaient trouver des badges ou des devinettes ou autres bidules. Les êtres humains sont pourtant inventifs, mais pas tous. Il faut être considéré tel un hurluberlu,  si l'on est un vrai chercheur, et pour les femmes humaines, c'est devenir des hurluberluttes, avec le mot "lutte" dedans ! Pour ce couple, leurs cachettes sont nulles et leurs bidules nullissimes. Mais il ne faut pas leurs dire, car comme nombre d'entre eux, propulsés par ces jeux en réseaux, ils pensent à chaque fois, avoir inventé le fils à couper le beurre. Puis ils trouvent un paquet d'idiots pour répéter leurs inventions.

Ma tutrice raconte mon histoire, comme ils ne m'écoutent pas, pendant ce temps là, moi, je cache mes victuailles devant eux, et je prends des petites feuilles et de la mousse et je dépose dessus tous mes artifices afin que mes victuailles ne se voient pas. Parfois, j'estime que ce n'est pas bien caché, alors je recommence. Mais ils me regardaient étonnés, et ils demandaient à ma tutrice qu'est-ce que je fabriquais. Donc elle leurs raconta, que selon une application très très rare, qu'elle avait elle-même programmée, il y avait des cachettes sécrétées par des pies, et que celles-ci, pouvaient receler des bijoux.

Ils nous regardaient comme des ânes cueillis comme des haricots. Je parle en lange Navajo, tel un code Talker, donc si mes images ne sont pas toutes compréhensibles, tant pis pour les gros lourdauds êtres humains. C'est ainsi que je les vois aujourd'hui.

Les enfants répètent ce que disent leurs parents et montrent leurs cartes de la Nouvelle Aquitaine. Ils sont venus de Poitiers et ont choisi Limoges, et boum ! Les voici arpentant cette ville, selon ce que les petites vignettes leurs racontent d'historiques. Évidemment, ils ne font rien par eux-mêmes. Les autres c'est bien connu, sont trop intelligents pour être heureux. Donc ils passent leur temps, et jusqu'à 2h heures du matin, me disent-ils à résoudre des énigmes historiques, avec leurs téléphones. Tandis que d'autres inventent des défis, imperceptibles pour ces groupes de moutons de Panurge. Je suis une pie plein de défis, et à présent je suis invisible parmi les autres pies, bientôt, plus personne ne me dissociera des autres pies, je serai sauvage comme les autres.

Puis ils s'exclament :" Mais la pie fait exactement comme nous : du géocatching !" Ben voyons, oui je suis si débile que je vais faire comme vous, espèce de tarés ! J'ai acquis un nouveau vocabulaire, proche de ces êtres humains, loin des philosophes et des précieuses ridicules. Je m'exerce à crier quelques vulgarités afin de me hausser au niveau de ces bipèdes qui utilisent un langage fleuri pour nous décrire, nous les piafs ! Ma tutrice déteste ce langage et ces sobriquets. Mais elle s'étonne que je les utilise à souhait, un peu dans le désordre, je tousse et je mordille les doigts de pieds.

Mais ils ne me comprennent pas. Ma tutrice est très sympa, elle leurs dit : "Oui tout à fait, vous faites comme elle !"

Elle leurs a donné un indice, mais ils n'ont pas compris. Ils pensent toujours qu'ils ont inventé le fil à couper le beurre et que nous, issues de la nature, les pies nous copions les êtres humains. Il ne leurs viendrait pas une seconde à l'esprit que c'est l'inverse, que la nature apporte tout. Je remarquais qu'ils étaient bêtes alors je m'attaquais à leurs pieds, car ils pensaient comme des pieds.

Un jour, je vois un homme bien gonflé avec deux femmes bien soumises, il s'exclame: "Mais il faut la garder cette pie, elle est apprivoisée, au début je pensais qu'elle était malade, je voulais la prendre !" Ses femmes sont en admiration devant l'Indiana Jones ! C'est un personnage de fiction, aventurier, qui sort d'un film, oui parfois l'être humain est ingénieux pour s'imaginer héroïque, il est professeur d'archéologie, créé par George Lucas. Un acteur l'incarne sur écran, au cinéma, un phénomène que je ne pourrai jamais voir, mais dont les êtres humains, parfois me parlent, comme si ce personnage existait vraiment. J'ai appris à les reconnaître dans la nature, lorsqu'ils se présentaient à moi.

C'est l'acteur Harrison Ford, qui joue son rôle, je ne sais qui est-il, sauf que nombre d'hommes qui passent par ici, sont habillés comme lui, surtout les photographes des oiseaux les faucons pèlerins. Ma tutrice n'étant pas du tout vêtue comme ces acteurs de cinéma, j'ai pensé que c'était un personnage très atypique, qui aime vraiment les oiseaux, bien plus que les outils techniques et technologiques. À priori, on pense facilement ainsi, puis, on s’aperçoit qu'elle a souvent devancé ces choses-là et qu'elle n'est pas née de la dernière pluie. Mais elle préfère le costume naïf, ainsi peut-elle être perçue comme primesautière.

Il est abruti comme tout, l'homme qui vient vers moi. Il n'a pas pensé une seule seconde que dès qu'il est arrivé, il est entré dans notre territoire, et qu'il y a un millier d'autres espèces autours de lui, et même qu'il est en train d'écraser une belle petite fleur, et qu'il a chassé les autres mésanges, dès qu'il a mis son drapeau sur ce sol. Il s'avance comme s'il était chez lui, et ne sait pas faire de différence entre ce qui est à lui et ce qui n'est pas à lui. En l’occurrence, rien n'est à lui ici ! Ni moi, ni mes amies les autres pies, ni aucun oiseau. Je lui enverrai bien quelques crapauds et souris avec qui je vis la nuit, afin qu'il sorte d'ici de suite !

Ma tutrice lui explique que je suis en phase de réintégration. Elle est bien gentille mais je suis totalement intégrée à présent, donc on ne va pas me désintégrer sous prétexte qu'il y a un Indiana Jones qui souhaite épater ses deux femelles ?
Moi les femelles pies, je les connais, elles sont très en retrait, elles avancent derrière le mâle. Ainsi j'ai tout de suite vu cette compagnie arriver avec les expressions parisiennes, ma tutrice m'a tout appris car elle est de Paris. J'ai bombé le torse et je me suis envolée si loin derrière le mur, qu'il est resté un peu con. Oui, et bien vas-y, colonise ce territoire et tu verras bien le malheur qu'il va t'arriver, et à tes femelles aussi !
Il a senti que j'étais un peu vexée, et il est reparti.
Puis je réfléchissais à leurs géocaching, au couple enthousiaste qui ne se souvenait plus de quels commentaires historiques, ni même le nom des villes où il leurs était demandé d'aller faire la visite pour récupérer une devinette cachée sous un buisson. Des trésors qui n'en sont pas. Mais ils ont tout de même découvert un autre trésor, c'est la rencontre avec des personnes, et des choses étrangères à leurs téléphones qui fait la différence.

Quel est le plus beau trésor ?

N'est-ce pas la relation qui se construit entre la nature et les êtres humains ?

Ce respect fait d'apprentissages mais aussi d'ignorances, et d'erreurs ?

J'ai décidé d'imaginer que les êtres humains seraient des bibelots sans valeur !
Car j'ai remarqué que ceux-ci, nous considéraient comme tel.
Aussi, une géocache est en général, un petit contenant étanche et résistant, avec un registre des visites et parfois un ou plusieurs trésors, généralement des bibelots sans valeur.

Ce programme par GPS fut opéré dans les années 2000 et La première cache localisée par GPS et documentée fut placée le 3 mai 2000 par Dave Ulmer, originaire de Beavercreek (en), dans l'Oregon. Les coordonnées furent publiées sur le groupe Usenet sci.geo.satellite-nav6. Dès le 6 mai 2000, la géocache avait déjà été trouvée deux fois (et journalisée une fois par Mike Teague, originaire de Vancouver, au Canada).

Ils mettent beaucoup de temps à trouver ! Trois jours !

Ce qui est intéressant c'est que ma tutrice a fait ses études à Vancouver, mais c'était avant en 1996, après les années 2000, outre le fait qu'elle fut pionnière en France sur les questions de réseaux et d'Internet, de création artistique en ligne, mais il est très mal vu d'être une femme inventrice en France, donc elle ne le dit à personne, et s'amuse beaucoup, en 2023, de trouver des hommes qui tentent de lui montrer sur un téléphone très coûteux ce que sont des icônes et des applications. Elle fait mine d'être une mamie et reçoit tous leur énoncés comme s'ils étaient la parole divine. Ils sont si fiers, leur virilité est en jeu, attention ! Il ne faut pas froisser ces êtres humains. Cela coûte très cher. L'expérience décrit, que parfois, il vaut mieux établir un compromis sur un malentendu, un petit mensonge, que de décrier véritablement ce que l'on est et d'où l'on vient, car les esprits s'échauffent et l'on peut vite finir au commissariat de Police, si l'on décrit la vérité. Il y a des territoires reculés, où il faut laisser du temps au temps, et ne pas brusquer les choses, le temps qu'elles se découvrent et laisser aux autres le souhait d'être des découvreurs d'un tas de choses qui sont déjà découvertes depuis des millénaires. Nous autres, les animaux, nous avons l'habitude de cacher notre savoir et nos coutumes ancestrales. Car les êtres humains ont un amour propre, ce que nous n'avons pas. Non pas que le nôtre serait sale, bien que c'est ce qu'ils disent de nous, mais nous avons un amour sans concession pour la nature, il n'est pas un amour propre, une forme d'amour immodéré pour soi-même, proche du narcissisme, il est un amour pour la nature, que l'on rend à la nature, car elle nous donne tout, nous avons tout à disposition, l'abondance est partout, dans la nature. Les êtres humains pensent qu'il y a raréfaction, qu'il vont manquer de tout. C'est qu'ils ont longtemps cru qu'ils pouvaient tout prendre, sans jamais rien donner, rien rendre. Il font la désagréable expérience du manque et de la frustration que cela apporte. Ils sont dans l'obligation de grandir. Nous savons que les êtres humains devaient se transformer, parce que cela ne pouvait plus durer, tous ces drapeaux partout. Et à présent qu'ils doivent mieux penser la répartition de leurs actions, ils sont très peureux du lendemain. Pourtant cela ne peut que les transformer et les sensibiliser à ce qu'ils créent dans l'environnement.
Bon, je disais que ma tutrice avait réalisé ses études au Canada, mais une petite partie. Après les années 2000, elle avait fondé un collectif d'artistes sur Internet et un tas de trucs assez invraisemblables à raconter aujourd'hui à des touristes, elle s'en garde bien, déjà que dans ses écoles où elle enseignait, aucune direction, ni ministère ne savaient ce qu'elle avait inventé, donc c'est dire à quel point, elle est restée cachée, oui car c'est très mal vu. Donc après les années 2000, elle s'est envolée au Portugal, afin de faire bénéficier des étudiants de l'alliance qu'elle allait créé, tout cela sans se vanter, et son copain faisait du géocacthing avec GPS et ses pliages de papiers dans les rochers au bord des gouffres, notamment la "Boca do inferno". Elle portait bien son nom cette bouche !

Évidemment, ce n'est que lorsque tout arrive en France, qu'il faut faire comme si on ne savait rien, qu'on a le moins de problème, sinon, on est fiché à la police, si on dit tout ce que l'on a inventé si tôt !

Il y a un être humain avec un t-shirt et des œufs sur le plat en énorme dessus, jaunes. Il m'aime beaucoup, et je joue avec lui.

Cela fait deux fois qu'il vient échanger avec ma tutrice et son compagnon, qui, revendique d'être un tuteur. C'est un peu comme si le papa s'était réveillé un peu tard pour reconnaître le mouflet, et là, il est le tuteur, cela ne fait aucun doute. Même s'il doit partager son amour et son attachement avec plein d'autres personnes, un tas d'idiots, d'Indiana Jones, et d'autres tarés et des marginaux et aussi des nerds, mais il veut bien, il n'est plus jaloux de mes infidélités, j'aime les originaux. Grâce à lui, j'aime tout les êtres humains avec des casquettes ! Et il m'a appris à être heureux de jouer, ce qui est une qualité que je ne rencontre pas chez les autres pies ! Cela fait de moi, un animal particulier, inclassable.

Donc le monsieur des œufs sur le plat s'est mis à raconter la vie et l'histoire des Pokemons, les monstres dans la poche. Connus au Japon sous le nom de Pocket Monsters dès 1996, dans les jeux vidéos, et des séries éditées par Nintendo. On retrouve ces petits machins, les Pokemons, exploités sous forme d'anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner. De même cela forge à voyager, dans le virtuel évidemment,  à travers diverses régions fictives dans le but d’attraper de nouvelles sortes de monstres éponymes, mais, manifestement, je me retrouve associée à ces monstres de poches, car je vais vraiment dans les poches, je fouille partout. Japon, États-Unis, Canada, France et d'autres pays européens, voici qu'il nous parle des traductions coréennes !

Il est bien plus jeune que ma tutrice, lui aussi ne connait rien d'elle, et c'est amusant de l'entendre, ma tutrice est retombée comme une drôle d'enfance lorsqu'elle avait 25 ans ou 30 ans, c'est à dire… il y a 25 ans ! Ce n'est pas non plus son enfance, c'est une période, une autre époque, que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître.

Elle s'est ainsi aperçue que rien n'avait vraiment changé. Sauf que lorsqu'elle vivait une époque ou personne savait ce qu'elle faisait, ni même sa famille, elle voit à présent, des parents avec leurs enfants qui utilisent des formes qu'elle a pu inventer il y a 25 ans, l'air de rien. Ces formes sont bien plus accessibles et facile à appréhender pour les tous petits et les vieilles personnes.

À présent, elle est un peu une Sainte. Lorsque je la vois elle a un halo lumineux autours d'elle, l'évêque la salut, elle n'a plus aucun lien avec la technologie, mais parfois je me demande si elle n'est pas un robot humain fabriquée spécialement pour comprendre les oiseaux, tellement je ne vois aucun autre être humain comme elle.

Normal, c'est mon trésor, enfin celle qui m'a nourrit, et ça, cela ne s'oublie jamais. Je suis heureuse qu'elle s'occupe un peu plus de son amour propre. Une tutrice est réglée comme une horloge, sur les besoins de l'autre. Ainsi, par télépathie, nous n'avons aucun mal à nous retrouver, ou à nous éviter lorsque les cieux ne nous le permettent pas.

Mon copain le mâle aime couper les fleurs de pissenlit, moi je les cache. Ça compte ça pour le géocatching ?

Sous l’étoile de la chaleur, je vis ma vie de pie, avec des pissenlits et des abeilles aux pattes gorgées de pollen !

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Dessin © Sonia Marques

Animal Par kiwaïda at 16:50

†αґ⊥αґü❡α✏ღ@ґḯηнα

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Pinturas fotográficas © Sonia Marques

Tartarugas-marinhas são os primeiros répteis fluorescentes encontrados na natureza.

Hoje sou uma linda tartaruga que sonha, com o azul, com o ar, com o mar, com o céu, com as estrelas, com a água, em estar com minhas amigas as tartarugas marinhas, num mar azul, marítimo, em pinturas ultramarinas...

Art Par kiwaïda at 14:42

19/08/2023

ℋαω@їḯαᾔ ϟεα ✝üґ⊥ℓ℮﹩

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﹩ẘḯღмḯηℊ üηⅾ℮ґẘα☂℮ґ ωїт♄ ґ℮ℓ@ϰїη❡ мüṧḯ¢


Musique Par kiwaïda at 00:45

14/08/2023

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Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


Aujourd'hui est un jour spécial. Les êtres humains qui me côtoient et aperçoivent par hasard ma proximité avec ma tutrice, pensent que c'est ma mère. Ce qu'ils ignorent c'est que ma vraie mère, celle qui m'a aidée à dormir et veillait sur moi ressemble à une Apache, ou proche des Navajos, le peuple autochtone d'Amérique du Nord. Les Navajos vivent aux États-Unis, entre le nord-est de l'Arizona, le nord-ouest du Nouveau-Mexique et le sud-est de l'Utah. Elle est rouge car c'est une femelle. Le 14 Août est un jour de fête, celui des "Code Talker", c'est une cérémonie durant laquelle il est rendu hommage aux parleurs de code, qui parlaient en utilisant un langage codé. Moi aussi je parle en code. Ma tutrice fait partie de plusieurs groupes pour les oiseaux à travers le monde, elle est un peu spécialiste. Dans l'un d'eux, une femme montre, John Kinsel, l'un des trois "Code Talker" survivants. Elle l'a rencontré grâce à son oiseau vert. En fait, le vert cela pourrait être mon père, car la femelle est rouge, comme je l'exprimais en langage codé, c'est ma vraie mère, celle qui m'a élevée durant un mois. Sa qualité maternelle s'est révélée à ce moment, ce qui n'était pas prévu, mais comme dans toutes les belles histoires, qu'est-ce qui est réellement prévisible ? Donc John Kinsel raconte encore son histoire.

Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Navajos servirent dans l'armée en protégeant les communications des Marines, avec leurs 274 mots du langage Navajo comme méthode de codage, impossible à percer par les Japonais. À partir de 1919 les Américains étudiaient des codes et leurs chiffres. Ils ont créé la "Black Chamber", cette chambre noire va être constituée par le père du chiffre américain, Herbert Osbourne Yardley. Son rôle, dés 1919, casser les codes utilisés par les militaires japonais. Quatre ans plus tard, en 1923, l'Us Army met en place un vrai service ayant pour unique mission, casser du code. Les Américains fusionnent les fonctions de chiffres et de cryptanalyse sous l'égide d'une seule et unique section, le "Signal Intelligence Service" (S.I.S). Durant la seconde guerre mondiale, les ingénieurs allemands et japonais, aidés par de sérieuses au sein de l'armée Us, se voient capable d'intercepter et casser n'importe quels messages alliés. Il y a des fuites comme on dit. En 1942, l'Etat-Major américain décide de tout changer. Il fallait inventer un nouveau système de sécurisation des messages. C'est alors que les ennemis d'antan, les indiens, sont redevenus respectables.

En 1941, dans le conflit qui opposait les Américains aux Japonais, Philip Johnston eut l'ingénieuse idée d'utiliser leur dialecte. Il était enfant de missionnaire élevé dans une réserve Navajo dans la région de San Diego. Ce dernier réfléchissait, en temps qu'ingénieur, sur un nouveau système de chiffrage de message. Il proposa son idée au lieutenant-colonel James E. Jones, officier des transmissions dans le Camp Elliott. Autres points forts des Navajos : la langue Navajo est de la famille des langues Na-Dene, ils étaient le seul peuple a ne pas avoir eu la visite d'étudiants allemands depuis 1922. Avec ces éléments en mains, quelques semaines plus tard, la mission "code Talkers" était lancée par l'Etat major Us. La langue navajo est réputée pour sa complexité, pour les communications radio. Au total, près de 400 Navajos furent ainsi formés à l'usage de ce code et s'en servirent pour transmettre des messages durant la campagne du Pacifique.

La mission première des "code talkers" était de faciliter les communications sur le terrain, de relayer des informations des unités combattantes au centre de commandement, de transmettre des ordres du QG, etc. Durant la seule bataille d'Iwo Jima, les Navajos purent ainsi faire passer en 48 heures plus de 800 messages valides. Les Japonais ne réussirent jamais à décrypter le code, qui rendit d'inestimables services aux forces américaines. L'armée exigea des "Code talkers" un secret absolu, qui ne fut officiellement levé qu'en 1968.

Le peuple Navajo bénéficie d'une reconnaissance au sein des Marines, mais aussi dans la nation américaine, qui a reconnu l'importance de leur langue, maintenant écrite, enseignée et respectée. Des personnalités navajos et des spécialistes de l'histoire amérindienne viennent mettre en perspective l'expérience des Code Talkers dans l'histoire de leur nation ainsi que dans la réalité indienne. Le 7 décembre 1941, les Japonais bombardèrent Pearl Harbour. La bataille du Pacifique sera le théâtre d'une aventure unique. Pour la première fois, des Indiens navajos seront incorporés dans le corps des Marines américains et partiront combattre au-delà des mers, loin de leurs montagnes et de leur désert. Comme plusieurs mots n'existaient pas en langue navajo, les Code Talkers ont dû en inventer. Par exemple, le mot « avion de chasse » n'existait pas en navajo. Les Indiens les ont donc appelés « bourdons ». « Hitler » était le « renifleur de moustache ». Le langage navajo est tellement différent que ni les Japonais ni les Européens ne pouvaient le décoder. En fait, cette manière de décrire les objets, l'espace et le temps était tellement belle qu'on pouvait parler d'une forme de poésie dans un monde aussi affreux que la guerre.

Assignés aux unités de combats pour les communications, les Navajos ont participé aux batailles les plus sanglantes. Bien souvent, les Code Talkers ont accompagné les patrouilles de reconnaissance. En première ligne, plusieurs Navajos ont perdu la vie, mais sans eux, plusieurs autorités militaires pensent que les États-Unis n'auraient pas pu remporter la guerre. L'utilisation de la langue navajo ne s'est pas arrêtée avec la reddition du Japon. Les Code Talkers ont repris du service durant la guerre de Corée. Au Vietnam, la modernisation des moyens de transmissions a entraîné l'abandon du code. Celui-ci restant classé « secret défense », il faudra toutefois attendre 1969 pour que les vétérans navajos puissent témoigner de leur expérience. Cette règle du silence a privé plusieurs Navajos de la reconnaissance qu'ils méritaient, la plupart étant déjà très vieux lorsqu'ils ont pu en parler. Néanmoins, outre les Navajos, il y avait aussi des Cherokees, Choctaws, Lakotas, Mesquakies et Comanches.

Par exemple, pour coder les avions, les bombardiers de plongées, ils nommaient cela "GINI" ce qui veut dire "Faucon de Poulet", pour les avions de patrouille, c'était "GA-GIH" ce qui veut dire "Corbeau". Les pays aussi avaient leurs noms codés, Alaska, devenait "BEH-HGA", ce qui veut dire "Avec l'hiver", la France : "DA-GHA-HI, "Barbe", l'Espagne : DEBA-DE-NIH, "Douleur des moutons". Les mois aussi, JANVIER "ATSAH-BE-YAZ" (petit aigle) JUILLET "BE-NE-TA-TSOSIE" (petite récolte), AOÛT "BE-NEEN-TA-TSO" (grande récolte), NOVEMBRE "NIL-CHI-TSO" (grand vent), et ne serait-ce que les mots, ils avaient tous une symbolique très singulière, comme : À PROPOS "WOLA-CHI-A-MOFFA-GAHN", qui voulait dire "Combat de fourmis", un BULLDOZER "DOLA-ALTH-WHOSH", voulait dire "un sommeil de taureau", un AVION, "TSIDI" = un oiseau.

Aujourd'hui, moi petite pie, je vous livre un secret : CHINDI MOASI NE-AHS-JAH LHA-CHA-EH AH-JAH A-CHIN WOL-LA-CHEE A-KEH-DI-GLINI BE-LA-SANA AH-YA-TSINNE NE-AHS-JAH


Peintures © Sonia Marques


Enseignement Par kiwaïda at 19:58

11/08/2023

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Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un jeune homme avec un masque, les cheveux libres et le t-shirt jaune s’accroupit vers moi, puis il tentait de m’attirer, il parlait doucement, je le reconnaissais. Je m'envolais vers ma tutrice installée sur son tapis magique avec son compagnon. Le jeune homme souhaita me suivre puis il posa une question à ma tutrice : "Vous la connaissez cette pie ?" Puis elle raconta mon histoire. Il lui dit : "Ravi d'avoir rencontré la maman pie". Puis il raconta notre histoire, lui et moi, nous nous connaissions un peu, il venait me voir et je communiquais avec lui. Je lui ai piqué l’œil, il a eu mal durant 15 jours. Il m'a dit que ce n'était pas grave mais qu'il a ainsi appris à se protéger. Je lui agrandissais le trou de son t-shirt pendant qu'il osa raconter cet accident à ma tutrice, elle fronça les sourcils, je sentais qu'elle était en colère après moi. Mes deux amies pies se sont mises à gazouiller et raconter un tas de trucs. Le jeune homme raconta un peu sa vie avec les animaux, comment il a récupéré un pigeon blessé, comment il a tant bien que mal redéposer une corneille tombée du nid, sur une branche près des parents, comment il a pris un tube pour emmener la souris de son appartement dans un bosquet dehors, comment milles aventures, il tentait de pousser un peu les êtres sans les brusquer pour leurs redonner un peu d'élan. Il était comme ces êtres qu'il observait dans la détresse. Sensible à ma petite vie de pie et l’accompagnement dont je bénéficiais, il racontait à ma tutrice à quel point j'étais une petite célébrité dans ces parages. À présent ils savent chacun, chacune un peu plus mon histoire, sur le tapis de ma tutrice, les langues se délient, la vie des uns et des unes et des autres arrive, seulement par l'expérience de l'autre, les êtres humains nomment cela l’altérité. La chose étrange et suspecte que je suis, pour les plus attentifs et sensibles, est un petit miracle dans leur quotidien et éveille leur âme d'enfant, de sauveur, de joueur, de joueuse. Je ne suis qu'un être qui virevolte d'un être humain à un autre à un arbre, à un mur, je plane entre toutes ces choses, obstacles de ma route, je fais un peu le tri. Celui là oui, celui là non. Parfois un homme en costume passe le midi et me montre du doigt et tente de m'attirer comme si j'étais un animal idiot. Je ne bouge pas, au sol, sur ce sable d'été, et je le regarde. D'un coup, devant les autres, il se trouve très con. Il se relève et repart comme s'il n'avait rien fait, ni de bruits incongrus, ni de gestes grotesques, il reprend sa marche, et moi, je marche comme si cet homme était bien un idiot. Et c’est ainsi que je fais rire mon monde. À l'heure du déjeuner, celles et ceux qui travaillent viennent avec leur barquette et grignotent, c'est le meilleur moment pour titiller l'âme humaine. L'autre jour j'ai vu mon copain le petit chien blanc, il est tout fou lorsqu'il me voit. Nous jouons devant les yeux ébahis des touristes qui s'arrêtent. Ils n'en croient pas leurs yeux. Je saute sur le chien, il se cache derrière les jambes, aboie, tourne autours de tous, je vole au dessus, je crie comme un petit dessin animé, je le provoque, je saute à travers des bassins d'eau, il ne peut me suivre, je le ferai presque tomber dans l'eau, puis je reviens, à 2 pattes et lui à 4 pattes, on courre partout, sa maîtresse est admirative, elle sait nos jeux, elle a emmené une petite caméra. Mes ailes me servent à sautiller à m'élancer très haut, je suis très expressif, comme une marionnette animée d'une folle envie de crier ma joie, je suis si sérieuse, avec mon bec, pourtant j'exprime une gaité monstrueuse et tapageuse. Je sais que ma tutrice s'inquiétait mais comment ne peut-on pas être entrainé par ma force communicative, les gens sont dans leur train-train, souvent assez tristement, ils marchent comme s'il allaient à l'échafaud. J'arrive comme un pépin, une pépite qui n'existe pas, ils doivent se pincer plusieurs fois, ils sont sidérés. J'ai mes humeurs. Je boude aussi. Mais depuis que j'ai mes copines les pies, je passe des journées extraordinaires. Il faut dire que ma tutrice y met du cœur à créer du lien et m’intégrer avec les autres. Une bonne ressource humaine. Un jour je suis arrivée en retard, et les 2 autres pies s'étaient déjà bien installées avec ma tutrice et elles lui parlaient, une, le mâle qui faisait très peur est devenu tout choubidou, il lui pique ses doigts de pieds, comme je faisais. Je suis jaloux comme tout ! Il me copie. Il tente de la séduire, il prend des morceaux de bois et les déplacent, lui qui ne faisait jamais cela. Il gazouille auprès d'elle, il secoue le tapis. C'est pas possible. Alors il est devenu de plus en plus proche. Nous sommes un groupe de 3 à 4 pies. ma tutrice souhaitait faire ce travail pour moi, mais voilà que c'est elle qui est intégrée au monde des pies. Mais ce n'est pas tout. Voici qu'un groupe de merlettes se met à la suivre, et se cache près d'elle, attentives toutes. Elles si craintives, elles viennent comme des amies. C'est un drôle de paysage. Nous disparaissons d'un coup s'il y  a des prédateurs, des êtres humains malintentionnés ou des bêtes agressives. Ainsi, seuls les délicats peuvent être témoins d'un spectacle paisible d'amitié entre elle et nous.
Un soir au crépuscule je m’appétais à dormir. Ma tutrice me cherchait et j'étais sur le sac ouvert d'une femme qui pleurait. Ma tutrice me demandait de partir, mais je lui disais de mieux regarder cette femme. Elle était de dos avec sa petite robe d'été, bronzée, menue mais elle se cachait le visage. Et elle avait plein de petits bagages, comme si toute sa vie tenait dans tous ces petits effets alignés. Moi je sautais carrément dans son sac. Ma tutrice lui demanda si elle avait besoin d'aide. Elle lui a dit qu'elle voulait juste se changer. Ma tutrice comprit qu'elle venait d'être mise dehors ou qu'elle s'était elle-même sauvée. C'était une femme assez sûre d'elle mais complètement à plat. "Vous avez besoin d'aide ?" Reposa ma tutrice. Elle se cachait le visage. Elle lui dit qu'il y avait un couvent qui accueillait les personnes, ou femmes esseulées. Elle lui dit qu'elle en venait, mais qu'ils étaient complets, mais qu'elle voulait juste se changer. Sa petite robe d'été rose, la nuit tombait, ma tutrice comprenait là, qu'elle devait s'habiller pour la nuit. Alors elle m'ordonna de sortir de son sac afin de la laisser loin des regards se changer. Elle avait du mal à me faire partir, je suis si curieuse, tout m'intéressait. Puis je décidais, que si cette femme était seule, cette nuit, je lui tiendrais compagnie. Je montais sur une branche au-dessus d'elle et j'attendrais. Je savais que ma tutrice ne partirait pas de suite. Afin d'apaiser, maintenir le lien. Elle aperçu un homme au loin, il titubait un peu et il avait une bouteille d'alcool. Il cherchait quelque chose. Ma tutrice comprit de suite. La femme était dans l'ombre d'un arbre, il repartit. Puis la nuit tombée, j'étais au-dessus d'elle, je veillais sur elle. L'homme revient, puis il aperçu ma tutrice, il cacha sa bouteille derrière le dos et alla trouver la femme, et lui proposa de la suivre, car sa voiture était garée plus loin mais devant ma tutrice il se montrait plus gracieux. Elle refusa, fermement, il repartit.
Cette nuit elle est restée là. Avec moi.
Il faisait doux, une nuit d'été.
Le lendemain plus rien.
Ma tutrice n'est pas venue, sachant que nous étions en communion.
Un autre jour se lève, tout est différent, les gens aussi. Ce ne sont jamais les mêmes.
L'été se terminera, je ne ressemble plus au petit d'avant, je suis de plus en plus fort, mes yeux bleus deviennent noirs, je suis un peu plus vorace, je me débrouille bien. Parfois ma tutrice est mélancolique. Elle me dit que lorsque l'on aime une personne, quand on tombe amoureux, on aimerait montrer à la personne que l'on aime des tas de paysages magnifiques que l'on a connu, ou que l'on aimerait voir, avec l'être aimé. Elle me dit que l'on ressent l'envie de montrer les plus belles choses à l'autre, que cet autre soit aussi heureux qu'elle ne le fut en découvrant milles merveilles. Elle me dit qu'elle sait que je ne pourrai jamais voir les paysages qu'elle connait. Mais qu'elle aimerait me voir dedans, voir mes réactions, sautillant et découvrant la mer, les vagues, le sable, les palmiers. Tout ce qui rend la vie mortelle, lorsque la beauté resplendit, les immensités des horizons lointains, les yeux désireux de ces vues des mondes inouïs, des bonheurs inégalés, tout devient ultime, le silence aspire l'incroyable et fait naître les plus profondes paix pour en révéler les plus hauts espoirs. Ces paysages où devenir naufragés c'est revenir d'où l'on vient, sans pouvoir deviner quels sont les fruits de tous ces arbres, les couchers de soleil et les nuits étoilées.
Je luis dis que je ne sais absolument pas de quoi elle parle, donc ce n'est pas grave. Cela ne me parle pas du tout. Chaque jour est un émerveillement pour moi. Alors elle me dit qu'elle pourrait me décrire les paysages, comme des cartes postales comme si elle aussi était en voyage. Je vois bien que c'est elle qui manque de vacances, mais elle m'assure que me côtoyer ce sont des vacances inoubliables. Bien mieux que des cartes postales. Et puis, elle a une idée. Elle s'en va travailler un peu. C'est une artiste, et elle revient me montrer ses paysages. Mais elle ne voulait pas qu'ils soient trop précis. Elle les représentait comme des rêves un peu flous, afin que je rêve aussi avec elle.
Elle m'offrait ses rêves de voyages, tels qu'elle les peignait.
Je ne voyais que des tâches colorées disposées de différentes manières. Pour moi, rien ne ressemble à la nature ni aux paysages que je vois ou tels que je les vis. Mais j'ai ainsi compris comment les êtres humains rêvaient et créaient des images.
La nuit je vois ses peintures.
Toutes ces couleurs.
Je vole dedans.


















Peintures © Sonia Marques




Art Par kiwaïda at 01:55

08/08/2023

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Dessins © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

J'étais installée sur le bras d'un jeune homme, il me regardait avec attendrissement. Soudain, je vois au loin, ma tutrice, qui débarque dans le jardin, l'air de rien. Fidèle, je m'envole vers elle et me pose sur son épaule, avec la crainte de me faire sermonner. Le nouvel humain prétendant laissé pour compte, il me regardait au loin, et il avait laissé son bras comme un perchoir, sait-on jamais, si je revenais. Mais je restais sur l'épaule de ma tutrice, mon transistor branché, gazouillant à toutes ses fins de phrases, nous étions en grande discussion, je devais lui expliquer ce que je fabriquais sur le bras d'un jeune homme tout émoustillé, aplatie comme une patate, confortablement à mon aise. Le jeune homme décida de venir vers nous, désireux d'en savoir un peu plus, sur notre histoire. Elle raconta notre petite affaire. Mais il ne semblait pas comprendre tous les mots. Ma tutrice observait son t-shirt jaune, avec l’insigne "Brazil" dessus: "Vous êtes brésilien ?" lui demanda-t-elle d'un air très sûr d'elle. "Non, je suis chilien" . Il lui demanda des trucs, comment je me nourrissais et tout ça. Elle le quittait car je commençais à lui piquer ses doigts de pieds, je faisais exprès afin que nous puissions aller dans notre jardin secret, j'avais une faim de loup ! Mes amies les pies sont toujours avec moi, elles arrivent souvent les premières et se posent sur l'arbre. Ma tutrice lit son livre, et les pies attendant que j'arrive. Me voilà Belzébuth ! Je déboule les pattes en avant dans un atterrissage digne d'un dessin animé, les ailes déployées, je freine sur le tapis. Il y a plein de merlettes camouflées dans le laurier de palme. Elles gobent les baies mûres. Elles étaient vertes cet été, puis elles sont passées au rouge, puis au noir rubis. Le laurier serait toxique, mais nous apprécions leurs baies. J'ai rapporté une bague en argent, au signe de l'esperluette. Ma tutrice l'a essayé, et cette bague lui allait comme un gant. D'où venait-elle ? L'esperluette est un signe typographique élégant, il signifie "et", "avec". L’esperluette est une sorte d'icône, exploitée dans les logos de nombreuses entreprises. C'est aussi le signe d'une alliance, d'un mariage, d'un partenariat. Je déposais cette bague pour ma tutrice, nous voici scellés par un bijou. Je ne savais pas comment lui dire que je souhaitais la remercier. Elle a trouvé mon présent.
En allant chercher son pain, elle donna un billet à un sans domicile fixe; Il lui dit : "Plein de bonnes choses pour vous, je vous remercie tellement". Elle lui dit : Non à vous les bonnes choses.
Résultat des comptes, elle le retrouva au pied d'un arbre au petit matin enfoui sous une cape de laine épaisse, cuit comme un fruit dans sa liqueur, une bouteille à côté. C'était mon arbre ! Je n'étais pas contente du tout ! Voilà ce que sa bonté a produit !  Il s'est acheté une bouteille et il l'a cuvée sous mon arbre ! Il faut dire que l'automne s'est pointé en plein été, il faisait très froid. Puis elle pensa que je serai une belle compagnie pour cet homme, tout comme je le suis avec elle. Mais point du tout, je suis infernale avec les autres, et je pique, surtout s'il y a une gamelle vide, je ne supporte pas. Ma tutrice ce jour-ci est partie laissant le sans domicile fixe dormir de tout son soul. Les feuilles et les glands verts tombaient, ce fut un drôle de jour.
Une jeune femme tenait son chien japonais en laisse, un Akita Inu. Quelle stupeur ce chien, si grand, il était apparu derrière un tronc d'arbre, bien dessiné, blanc et roux, d'une élégance rare, une espèce de gros ours avec la queue qui s'enroule. "Pardon, dit-elle, je ne vous ai pas vus" Sa fourrure semble très douce, un chien de sauvetage. La bonté lui disais-je, mais elle se fait rare, elle n'est presque pas admise à l'école. Un être doué de ce caractère, un être humain ? Moi, la pie, je n'en vois pas. Un être sensible aux maux d'autrui, désireux de procurer aux autres du bien-être, ou d'éviter tout ce qui peut les faire souffrir. Lorsque j'étais tombée du nid, j'ai recherché cette bonté.
Jean-Jacques Rousseau, l'écrivain, philosophe et musicien genevois, avait déjà quelques mots épineux pour désigner la personne qui réfléchit un peu trop au lieu d'agir « Il n’y a que les dangers de la société tout entière qui troublent le sommeil tranquille du philosophe et qui l’arrachent de son lit. On peut impunément égorger son semblable sous sa fenêtre ; il n’a qu’à mettre ses mains sur ses oreilles et s’argumenter un peu pour empêcher la nature qui se révolte en lui de l’identifier avec celui qu’on assassine. »
Dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, présenté au concours de l’Académie de Dijon au milieu du XVIIIe  siècle, Jean-Jacques Rousseau se demande ce qu’est un homme naturel, pas encore transformé ni perverti par la société, les techniques, le langage, la civilisation. Il forge l’hypothèse d’un homme à l’état de nature, très proche de l’animalité. Cet homme ne connaît évidemment pas les normes de justice et les lois de la moralité, qui présupposent la vie en société, la raison, le langage. Il possède cependant en lui un trésor mille fois plus précieux que toutes les règles qu’inventera la moralité. C’est un sentiment parfois même observé chez les animaux et qui les met à la place de celui qui souffre. C’est la seule vertu non sociale, totalement naturelle : la pitié. Elle est la source de tout ce qu’il y a de bon en l'être humain, ne pas penser qu’à soi, prendre des risques pour un inconnu en danger, reconnaître l’humanité du plus coupable ou du plus disgracieux des hommes. À la spontanéité un peu désordonnée de la compassion, on oppose l’analyse, la médiation rationnelle ou sociale. À quoi bon donner une pièce au clochard si c’est pour qu’il achète du vin  ? Rousseau répond : « L’homme qui médite est un animal dépravé », car il fait taire ce qu’il y a de plus simple et de meilleur en lui.
À ce titre, moi la pie, je dis que oui, à quoi bon ? Puisque le clochard est venu m'embêter sous mon arbre ! Le résultat c'est que tous les hommes sont dépravés, depuis mon regard de pie. Je les vois pisser sur mes arbres et pousser des cris et nous chasser.
Certes, le progrès des sciences, des techniques, de l’éducation, de la civilité, les Lumières, ont éloigné les êtres humains de leur état de nature originel. L’amour-propre, l’hypocrisie, l’inhumanité y règnent sous couvert de sophistication. Il est impossible de revenir à un état de nature que ces êtres humains ont quitté pour toujours. Pourtant je vois bien que ma tutrice me recueillant devient de plus en plus sauvage. Elle marche à quatre pattes, et même si elle continue d'enduire ses cheveux d'huiles et se peindre les lèvres en rouge, elle n'est plus tout à fait la même. Je suis une pie un peu spéciale, capable d'attendrir des étrangers ou bien de les agacer, je les interpelle comme un gendarme, un avocat ou un ange, au choix, parfois je me prends pour le Tigre d'une jungle, ou le commandant d'une armée de pies, mais je redeviens un bébé, un tout petit rien du tout, lorsque ma tutrice me parle doucement. Tandis qu'elle parle le langage des pies, elle m'entend, me reconnaît et m'appelle, je l'entends, je suis connectée, je sais par où elle arrive, par où elle s'en va, je connais les dangers et je vais la rechercher. Il y a un lien animal, de ces animaux simples qui n'ignorent pas le cri de l'autre, la présence hostile d'une bête, ou d'un être humain. Nous pouvons avoir peur pour rien, ou, nous pouvons prendre pitié pour rien. Du rien du tout et c'est tout un monde qui s'ouvre. Une extra-sensibilité, c'est invisible à l’œil nu, c'est bien plus que cela. Il y a dans l'observation une alliance avec le temps. Il faut observer longtemps, ressentir, sentir, contempler, sans aucun à priori. La patience, la quiétude et l'inquiétude mêlées, le plaisir de l'instant de ce petit vent, les feuilles bruissent et présagent d'un bon moment, il faut en profiter. Ou bien le vent se fait plus pressant, les nuages s'amassent, le présage est de ne point s’appesantir, et partir se protéger, se cacher. La palette des émotions se nuance, des ressentis, liés au temps, au paysage, aux cris des habitants, ou gouttes de pluie, aux divines lueurs qui percent à jour les clairières et nous donnent cette illusion d'un paradis préservé quelques minutes à peine, celles de l'éternité.















Dessins © Sonia Marques


Paysage Par kiwaïda at 00:24

31/07/2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je monte sur un Tupelo noir, je saute de branche en branche jusqu'en haut, c'est musical, comme si je faisais sonner une note à chaque fois que je touche avec mes deux pattes une nouvelle branche. Quel arbre magnifique ! Je ne l'avais jamais vu auparavant, il est conique et lumineux, il vient des indiens d'Amérique, il parait qu'en Automne il devient rouge. Il commence par changer de couleur en passant par le jaune vif, puis l'orangé flamboyant, puis le rouge éclatant et enfin le carmin. Ce sera un spectacle digne d'un feux d'artifice pour tous les oiseaux qui savent monter très haut ! Mais mon ami l'écureuil ? Il y sera assurément ! J'ai deux amies pies, c'est un couple, ils s'aiment pour la vie ! Nous les pies, nous vivons en couple, lorsque je rencontrerai ma moitié, je lui jurerais fidélité, jusqu'à la fin de ma vie, pour le meilleur et pour le pire, seule la mort nous séparera, nous nous aimerons d'un amour sincère. En attendant, je n'ai dit à personne si j'étais un mâle ou une femelle, mais cela ne regarde personne ! Chez nous l'unité sociale, ce qui fait le groupe, c'est le couple. D'ici deux années, je pourrai prétendre à convoler en noces, me marier, mais je suis déjà prêt ! Non, je rigole. Au début, le mâle me faisait vraiment peur, avec sa tête féroce. Il pique, nom d'un chien ! Mais je suis plus fort que lui à la course, il n'arrive pas à m’attraper. Au début j'étais tranquille avec la femelle, qui restait observatrice et patiente. Mais lorsqu'il y avait quelque chose à prendre, elle tombait d'un coup en piqué, sa vision est précise. Parmi les herbes, elle sait reconnaître des miettes ou des micro-nouveautés. Puis ce couple vient avec moi, nous sommes tous les trois, ils me rappellent mes parents, mais ce ne sont pas mes parents. Au début, ma tutrice s'est dit, mais ce sont ses parents ? Je ne peux pas être adoptée, je suis trop différente, je passe mon temps à jouer. L'autre jour, ma tutrice a lancé un petit fagot qu'avait confectionné son compagnon. Je l'ai attrapé par la ficelle et je sautillais de joie. Le mâle pensait que c'était quelque chose de si précieux qu'il s'est mis à courir après moi, avec ses pattes, puis à voler. J'ai lâché le morceau tellement il était lourd. Au sol, le mâle s'est mis à piquer le fagot, à le transporter, mais il ne savait pas quoi faire, il n'avait pas pour habitude de jouer. Il a laissé tomber le fagot de bois. Heureusement ! Depuis j'ai appris à feinter. Je fais semblant de trouver des trucs, des boules qui brillent de papiers d’aluminium laissées par les êtres humains, je les prends délicatement avec mon bec et je parcoure le terrain avec fièrement. Le mâle s’interroge puis fonce sur moi, là cela devient très excitant pour moi, ma stratégie paye ! Je vole plus loin et au pied d'un arbre, je fais mine de le cacher, comme si c'était une victuaille très précieuse. Je dépose des feuilles sur lui, et je vais plus loin, l'air de rien. Le mâle arrive à toute allure, déterre la boule et est très déçu, cela ne se mange pas. Il fait la tête. Alors je complique le jeu. Je prends réellement un petit vers séché, je fais mine de l’enterrer quelque part, puis je le déterre en vitesse et je vais plus loin l’enterrer, puis je le déterre, puis je vole avec, puis je me pose sur ma tutrice et je le dépose entre les plis de sa veste, sur son bras. Et je regarde le mâle, qui en est encore à pointer tous mes leurres, toutes mes fausses cachettes où il n'y a rien de caché. Je reprends mon petit vers séché, entre les plis de la veste de ma tutrice, puis je le dépose dans sa poche, elle ne voit rien. Ainsi, elle aussi, lorsqu'elle rentre chez elle, et qu'elle met sa main dans sa poche, elle découvre un petit vers séché. Je rigole bien. Lorsque je suis content je sautille et parfois je saute très haut, je fais des bonds, et j'ouvre mes ailes en exprimant ma joie, avec des petits cris. Lorsque je fais un leurre, je fais comme si de rien n'était, mais parfois, je ne sais cacher ma joie, alors ma tutrice voit bien que j'ai caché quelque chose, sous le tapis. Oui je suis la pie des tapis. Comme on dit : "je mets tout sous le tapis, quand ça m'embête"

Je me balade dans les Lupins Indigos et parmi les Fuchsias de Magellan, qu'est-ce que c'est beau. Je montre les étiquettes à ma tutrice, je lui dis, là regarde !

C'est un jardin devenu très exotique, mais qu'est-ce que c'est beau, j'en ai plein les mirettes ! À présent j'ai des rendez-vous, dans des lieux différents, je connais de bonnes tables. Un matin, je suis arrivée comme un bouchon de champagne ! Et pof ! Une explosion d'émotions ! Une autre fois, c'est en silence que je débarque, sans un mot, je mets la patte sur la gamelle : Vas y ouvre ta boîte ! Et puis, je snobe mon monde. Je fais des caprices, je fais ma lunatique. Puis une autre fois, je ne dis pas mes malheurs de la veille, je m'endors comme une grosse patate, sur le bras du compagnon de ma tutrice, ou bien sur son sac à dos. Je ne bouge plus : je veux être rassurée, mince alors ! Le câlin ! Le câlin ! Le câlin ! Vous êtes mes parents oui ou crotte de crotte de fausses pies de rien du tout ! Une autre fois je suis en colère : c'est quoi ce look ! quelle casquette horrible, quelle couleur infecte, je vais faire mes besoins dessus ! c'est quoi ces grosses cerises, ces motifs rouges sur cette chemise, on dirait de gros yeux de monstres qui me regardent, des milliers d'yeux terrifiants, si c'est ainsi, je m'en vais : Ciao Baci !

Je me suis faite virée d'un arbre. Alors je suis revenue par derrière, et je me suis installée pour la sieste, en boule, je me suis aplatie et je mimais la grosse fatigue, mes plumes blanches gonflaient. Les autres pies m'ont foutu la paix ! Une fois j'ai vu un gros chat sur le muret marcher nonchalamment. Je me suis mise derrière et je l'ai engueulé très fort, qu'est-ce qu'il a eu peur ! Les autres pies ont dit : Mais elle est tarée ! Elle va s'attirer des ennuis à se la jouer solo ! Là elle joue gros ! Bon, il faut dire qu'elle fait peur la pie atypique, et elle pique bien. Elle est formée par ces êtres humains, elle se bat toujours contre plus fort qu'elle. Cela nous fascine ! Par contre qu'est-ce qu'elle est distraite ! Elle passe son temps à flâner, amusée d'un rien, et même des abeilles ! Elle commence à attraper des insectes, mais cela manque vraiment d'entraînement ! Elle est gourde la petite, mais si intrépide ! On aime bien sa compagnie, c'est une fantaisiste, on n'a jamais vu une pie comme ça !

Voilà ce que disent mes amies les autres pies. Ma tutrice est admirative, car lorsqu'elle lit son livre vraiment barbant, dont je lui ai arraché quelques coins de pages, et j'ai même réussi à piquer dans les mots, les lettres noires en caractères, il y a d'autres pies qui viennent se poser au-dessus d'elle et lui tiennent compagnie. Au début, elles avaient très peur d'elle, puis elles ont appris à la connaître et la reconnaître, elles se sentent bien avec elle. Ma tutrice ne les dérange pas, et les pies ne la dérangent pas, c'est un marché bien conclu, pour la paix autours de l'arbre, et afin que ma tutrice lise et soit transportée par son livre, elle oublie les pies au-dessus d'elle. Puis elle s’aperçoit que l'une lit les mots, et elle sourit à la pie qui lit. Un rayon de soleil nous ravit tous, une pluie fine nous donne le signal que chacune doit retourner dans ses pénates.

Ma tutrice a mille choses à faire, elle écrit beaucoup, c'est absurde, si au moins elle venait piocher avec nous, elle nous aiderait bien mieux. Puis, un jour, j'ai compris, qu'elle plantait des graines. Ses mots étaient des graines, qu'elle arrosait. Parfois, elle ne pouvait pas savoir à l'avance ce que cela donnerait. Mais avec l'expérience, elle maîtrise un peu mieux ses cultures. Elle a un jardin extraordinaire, dans lequel j'ai grandi, et je me suis évadée, à ma guise et selon mes envies, au gré du vent. Je peux parcourir 2 km, dans quelques temps ce sera 7 ou 9. Mais je vois beaucoup plus, avec l'envergure des hauteurs célestes.

Elle m'envie, je le sais. Je suis sa liberté.




















































Philosophie Par kiwaïda at 00:11

26/07/2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Ce matin il bruine. Puis peu à peu la pluie décida d'y aller plus franchement. Pas un seul oiseau, pas une âme au jardin. La voici qui arrive de bonne heure, elle n'est pas protégée. Je suis perchée sous l'auvent d'un monument historique, elle ne me voit pas. Je vole vers elle et agrippe son panier, quel courage, les jardiniers ne se sont pas levés. Elle trouve un chêne, pose son tapis et le plie en 4, au pied de l'arbre en pente. Il fait froid ce matin. Elle sort son café encore chaud dans son thermos et goulotte un petit peu, moi je crie comme un dératé. "Elle est là, elle est là", que je traduis pour elle, sinon c'est "Kia, kia, kia". Elle sort un peu de viande mais j'en prends un trop gros bout. J'ai les yeux plus gros que le ventre, je veux tout, tout de suite et dans le même temps, jouer, manger, tirer la mousse, voler, chanter, faire ma pie. Quelle excitation cette pluie ! Cela s'apaise, son compagnon arrive avec un grand truc, quelle terrifiante chose, il le pose, et j'alerte toutes les pies du quartier, à la grande surprise de ma tutrice. Je me positionne debout comme un militaire devant la chose inerte et longue, cette espèce de grand fusil noir qui pique, j'alerte toutes les pies. Elles arrivent, mais elles restent prostrées suspendues, au dessus des branches, plus expérimentées que moi. Je suis l'intrépide debout, ma voix porte loin, enfin, je suis la lanceuse d'alerte, je ne m'arrêterai pas tant que vous ne vous débarrassez pas de ce machin. Ils posent le parapluie derrière le chêne, il se trouve puni. Je suis si fière de moi, les pies sont venues voir mon barouf et ont aussi sonné l'alarme : "Tcha cha cha cha cha chak". Je suis de plus en plus intégrée dans un groupe, je tente plusieurs expérience, je motive les troupes, puis je chasse les prédateurs pour les aider. Ma tutrice m'aide pour mon intégration, elle envoie quelques victuailles aux envieuses, et ainsi je picore avec elles. Une femelle m'a repérée, elle vient se poser sur un arbre au-dessus de ma tutrice, puis, elle attend très patiemment. Parfois je ne suis pas là, qu'elle est déjà posée la première. Elle devient sa complice. Mais voici le mâle, quelle assurance, son bec est plus long, sa queue également, il bombe le torse, est très impatient, vient en retard juste pour piquer ce que la femelle a réussi à chiper par sa persévérance. Lui, il arrive en piqué et récolte la mise en un éclair. J'ai bien vu son cinéma. Alors je me suis mise à voler vers lui, tenter de lui tirer la queue. Il n'a pas apprécié du tout et m'a coursée. Puis il s'est posé en équilibre sur une canisse en bambou. J'avais eu l'opportunité de tester l'assise, ma tutrice quelques jours auparavant m'avait posé sur celle-ci, je n'y arrivais pas au début, puis je me suis tenue droite. Là devant le mâle, je lui montre que moi aussi, du haut de mes 2 mois, je triche un peu, je sais faire comme lui. Il pique la canisse comme s'il voulait la détruire, je me place juste à côté et je l'imite. Je suis si fière. Puis il s'envole et je le suis. Ce jour là, j'ai disparu un bon bout de temps. Puis un matin j'arrive avec la femelle pie, deux vols majestueux, je me pose sur l'épaule de ma tutrice comme si elle m’appartenait, la femelle pie se pose sur la branche en face d'elle. Le mâle n'est pas encore là, vite ouvre ta boîte à secrets ! Ne bouge pas, je reviens vite, reste avec mon amie la pie, je vais sécuriser le territoire. Un autre jour j'emmène ma tutrice dans un coin que j'ai découvert, exotique. Je lui montre où je planque mes trucs. Elle découvre une sorte d'insecte assez imposant, un papillon de nuit ou un autre insecte avec un corps assez long, il est mort, je le pique comme si j'allais en faire un barbecue, des brochettes, puis je joue avec un moment. Lorsqu'il a plu, c'est absolument divin. Tout me dynamise, je courre avec mes deux pattes comme à un mariage, celui de la terre qui révèle un nombre insoupçonné d'invités. Je pioche partout. Je reviens montrer mes trouvailles à ma tutrice, mais je perçois que nous ne sommes pas pareil. Quand est-ce qu'elle va piocher avec moi, avec son grand nez, ce n'est pas compliqué bon sang de bonsoir ! Nom d'une pie !

Que la vie est belle, les pattes dans la boue, je bois l'eau d'une flaque, tandis que tu vois l'incertain de ce temps brumeux, ton visage me défie de faire la pie. Tu es fatiguée, tu te souviens de tes jeunes années volées. Mon temps est juvénile, et, se conjugue avec ta longue espérance. J'invente des espaces illimités, tu ne les connais pas encore, je te démontre qu'ils existent. Mes petites griffes marquent tes bras, le chèvrefeuille parfume l'air silencieux, chaque goutte claque au hasard, une bulle transparente et minérale fond sur tes petits doigts de pieds. J'adore piocher mon bec sur le vernis pourpre de tes ongles. L'autre fois tes cheveux sentaient si bons, tu venais de les laver, je me suis installée comme dans un nid tout propre, et j'ai déposé une petite noisette pour parfaire ton soin nutritif. Le soir tu retrouvais aussi un petit bout de bois, c'était un présent que j'ai enchevêtré dans tes brins dorés, et, ta solitude s'est mise à rire, je l'ai entendue. Sur ma branche, la mienne, qui ne sait pas sourire, a pu fermer les yeux sereinement, le sais-tu ? Tout est vert sur les pierres, le rossignol attend sagement de te siffler sa mélodie espiègle et mélancolique. Cela dépendra de ton humeur. Mystérieux chemins abrités, tout est nappé d'or et d'odeurs précieuses, le temps s'écoule sans le compter, les petits génies préparent des coups fourrés. Tout est peuplé ! Ma demeure est baignée, je dois partir me sécher auprès des velours vert et vert, noir et jaune, tu ne sais où je vole, moi je sais où tu vas, tu vis, tu rêves. Tout s'en va et toi tu restes allongée sur l'été blond dans l'espoir que je revienne te voir.

À la tombée de la nuit, juste avant l'obscurité totale, lorsque l'horizon rose devient mauve, puis un bleu roi lorsque j'annonce qu'il est l'heure de dormir à tous, tu penses à moi. Tu serres une branche et tu fermes les yeux. Et tout va mieux.


Littérature Par kiwaïda at 00:24

23/07/2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je découvrais un nouveau jardin. Il y avait une petite touffe évasée, ses fleurs étoilée sont d'une teinte rose vif, et d'autres à côté, virent au brun puis au pourpre. Les fleurs sont nommées, Orpin. La plante soigne les aphtes, le traitement des brûlures, et prévient des hémorragies. C'est une plante grasse de longues tiges charnues aux feuilles larges et épaisses de couleur vert jade à vert d'eau. Les jardiniers ont bien travaillé. J'ai vu des fleurs de Vénus, des Verbena, on les nomme aussi Verveine de Buenos-Aires. Elle sont de la famille des verveines utilisées en huiles essentielles, depuis l'Antiquité elles ont des vertus miraculeuses. Elles s'apparentent à la myrte, ma tutrice apprécie beaucoup son odeur. Roses, elles s'élancent depuis une tige qui les déploie bien ordonnées. Je vais me ressourcer aux origines de toute vraie vie. Ma tutrice suit mes aventures, excentrée d'elle-même, elle s'ouvre à la joie d'une communion, à la rencontre de ma particularité et de cet environnement que j'explore. Elle va vers l'autre, elle comprend, elle nomme les présences qui nous entoure, puisqu'elle m'a apprivoisée. Cela ne se voit pas dans le jardin, bien que j'ai une tendance à voler vers elle, ou dévoiler notre complicité en me posant sur son épaule. Elle tente d'éviter ce signalement, il y a des envieux et des incultes. Elle esquisse ses connaissances vers celles et ceux qui sont à l'écoute, par pédagogie et paisibles initiations. Les dépassements sont nombreux et ne s'évitent pas lui soufflais-je, sur ses cheveux. Les ressources créatrices sont plus fortes, tandis que l'égo tant à racornir tout sur lui-même, je suis un messager qui témoigne de son extériorité. En racornissant tout à lui-même l'égo se ferme de toute possibilité d'enrichissement, il s'entoure de préjugés et opprime sa beauté, elle lui reste méconnue. Je vole vers l'autre, je propose une forme philosophique, c'est comme un geste et une parole sans aucun mot, le fil de l'amour, si tu le vois ?
La naissance d'une personne peut advenir en se ressourçant de l’amour aux origines de toute vraie vie. Dans un élan mystique je dévoile un paysage, ma trajectoire est inattendue pour l'être humain : je vole.
Ce n'est pas nouveau, l'être humain envie cette faculté, celle de voler. De l'envie à la jalousie, se cache une peur, il se sent en insécurité, il ressent une perte de territoire, une peur de l'abandon, une peur d'être trompé, un manque de confiance en lui, il en résulte une rivalité constante et permanente avec les autres. J'ai rencontré une petite fille accompagnée par sa grand-mère, elle n'avait que 4 ans et demi, mais elle était très grande, et elle souhaitait m’attraper. Elle attira sa grand mère dans un recoin, ma tutrice se reposait et découvrit ce petit bout de femme vêtu de rose et qui se nommait Rose. La petite approcha sa main très doucement de mon dos, puis je me dérobais assez rapidement. Sa grand mère se présenta à ma tutrice, elles échangèrent, mais moi, j'avais cette petite aux yeux de mygales noires et sa langue qui s'activait sur ses lèvres, elle se léchait les babines et disait tout fort : "Je l'ai presque touchée" Ma tutrice trouva qu'elle était en avance pour son âge, en général, les enfants qui m'approchent et engagent un questionnement avec ma tutrice sont les plus précoces. La petite nous raconta son quotidien, sa grand mère était très sympathique, elle lui a dit : "Tu t'en souviendras longtemps de ce moment exceptionnel". Petite pie, j'ai compris que je pouvais devenir un sujet, parfois un objet de désir. Les sentiments terrestres me sont étrangers. Lorsque je joue avec mon amie l'autre pie, je lui attrape la queue. Tout simplement car les êtres humains malintentionnés ont tenté de me tirer la queue. J'ai commencé à imiter ce trait d'esprit avec d'autres pies, avec lesquelles j'estimais que je pouvais avoir un ascendant. C'était me tromper, chez les pies, on ne tire pas la queue.

Le soleil se lève, il fait encore frais, je vaque à mes occupations et elles sont multiples. Ma découverte du nouveau jardin, avec des arbres et buissons différents, des fleurs et des légumes, c'est très bien rangé. Il y a plusieurs autres pies aguerries, elles savent où se nourrir. Je n'ai pas eu de parents pour m'apprendre, je suis dans une imitation approximative. Je passe beaucoup de temps à cacher de menues choses que j'estime importantes à mes yeux, mais elles ne s'avèrent pas nourrissantes. Je sais que ma tutrice veille au grain, elle connait l’imprégnation et les conséquences, j'ai pour l'instant une attitude mi-imprégnée par l'être humain, mi-sauvage, j'aime bien avoir ce truc en plus. Je ne sais pas assez que notre complicité, avec ma tutrice fait des envieux. Nous avons eu une désagréable expérience. De jeunes enfants d'êtres humains qui s'ennuyaient âgés d'une dizaine d'années ou une quinzaine, sont venus nous harceler sur plusieurs jours. Ils voulaient me toucher et ont insulté ma tutrice et son compagnon. Ils m'ont protégé. Ils pensaient que ce serait d'autres oiseaux, ou les chats qui seraient mes principaux prédateurs, mais ce sont bien les êtres humains, en particuliers les adolescents. Ils sont peu éduqués et indifférents aux animaux, aux choses de la nature. Et, ils sont très envieux de cette filiation entre un être humain et un animal, que celui-ci soit dans la nature. Ils pensent d'un coup que je pourrai leurs appartenir. Ils sont aussi jaloux de l'amour qui co-existe. Dans ce pays, la violence est encouragée, partout. Elle est montrée comme modèle d'émancipation, de protestation, de manifestation, d'existence. Dans ma réalité, ce sont nos jardins qui sont piétinés, les arbres coupés, les êtres humains ne nous voient pas, ils nous insultent souvent et nous méprisent.

Spectateurs du secret, lorsque l'amour vers une autre espèce nous apprend sur tout un monde invisible, nous demeurons pour les autres, non initiés, des sortes d'espions secrets, des ennemis, et nous pouvons devenir des bouc émissaires d'ignorants.
Un jour j'ai vu des amoureux allongés, un jeune homme et une jeune femme. Petite pie, je pensais que tous les amoureux sont des êtres très sympathiques, qui jouent et donnent de la nourriture adaptée. Ils mangeaient des frites, la jeune femme avait un briquet et pour me repousser, elle l'a allumé sur mes ailes, cela m'a fait très peur. Heureusement ma tutrice a vu cet incident de loin et est venue réaliser un peu de pédagogie. Ils ont compris, mais moi j'ai compris qu'il y avait des êtres humains différents. Au début, je pensais qu'ils devaient être tous comme ma tutrice, j'allais vers eux avec tout mon enthousiasme, mon petit cœur porté par ses ailes si fragiles. Les êtres humains manquent beaucoup de culture. Il y a peu d'enseignant engagés dans les écoles pour sensibiliser les jeunes et les moins jeunes. Cette jeune femme avait plus de 20 ans. Ma tutrice sait que dans ce pays, on supprime les enseignants, on fait de même, avec un briquet, on pense les éloigner. Ici, les écoles sont brûlées. Les employeurs maintiennent les enseignants dans une précarité extrême, et leurs enlèvent le sel de leur vie, tout leur parcours, leur savoir, et les laissent sans emploi. Ils ne veulent plus que les enseignants évoluent, leur situation de vie est contrainte par de nombreuses règles communautaires qui les empêchent de s'épanouir. Souvent, sans qu'ils ne s'en aperçoivent, c'est entre mêmes enseignants que les contraintes se créent, au fur et à mesure, ils s'isolent de leur famille, de leur histoire, ils deviennent marginaux. Ma tutrice rencontre des sans domiciles fixes, le pas dans la vie cachée dans la nature est rapide, entre la vie d'avant et la vie à se cacher pour dormir. Il n'y a pas de solidarité. Sont poussés vers les marges de la société humaine, des êtres sensibles et cultivés. Pourtant leur savoir ne peut faire face à leur détresse. Rien ne sert de savoir lorsque tout nous repousse, lorsque la nature humaine devient repoussante. Nous les pies nous côtoyons tous ces êtres, certains attendent que les jardins se vident afin de s'installer la nuit venue et déguerpir au petit matin, je me lève avec eux, dès notre réveil, ils savent qu'ils doivent partir, reprendre leur sac, et passer leur journée à faire semblant, de lire sur un banc publique, de tenir encore debout. Mais moi je vois leur barbe grandir, ils étaient habillés à la mode de tous ces jeunes, ils ne parlent plus, ils dorment comme s'ils se préparaient à mourir en silence. Puis, ils hurlent comme des fauves. Cachés, les touristes pensent que ce sont des animaux derrière un mur. Ils sont aussi savants que nous, dans le camouflage, car nous le savons tous, les oiseaux se cachent pour mourir.

Je ne connaissais rien à ces pratiques très répandues de groupe, ces méthodes de harcèlement qui s’acquièrent très tôt à l'école. Ma tutrice a étayé une pensée philosophique sur ce phénomène, elle s'applique, mais cela ne sert à rien. Elle est sérieuse, j'espère lui faire découvrir cet autre monde, celui de la confiance. Les êtres humains sont lâches ensemble. Ils sont solidaires uniquement dans cette faculté de trouver une personne sur qui se défouler ensemble. Parfois ils disent que les pies sont des nuisibles. Ils ont répertorié notre famille d'oiseau comme une race qu'il faut éliminer. Même si les études ont évolué, certains ont gardé cette idée que nous volons leurs récoles et leur bijoux. Petite pie j'ai vécu le harcèlement mais contrairement aux êtres humains, cela ne me touche pas, d'ailleurs je ne comprends rien aux insultes. Le danger est au sol, le danger est partout, dans les branches, le jour et la nuit. La liberté aussi, est à chaque instant, le choix doit se faire en un éclair. Le savoir, dans ce pays est devenu une cible, il est attaqué. La connaissance se cache, au grand désespoir des êtres humains sensibles.

J'ai rencontré plusieurs autres êtres humains très gentils, et aussi des experts, une soigneuse qui m'avait remarquée et voulait me capturer pour réaliser ses expériences. Heureusement que ma tutrice était là. Elle lui a raconté mon histoire. La soigneuse était jeune et encore en stage et elle m'avait repérée, elle trouvait que j'étais une pie atypique, mais elle ne savait pas que j'étais en phase de réintégration. Elle était vêtue d'une robe blanche décolletée, et avait une multitude de tatouages partout, sur ses jambes, ses bras, et un petit sac en toile. Elle correspondait avec ses amis à l'aide d'un casque sur ses oreilles et se photographiait sans arrêt avec son téléphone, son visage en faisant des moues. Lorsqu'elle a vu ma tutrice elle s'est présentée comme une soigneuse, c'était plutôt l'inverse que j'ai vu. Elle était prête à me désintégrer, m'emmener en observation, car elle pensait que j'étais seule et isolée, et que je devais être malade quelque part. Je devais avoir des problèmes de santé, et comme elle venait d'apprendre qu'elle pouvait capturer pour soigner, ainsi se donnait-elle le pouvoir d'être soigneuse. Ma tutrice est bien plus âgée, elle a deux fois son âge et elle est très calme. Elle me dit qu'elle a connu aussi cela, en tant qu'être humain. Une femme qui se dotait d'un pouvoir qu'elle n'avait pas a voulu l'emmener voir un médecin pour que le médecin réalise qu'elle avait un problème pour être aussi atypique. Le médecin fut très embarrassé, car elle a vu que ma tutrice était douée, et intelligente et très gentille, mais harcelée au travail. Elle me fait comprendre que cela arrive chez les êtres humains de se sentir avoir un pouvoir sur l'autre. Elle me dit qu'en période de guerre, les méchants font cela, ils envoient des êtres humains être fichés chez des médecins ou à la police. Moi petite pie, j'ai pensé que ce monde s'ennuyait et ne savait pas grand chose. La soigneuse s'est aperçue à temps de l'erreur qu'elle allait faire. Moi j'étais très sympa, j'allais la voir, elle mangeait des poireaux, mais je n'aime pas ça. Ainsi ma tutrice a eu le contact d'une association qui sauve des oiseaux dans le Limousin, c'est exactement ce qu'elle a fait avec moi. Ils ont un nombre important cette année de choucas tombés du nid et de martinets. Ma tutrice trouve les martinets très beaux. Apus, apus, ils peuvent rester en vol durant des mois, sans se se poser, leurs pattes sont atrophiés, ils ont des vols incroyables, et ce sont les plus rapides, parfois 200km/heure. Ils sont confondus avec les hirondelles. Mais leur grosse tête est engoncée, leurs yeux si expressifs. Elle voyait un petit verdier se faufiler dans les branchages, d'un vert si vif, qu'elle ne le voyait que par intermittence, camouflé dans ces feuillage vert. C'est la soigneuse qui lui a dit le nom potentiel de cet oiseau. J'étais contente de les voir échanger, elles ont des connaissances différentes. La plus jeune, c'est par la théorie, ma tutrice c'est l'expérience du terrain et de la vie quotidienne avec des oiseaux, elle est artiste. La soigneuse lui révéla qu'avant son stage, elle n'avait jamais porté aucune attention aux oiseaux. Elle ne les distinguait pas et n'y attachait aucune importance. Son association recherchait des bénévoles, elle a dû apprendre très vite, depuis, elle fait très attention, cela a valorisé aussi son saut dans la vie active, il y a un sens dans sa vie professionnelle. C'est un très beau métier que celui de soigner des oiseaux et un beau métier jardinier. Ma tutrice rencontre des gens très riches, et différents que l'on ne distingue pas, et qui sont dans le lien à la nature.

Ma tutrice me dit que je suis la plus belle chose qui lui soit arrivé depuis des années. Moi je lui dis que sans elle je n'aurai pas pu vivre tout cela.

J'ai connu la pluie, la tempête, une chaleur étouffante, la raréfaction de l'eau, des comportement agressifs, des attentions particulières, des vols de nourritures par mes copines les pies, des courses poursuites, écureuil, hérisson, il y a eu une chatte qui a eu plein de petits chatons, j'ai vu tant de glands tomber, de fleurs pousser, de nuages, de cris diverses et variés de tant d'animaux, des langues étrangères humaines, je suis fatiguée tous les jours, et je suis vive de plus belle. Son compagnon me fabrique des jeux, il a plein d'idées très rapidement, ils les mets a exécution, sur le champs, j'aime cela, car je suis dans le même élan, enthousiaste et sans préjugé, il agence des fagots, des sortes d'avions de glands délicats. Au début il était venu confiant avec ses instruments de musique, mais je suis une pie. Puis un jour il est venu avec une boule rouge un peu molle, d'un rouge très vif, grosse comme une balle de ping-pong. Il était malin en me la présentant, mais ni une ni deux, je lui ai piqué la balle et suis partie avec le nez rouge du clown à travers champs. C'était incroyable. Je me signalais partout avec cette balle au bout du bec, puis je l'ai cachée avec préciosité dans un feuillage. Voici ma sagacité, qu'on se le dise, je suis une pie effrontée. 

Je suis un presque rien, je suis presque tout.

L'été s'éternisait ces dernières années, cet été, les journées ne se ressemblent pas, peut-être suis-je devenue la tutrice de ma tutrice ? Elle disait en souriant que le nom qu'elle pensait m'attribuer était une thérapie (Téra-pie). Ça c'est bien une mauvaise idée, son compagnon au moins, me nomme pimousse.

Pidoudou, pidoux.

Je reste "La pie", pour elle, je l'ai rencontrée sur des tapis. La pie des tapis.

À chaque instant, elle pense aux tapis volants avec moi. Lorsqu'elle était petite comme une pie, elle se transportait dans les contes fantastiques, où il y avait des tapis volants, persants. La lévitation n'est pas une mythologie pour elle. Le jardin est un espace sacré, depuis elle m’accueille sur un rectangle de tissus, comme si je venais dans un lieu qui comprenait le monde entier. Il faut imaginer un décor, une fontaine, une corne d'abondance, des invités, une vue sur le ciel. Il y a sur ce bout de tissus, qui est un tapis, le jardin du monde, parfait dans un calme absolu. Sur un tapis volant, la mobilité à travers le monde et l'espace, est une métaphore d'une partie du tout.

Tout est possible, tout est magique.

Et puis, il se replie, il disparait.

Et moi je m'envole comme si je n'avais jamais existé, comme si j'étais juste un rêve.

Un songe. Lorsque je reviens, la magie opère comme une apparition divine, et lorsque je ne suis plus là, j'arrive à maintenir l'espoir que je suis quelque part, ou ailleurs.

Au dessus de tout. Un esprit sain.




Philosophie Par kiwaïda at 15:46

14/07/2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un albanais venait me voir, il sifflait, mais je ne répondais pas à son appel. Il me racontait qu'il avait une soixantaine d'années, arrivé ici en France en 2016. Il est très dur de trouver un travail, il y a plein de réfugiés, jamais de contrat à durée indéterminée, que des CDD, toujours différents et trop courts. L'administration est infernale, il ne peut même pas retourner dans son pays, cela fait 8 années qu'il n'a pas revu l'Albanie. Il est fier de ses 2 fils, ils ont chacun un Master à l'université, un à Périgueux et un à Bordeaux.

Il me dit qu'en Albanais une pie se nomme "grizhlël".

Il est revenu me voir avec sa femme le lendemain. Il était bien habillé, et elle brune, belle en rose couleur des fuchsias, ils étaient élégants. Il voulait me présenter mais je n'étais pas là, je venais de prendre mon bain, je me suis échappée vers d'autres cieux. Espérance me disent-ils, fait briller mes yeux et enlève mes larmes, que le jour où je te découvre soit solennisé. Me souvenir de toi, éclaire mon endormissement, accompagne mes rêves, fait disparaître mes tracas. Grizhlël te souviens-tu que tes amies sont aussi en Albanie ? Ce qui me reste à vivre, je veux le vivre avec elle, ma femme, la plus belle. Notre âge n'est plus si vert, nous ne comprenons pas cette langue, j'entends ton cri solitaire, le mien te rejoint.

Ma tutrice lisait un livre, "Le Laboureur et les Mangeurs de vent: Liberté intérieure et confortable servitude" de Boris Cyrulnik. C'est à elle que je donne mes rencontres, les artisans et leurs soliloques, ils pensent me trouver pour la première fois, ils me surprennent et font un vœux, je les surprends en train de prier. Quelle drôle de manie ces téléphones ! Ce sont des objets devenus mes intermédiaires. Ils me capturent dans toutes leurs photographies, ils balayent de leurs doigts grassouillets l'écran, je suis sur leur téléphone avec eux, parfois avec des fleurs en arrière plan. Ils emmènent mon image et la montre à leurs proches : "Regardez, cette pie m'aime, cette pie vient vers moi, regardez, je suis si innocent, je fais partie des anges" Pourtant, lorsque je regarde les images derrière leur dos, ce que je vois, c'est ma tête d'ahurie. C'est ce qu'ils préfèrent, eux aussi, ils ont une mine d'ahurie, les étourdis.

C'est un jour de fête, un jour comme un autre pour moi. Les feux d'artifice ont fait fuir mes amis les oiseaux, je me suis réfugiée dans un paradis noir, celui du silence. Tous les chemins où s'éloignent mes amis me serrent le cœur. Je dors seule sur ma branche, terrorisée parfois. Je sais qu'elle n'est pas loin, mais elle s'éloigne, ma maman.

Voici le matin, pour moi, la fête revient, tous mes amis chantent le lever du soleil, mon cœur se réjouit. Le sol est humide, c'est agréable et si frais.

Le tintement des affaires arrive tout doucement, toute chose grince gentiment.

Aimable nature, j'attendrais le temps qu'il faut, elle reviendra.

Bienfaits et délices, ma tutrice arrive. Elle fait connaissance de tous mes amis humains et oiseaux. Petit prodige je picore son livre, je lui dis "Allez hop ça suffit ! La vie c'est mieux, la vraie ! On passe à l'action !" Je lui ramène un collier, il n'était pas fini, à peine commencé, 4 perles vertes sur un fil de nylon. Je lui dépose des cadeaux, des feuilles et des glands. Je courre comme un bolide sur les baskets de son compagnon, je lui picore sa casquette "Berlin, Berlin", il m'a fait découvrir des jeux, je prends des bains de soleil et d'extase sur son épaule, mes yeux bleus s'ouvrent et mes ailes aussi, uniquement lorsque je suis en confiance, j'ouvre mon bec en grand, rouge à l'intérieur. Je respire, ils me regardent comme bénie des Dieux.

Soyez heureux aussi ! Il vous est permis de respirer ! Malgré tous vos malheurs, ne soyez plus exclus de la vie !

J'entends le vent bruire dans ces feuillages, je choisi lesquels vont me balancer doucement dans une quiétude profonde.

Mais j'entends une voix éternelle, je suis vivant encore.

Un soir je suis allée sur la tête d'un homme, plein de cheveux noir et blanc, je lui tirais sa kératine de mon bec en aiguille. Sa femme était admirative malgré le mal que je lui faisais, à son mari, et le plaisir qu'elle en soutirait, derrière son téléphone, le fameux appareil de photographie de tous les êtres humains. Elle prenait des photos de nous deux. Il disait : "Aie, Aie, Aie !" Puis ma tutrice est arrivée, j'étais gênée, elle m'a surprise avec un autre homme et une autre femme. Elle a raconté mon histoire, je suis en phase de réintégration dans mon élément naturel.

Il n'y avait nulle science dans mon geste, je suis démasquée.

Cette femme est revenue une semaine plus tard, elle nous a présentés son père, un vieil homme qui habite derrière, elle a apporté un présent. Elle est venue nous saluer et nous a dit désirer emmener son père voir la pie. J'étais timide, je ne voulais pas les voir. Ma tutrice me les a présentés, puis elle m'a donné son présent. Une noix de coco remplie de graisse, avec des petits vers. J'ai un peu boudé ce gros machin. Je suis petit mais je mange de la viande rouge qui saigne. Son père était âgé et si heureux de me voir. La fille et son père réunis, ils étaient baignés de félicité. Elle devait avoir la cinquantaine, elle était émerveillée, elle a pris des photos de lui et de moi, de nous, enfin c'était un jour spécial pour eux.

Juste avant j'étais cachée, et une grande personne s'est cachée derrière un arbre, il a déposé un présent : 3 framboises, c'était pour moi.

J'avais déjà pas mal picoré ce jour-ci, beaucoup me font des présents. Il est revenu le soir avec une autre personne, il lui a montré que les framboises avaient disparues, il était si heureux, il disait à son amie : "Elle les a mangés, elle les pris !"
Il y a plein d'autres oiseaux.

Plusieurs jours plus tard, ma tutrice est allée se présenter à ce dessinateur qui est venu nous montrer ses beaux dessins. Toutes les pies se sont mises dans un arbre nous regarder, ils étaient 3 humains et moi au milieu, je grignotais son carnet, ma tutrice tentait de m'empêcher de faire mon intéressante. J'avais très soif, avec ces 38 degrés, ils échangeaient sur toute la vie des êtres humains, et leurs aventures, ils ne se connaissaient pas auparavant et ils ont dressé un portrait kaléidoscopique de leurs chemins, quelles drôles de vies. Mes copines les pies sont venues assister au spectacle de nos échanges. Ma tutrice chuchota que nous étions comme dans "La Conférence des oiseaux", le grand poème persan écrit par le soufi Farid al-Din Attar en 1177. Moi je ne connais pas ces choses là, mais je ressens d'autres choses, j'espère qu'ils comprendront, ce dont je suis capable de faire aussi, de me souvenir, aussi loin que les oiseaux volent, il y a bien plus longtemps que tous ces poèmes, des temps où les poètes n'étaient pas nés.

Un très vieil homme un peu sourd du pot est venu me donner des lardons. Ma tutrice a dit que j'avais déjà mangé. Il lui a dit : "Ces bêtes là ça mange de tout, elle a faim, faut lui donner à manger, il y a sa mère avec ses deux pies derrière. Elles est très jeune". Ma tutrice tentait de lui expliquer que mes parents n'étaient pas là, et que j'avais été élevée par elle, et qu'elle m'avait appris à voler. Il n'entendait rien, il roulait un peu des mécaniques devant elle et voulait lui dire que c'était lui qui l'avait découverte, nous avons bien rigolé. Il a dit qu'il habitait en Charente Maritime, qu'il a plein de poules chez lui. Toute sa vie, il a lancé des graines. Puis, il a compris qu'il s'était trompé, et que j'étais bien élevée, je me suis mise sur l'épaule de ma tutrice. Je suis une pie qui vole partout, certains pensent me découvrir dans l'intimité, reviennent et sont déçus de me voir avec une autre personne charmée. Je fais des jaloux. Les êtres humains apprennent la liberté.

Une femme très apprêtée avec son petit mari, un monsieur "je sais tout" me demande si je ne vais pas voler ses boucles d'oreilles, son mari dit que je mange même les autres oiseaux. Ma tutrice leurs explique mon intelligence, ce qui dérive de ma curiosité et mon incroyable adaptation, mais cela ne s'explique pas, surtout à des idiots ! Alors je vais picorer son sac à main et elle va confirmer son préjugé, et ira me dénoncer, je serai fichée à la police. Mais je ne participe à aucune émeute moi !?  C'est un nuisible ! Mais non, je suis une petite pie, et pour les petits cœurs, je suis l'alliance du génie poétique et du philosophe. Audacieuse et franche, je peux me mettre en colère. Mais c'est à l'amoureux que je déclare la vie plus belle, c'est à l'amoureuse que j'ouvre sa cachette ensevelie, sa beauté qui s’évanouit, dans son doux regard. Je remue leur enfance, la source de leurs royaumes angéliques, qu'ils n'ouvrent jamais. Toutes les dissonances s'oublient d'un coup, je suis devant, je brise le chagrin. Retrouves ta dignité vieille Lune ! Laisse s'abîmer tout ce qui doit, et vole vers l'étoile ardente, l'espoir infini retrouvé.

Parfois je suis photographiée, je fais ma star. Trois américaines sont venues me photographier, je faisais la reine, puis l'espiègle, puis je me suis attaquée à leur lacets. Il y a toujours un moment où cela déconne grave. J'inspire confiance puis deux minutes plus tard, je me dérobe, je prends la poudre d’escampette. Les êtres humains sont des orages ambulants. Ils soupirent et envient les ailes qu'ils cherchent toute une vie. Ils sont confinés dans de terrestres idylles, avec un esprit exalté parfois ivre, souvent plaintif. Je les entends, ils délirent, je suis bien plus raisonnable. Ils souhaitent que tout vienne à eux, ils sont partisans du moindre effort, ancrés dans leur confort. Ils veulent tout avoir, ils ne savent qui ils sont vraiment. Ils ont peur de presque tout. Ils se sont tant protégés, de la pluie et du mauvais temps, que les grenouilles sont devenues des étrangères. Nous sommes toujours dehors, nous vivons l'instant présent en composant avec la vérité, guidés par notre sagacité.

Une autre fois ce sont des espagnols : Doña Urruca ! Me nomment-ils.

Les jardiniers me rapportèrent que j'avais changé leur vie, leur travail, car je venais piocher à côté d'eux. Ils me ramenèrent en camion, sur leur capot, quand je me perdis, ils m'adorent, je fais ma capricieuse, je ne dis pas mon genre, un mâle ou une femelle, vous ne le saurez pas ! L'un me nomme : Pipelette.

Un jeune jardiner a raconté plein de chose à ma tutrice, comment ils travaillent leur sélection de graines, avec le GPS les connexions avec plein de pays étrangers, leurs cultures, il est en apprentissage. Ils travaillent aux aurores, avec son équipe, ils n'avaient jamais vu cela une pie qui revient ici, et qui parlent aux humains. Tout le monde remercie ma tutrice. C'est une fructueuse découverte, elle n'est pas si fortuite, je l'engage à la qualifier de sérendipité.

À présent j'ai des copines pies, mais alors, elles ne sont pas faciles, j'essaye de m'intégrer, et je ne me laisse pas faire. Elles piquent mes victuailles que je cache, car j'en ai des trésors.

Je chasse l'écureuil pour les impressionner !

Elles m'observent, j'ai ce quelque chose qu'elles n'ont pas.

Chaque journée est bien remplie, c'est énorme, je parcoure des kilomètres, je vois tout. Je raconte un peu, mais je ne dis pas tout.



Photographies © Sonia Marques


Paysage Par kiwaïda at 17:08

11/07/2023

∃¢üґ℮üїL

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Photographies © Sonia Marques

L'écureuil et la pie

Puissance de son architecture
L'Araucaria de Chine
Aux aiguilles de couleur bleu argenté
Où m'emmènes-tu la pie ?
Au paradis pardi !

Tout en haut du conifère vert émeraude
Parsemé de boules d'artichauts mordorés
Le long de son tronc d'écorce rougeâtre

Je te suis la pie
Où se perd le bout de ton chemin ?
Tu sautilles sur la gaité
Mais après quoi cours-tu ?

Après qui ?

La queue panachée rouge
Tu veux l'attraper ?
Clé d'or de ta liberté

Sur la route des oasis
Les trente degrés à l'ombre
Je te suis la pie
Ta modeste opportunité sans souci

Qu'il est doux cet écureuil
Il vole comme toi d'arbres en arbres
Sous les cieux inconnus
Et l'été brûlant

Son agilité te ressemble
Vous faites la paire tous les deux
Des ravissants intrépides
Son museau pointu termine un minois bien dessiné

Espiègle pie n'a pas dit son dernier mot
À cache-cache enroulés sur les branches
Les plumets de poils roux virevoltent
Ardents baignés d'une lumière idéale

Tu pointes la pie de ton bec noir
Ta dextérité laisse le rongeur surpris

Les noix tombent de vos jeux invisibles
Sur un bourdon patibulaire
Au maillot jaune rayé de noir
À la recherche du pollen des fleurs

Amour musical des idiophones
Envoûtantes percussions caribéennes
Dans une flore mellifère

Pour rien au monde
Vous ne quitteriez ce pays céleste
Petits séraphins

Nous laissant détailler tous les instants de notre existence
Une vision de haute définition
Infimes poussières d'anges

Aux pieds des arbres à miel
L'extrême fidélité des sentiments éprouvés

Et le cœur pur


*


Paysage Par kiwaïda at 15:10

08/07/2023

✝ѺÜℝ Ѐ ℉ℜ∀ℵℭ∃

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Musique Par kiwaïda at 17:25

07/07/2023

ℛℯ⊥я◎υ√αїʟʟℯ﹩

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Photographies © Sonia Marques

*

Avec un petit pincement au cœur, je regardais les photographies de la pie lorsqu'elle était très petite. Je me demandais comment dormait-elle.

Dans la nature, depuis un arbre, le miracle se produisit, la pie tomba vers nous, vers moi, "tcha cha cha cha cha chak", me cria-t-elle. La pie avec ses petites pattes courra me saluer, et bien mieux, me faire la fête "KIAK !". Les émotions sont fortes, dans ces situations, c'est un bouleversement. J'ai fait perdurer l'accompagnement dans son élément naturel. Je suis devenue un oiseau, un grand oiseau.

*

 








Photographies © Sonia Marques

Montée dans un arbre, et m'endormir à la tombée de la nuit, me lever à 6h, et aller chercher de la nourriture, lorsque la vie gazouille de toutes parts, déterrer les vers, picorer les mousses, et voler le plus haut, se percher dès qu'un bruit éclate, ou qu'un chat rode en passe-muraille, à la tombée de la nuit, alerter toutes les autres pies et le faire fuir. Avec mes copines, je parle pica pica. Les bains de soleil enlèvent mes parasites, le formicage, laisse les fourmis envoyer leur projections défensives d'acide formique faire leur travail sur mes ailes. Les êtres humains ne sont pas tous gentils, ignorants tout du monde ailé. Mais il y a des rencontres merveilleuses, une petite fille venue des châteaux de Chambord et son père, ils vont à Sète, elle va voir sa grand-mère. Il y a des amoureux, ils ne me voient pas, il se bécotent en bas de mon arbre, parfois ils esquissent des gestes doux à l'abri des regards devant des lotus roses flamboyants. Il y a des sans domiciles fixes très tôt, ou très tard, ils font comme moi, farfouillent dans les poubelles, il y a tant de restes de nourritures, car tant de touristes qui parcourent les jardins. Les jardiniers font beaucoup de bruit, de nouvelles plantes jaillissent, des pavots blancs qui touchent le ciel. Les arbres japonais et l'arbre à soie, des chênes et des séquoias, des bouleaux, des arbres qui sentent la vanille ou les amandes, des chiens énormes, des boules blanches et crèmes ou ceux en muselière. Et voici le merle noir, il est avec sa femme brune et tachetée, ils ont un petit brun tacheté, ils leurs trouvent des petites choses. Mes copines les mésanges bleues, les noires, les rouge-gorges et ce pivert qui taille les arbres sans arrêt. Les faucons pèlerins sont partis. Des photographes avec de très grands appareils aux aurores sont venus nous apprendre la nouvelle, un petit s'est pris un mur en piqué au moment d'attraper une proie ailée au vol. Ils peuvent atteindre 300 km/heure en piqué, là ils ne savaient pas bien s'y prendre. C'est la catastrophe. Et puis la mère a été vue morte, que s'est-il passé ? Le nichoir est vide. Les pigeons font la fête partout, leurs prédateurs sont partis. Il y a des grenouilles la nuit, si petites, les chats les observent, les chauve-souris parcourent dans tous les sens le paysage la nuit.

Je me suis envolée sur l'Albizia julibrissin, cet arbre à soie si fleuri et rose, afin de passer mes premières nuits, chassée par deux grandes pies, prise au piège. Ainsi ai-je découvert que ce fut un italien botaniste, Filippo Albizzi qui ramena de Constantinople les graines de cet arbre. Il ressemble au genre des Acacias et des Mimosas. Ma tutrice humaine connait bien les acacias, sa mère elle-même aime chiper des graines et faire des expériences, cultiver la surprise. L'été cet arbre est orientaliste, il a une valeur ornementale par la couleur rose de ses étamines. On se sert de son bois jaune et marbré en menuiserie. D'une  forte odeur d’ail à la coupe, cela ne m'a pas dérangé. Les fleurs sont toniques et digestives, elles ressemblent à de petits pinceaux roses disposées en parasol sur les cimes. Heureusement qu'il était là, pour un atterrissage impromptu.

Mes amis les oiseaux, sont les créatures les plus joyeuses au monde. Enfin de la gaité autours de moi, comme moi. Que les êtres humains sont méchants et bêtes, ce sont eux les bêtes. Pourquoi nous-ont-ils nommés les bêtes ? Pour nous humilier ? Ignorants ! Nous sommes timides et si téméraires, le courage le plus noble, celui dont les êtres humains, n'ont cure. Pourtant nous sommes vifs, plein d'ardeur et de francs enthousiasmes, une sincérité dans nos élans, nous chantons par petits bonheurs, par petits plaisirs, restaurés par le sommeil. Pris de frayeurs, nous nous taisons, silencieux cachés. Nous sommes sensible au naturel, mais point au cultivé. C'est l'état de nature qui nous offre notre vitalité, opportunistes, nous les oiseaux, nous les pies, nous baignons dans la félicité. Un touriste nous disait : "Les êtres humains ont peur de la gratuité, si habitués aux choses du commerce, lorsque la nature leur donne des fruits et des légumes, ils ne veulent pas les prendre, il veulent prendre seulement ceux qui se vendent, contre de l'argent"

Je dois avouer que voir un être humain rire m'est étranger, mais qu'est-ce que c'est merveilleux. Ma mère humaine, me nourrissant, malgré qu'elle fasse partie de ces créatures tourmentées, avec leurs vies misérables, étrangères à tous les phénomènes naturels, me procure un grand réconfort de ce rire malicieux que je ne peux imiter. Mais je suis joueuse, et mon allégresse s'exprime au gré des jeux. Son compagnon est taquin avec moi et il m'a appris à me défendre, à être plus précise, je tourne autours de lui et je joue à cache-cache. Volubile, je concurrence le rire, même si mon aspect semble être celui de faire la tête, mon air sérieux dément ce qui m'anime, la joie, intrinsèque à ma nature, la vie. Je fais partie d'un grand peuple ignoré de tous, nous avons une connaissance infinie du monde, notre intelligence est admirable et notre adaptation multiple, inattendue.

Entendons-nous bien, j'aime les êtres humains, ils m'ont sauvé la vie aussi. Mais le savent-ils, nous sommes en train de sauver la leur... Afin qu'ils éprouvent de la joie à vivre.

*



Hommage à Érik Satie, le musicien, par l'artiste peintre Magritte (1925-1935) encre sur papier





 






 










Photographies © Sonia Marques & JBD







Photographies © Sonia Marques



Philosophie Par kiwaïda at 15:30

03/07/2023

☾◎℮υґ

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Photographies et dessin © Sonia Marques


Art Par kiwaïda at 15:02

02/07/2023

Åiℕℐi ṼÅ ḺÅ Ṕi∃

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Mon premier arbre !

Mes premières branches !

Mon deuxième arbre !


Coucou !

Mon troisième arbre !


Je suis là !

 
Je m'envole !

Photographies © Sonia Marques

Animal Par kiwaïda at 14:20

26/06/2023

ḉℓαḯяℯ⊥⊥℮ṧ

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Un beau récital à l'inauguration du Parvis Des Clarisses, un nouvel espace de convivialité et de culture réhabilité par le diocèse dans l'ancien couvent des Clarisses de Limoges, par l'ensemble Collegium Telemann, composé de 2 sopranos, violon, traverso, viole de gambe, clavecin, un programme de musique baroque (Telemann, Quentin, Bach, Orejon, Guillemain, Bernier) Nous avions pu être témoins des travaux l'hiver, et, d'une visite privée, par hasard, et tout est hasard, pas si hasard, nous savions qu'une œuvre allait orner l'entrée, dans un style discret mais flamboyant, en bronze, réalisée par le dernier fondeur du Limousin, l'artiste Guillaume Couffignal.

Ce café solidaire se propose d'être un lieu où, l'attention à l'Autre, au Bien, au Bon, au Vrai, au Beau sera invitée et donnera du sens à la vie. Est résumé dans la citation choisie, le motif du cœur :
"On ne voit bien qu'avec le Coeur" Antoine de St Exupéry

Cet espace s'inscrit dans tout un écosystème autours de la cathédrale St-Etienne, où une pension familiale, accueillait déjà des personnes en grandes difficultés, aux faibles revenus, d'un isolement relationnel et social, mais suffisamment autonomes pour ne pas relever d’ un accompagnement éducatif lourd.

L'histoire des sœurs clairettes est documenté, à Limoges il y a une sœur qui est arrivée ici dans les années 1650... de la lignée des sœurs de Saint François d'Assise, qui ont pour vocation d'être dans le monde au service des plus petits.

Je trouvais cela très intéressant cette histoire de congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière.

Par hasard, et tout est hasard, pas si hasard, arrivés lorsque les musiciens se préparent, dans un lieu frais. Baroque, chaises et tapis, le paradis des pies.

Le hasard qui n'est pas un hasard fait qu'une pie est tombée du nid ici, bien avant l'ouverture. Personne ne faisait attention au plus petit, chacun, chacune, affairé à sa brocante à la vente de bibelots. Sur des tapis, elle ne pouvait ni voler ni manger, elle appelait ses parents, qui eux, ne pouvaient pas la secourir dans le capharnaüm des êtres humains. J'ai aperçu perchés très haut, les parents, qui lui répondaient, et elle ouvrant son bec vers eux, à la merci des prédateurs. Elle sautillait de toute ses forces, les dernières. L'équation impossible. J'ai donc effectué un sauvetage en douceur, et ses parents le savent. Je dois lui offrir un retour aux sources, après avoir repris des forces, en bonnes compagnies, elle vole à présent de ses propres ailes. Elle a beaucoup dormi. Humble demeure, repos mérité, piqué du bec, et non du nez. Pfff ! Que l'arrivée dans ces hospices plus clémentes fut mérité ! Appétit petit ogre, pépie de pie. Le voile est bleu céleste, comme les perles de ses yeux, la nuit noire, comme la tête d'une pie, pas encore pipelette. Chemin tissé d'apprentissages, la réintégrer dans son milieu naturel, là où elle est née, étapes par étapes. Quoique, jusqu'à présent tout s'est fait, de façon quotidienne sans difficulté, avec les petits accidents des bébés oiseaux que je connais si bien, leurs essais et leurs dérapages à surveiller. Nous établissons un programme de réhabilitation et d'écoute des autres habitants ailés, entre autres, à l'aube, et au coucher. Devenue sa soigneuse et mère de substitution, tâchant de ne pas m'y attacher, la réussite du programme sera lorsqu'elle sautera sur les arbres et se nourrira et dormira seule, ou avec sa famille, si celle-ci la reconnaît. À priori, jusqu'en automne ils vivent en famille.

Le matin, nous ne sommes pas bien réveillées, la pie m'attend... Ces jours-ci, elle a pu entendre et observer son milieu naturel, il y a des séquoias, de grands arbres qui seront des lits de nuit. Il faudra bien qu'elle fasse sa place parmi ses corneilles, mais aussi de toutes les choses et bruits des êtres humains, pluies et tempêtes naturelles... Ou feux d'artifices, Canicules et raréfactions de l'eau... Comme l'on devient vite un parent, qui anticipe tous les dangers ! Elle m'apprend l'envol et la nature. Attirée par le plus haut, le plus élevé, frugale et joyeuse, la pie est très intelligente, l'une des espèces qui s'adapte le mieux à tout environnement. Anthropisation des paysages... L’anthropophilie, de anthrôpos (« homme ») et de philos (« amour de »). La pie anthropophile, est capable de vivre aux côtés de l'être humain. Elle n'a pas peur, la pie est un oiseau courageux, espiègle, messager spirituel protecteur et tant d'autres félicités... elle m'apporte la joie, avec l'intelligence de son esprit.

Je n'ai jamais vu un oiseau réaliser autant de progrès en quelques jours ! Qui est le maître et qui est l'élève ?
Il y a toujours une école, même lorsque l'on pensait fermé l’accueil des sages enseignements !

Photographie © Sonia Marques

"En attendant, j'ai appris à lire et jouer avec des boulettes de papier, prendre mon bain, écouter de la musique... pipapelula... voici que je chante aussi, je recherche la bonne fréquence de ma radio..."



Le voyage des plantes & les Grandes Découvertes
Auteur José E. Mendes Ferrão
Traducteur Xavier de Castro
Édition Chandeigne

Description :

On connaît un peu en France l’histoire de la tomate, de la pomme de terre, du maïs, originaires du Nouveau Monde, parce qu’ils ont conquis l’Europe et que leurs tribulations nous ont été vaguement enseignées à l’école. Mais on ignore qu’aux XVIe et XVIIe siècles, quasiment toutes les plantes vivrières ont changé de continent, bouleversant complètement les habitudes alimentaires et les pratiques agricoles dans le monde entier, en particulier dans les zones tropicales. Ainsi les plantes typiquement asiatiques comme les cocotiers, les manguiers, les orangers doux, etc., vont se retrouver rapidement en Afrique et aux Amériques ; à l’inverse, les plantes américaines – patates douces, ananas, arachides, papayes, noix de cajou, etc. – vont s’implanter sur les deux autres continents ; l’Afrique va exporter quelques plantes d’importance comme le café ou le palmier à huile. La banane et la canne à sucre, d’origine asiatique mais acclimatées depuis longtemps dans le bassin méditerranéen, connaîtront soudain une exploitation quasi industrielle en Afrique et dans le Nouveau Monde. Cette diffusion s’est essentiellement faite sur les navires portugais de la ligne des Indes, disséminant graines et plants aux escales de Madère, Açores, São Tomé, en Angola, au Mozambique, puis à Goa et Malacca, plaques tournantes des échanges en Extrême Orient. Doté d’une riche iconographie d’époque, ce livre conçu à la manière d’un dictionnaire dresse un inventaire spectaculaire de cette première mondialisation.. Il relate la découverte et le voyage des 69 principales plantes vivrières consommées dans le monde et de quelques autres qui eurent un usage industriel plus ou moins important (hévéa, ricin, aleurite, rocou, etc.). Il donne les conditions de leur découverte ; leurs premières descriptions et appellations, images extraites des sources d’époque ; leurs multiples pérégrinations jusqu’à aujourd’hui; pour chacune, les chiffres actuels de la production mondiale, son évolution et les principaux producteurs.


Enseignement Par kiwaïda at 16:10

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