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Philosophie

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03/07/2018

ʟα ßℯʟʟ℮



Par kiwaïda at 11:08

21/06/2018

Ð∀Ḱiℵi

La subjugation de l’ego (tradition tantrique) (interprétation visuelle et synesthésique d'une Dakini : Sonia Marques)

La nudité de la dākinī symbolise l'état naturel et sauvage, et selon l'interprétation bouddhiste l'absence d'ego ou d'obstacle mental, la nature propre révélée. Généralement le terme dākinī semble provenir de la racine de daksha, signifiant capacité, habilité. La libératrice Verte – Divinité la plus populaire au Tibet. Protège des lions et de l’orgueil, des éléphants sauvages et de la confusion mentale, du feu et de la haine, des serpents et de la jalousie, des voleurs et des vues fausses, de la prison et de l'avarice, des inondations et des désirs, des démons et des doutes. Et tout cela sans jamais faire la grève !

Par kiwaïda at 12:31

09/06/2018

L@ ß☺ᾔᾔε ḉ☺ηⅾʊї⊥ε

Photographies © Sonia Marques


Just Another Dance, exposition au CCS d'Urs Lüthi


Essayer encore, rater encore, rater mieux, exposition Rosa Brux avec les Archives contestataire (Ah ! les suisses )


Affiche dans le métro


Permis sans voiture, conduite sans pneu


Anticipation ? Rem Koolhaas & Lafayette


À l'ombre des cruautés


La dignité


À la conquête du goût


L'indignité


La dignitaire


De la hauteur

Par kiwaïda at 13:09

21/02/2018

ʟ‷@ят ⅾ℮ ß@їłʟℯґ

Nourriture pour Cafuné & Satori (Photographie © Sonia Marques)

L’art de bailler sa vie

Lapin au destin retiré du monde qui ne souhaitait se perdre dans de vaines agitations. L’ennui subi ou choix orgueilleux de l’inaction, à bas les expositions égotistes, vive l’acédie. Ne rien faire plutôt que faire comme tout le monde.

Étirement. Adieux les enfants gavés d’activités et d’images, gros, gras, grands, idiots. Ils ne peuvent rêver, ce que l’ennui promet, ni éprouver cette impatience du lendemain : y a-t-il encore quelque chose à conquérir ?

Lapin dit : Ma présence.

Cet ennui nuit à l’éducation. Pourtant il n’est ni la peur du manque, ni la fascination du vide. Après avoir été dégoûté de ce que les enseignements provoquent : un sentiment de vomi...

Lapin dit : Apprivoisons le ralentissement propice aux aspirations créatrices.

Tous ces enfants, ces adolescents en proie à l’hyperactivité, sans cesse, le faire et l’avoir sollicitent la jeunesse. Les stimulations et les dispersions devenues de ces enseignements tourbillonnants apportent cette illusion qu’il est vivant, l’enfant.

Lapin dit : Je dors le jour, je saute la nuit.

Mon ennui serait à rejeter, sans valeur, indigne, superficiel, alors que les tâcherons et tâcheronnes ne redoutent l’ennui, il ne sera jamais devant eux. Dans leur banalité, leur mensonge assuré, rien ne parlera de la finitude, ni du temps qui passe, car il ne passe plus dans une vie bien remplie, d’ailleurs plus rien ne peut passer, ni le temps, ni les pauses, ni l’imaginaire. Il n’y a que des priorités, des occupations urgentes dans un calendrier désorganisé mais bien ordonné, tout à une place définie et ressemble à des projets. La vie serait projets, elle deviendrait dans ces cases remplies des valeurs à créditer.

Lapin dit : Depuis que le dégoût de l’enseignement est arrivé soudainement, le désœuvrement s’est installé dans une situation non choisie mais déterminée par la médiocrité. Tout est devenu fastidieux et inutile.

Fatigue de voir ces mensonges s’étaler au grand jour, ces prédations fières de leurs victimes, ces bienséantes communications, rassurantes, dont l’éducation raffole.

Lapin dit : La nuit la vérité, le foin la liberté.

Ce sentiment d’impuissance devant ces écartèlements, tortures, tous ces objectifs impossibles à tenir, ces faux paris sur la vie.

En silence lapin s’ennuie, son intelligence endormie, ce sont les bêtes qui décident, alors que lapin s’échappe. Singulier ennui qui disparaît dès qu’il est approché, il faut le fuir pour entrer dans l’ennui, sans être importuné.

C’est un passe-temps, un retrait dans l’indifférence générale. Presque une exclusion vécue et habitée comme un ennui féroce, suave et juvénile.

Il ne grandira jamais.

Il ne promet rien.

Il n’expose rien.

Pourtant, il ne s’obstine pas quand il s’ennuie.

Lapin dit : Possible.

Nu désespoir, jouissance d’atteindre un jour, plaisir des nuits paisibles et sans mystère.

Si tu n’avais pas été lassé par tant de médiocrité, aurais-tu un jour connu l’art de bailler ta vie ? Ce sont les ignorances, les corruptions, les faibles. Ton ennui n’est pas une acédie corruptrice, ni un pêché mortel. Tu lui consacres tout ton temps.

Entier. Tu boudes les parties et les miettes. Tu savoures avec des piqûres anxieuses.

Même prier serait remplir, manger gaver, mais cueillir l’appétence dans la patience que la tristesse fait naître des secondes de joie.

Lapin dit : Je préfère ne pas. Paresse qui somnole dans une prison ouverte sur les ruines des enseignements, dévastés, ravagés par les milices.

Lapin : Je baille.

Satori (Photographie © Sonia Marques)

Par kiwaïda at 22:43

17/01/2018

É√εїʟ

Satori (Photographie © Sonia Marques)

LES MOTS DOUX & DÉCISIFS

(japonais 悟り satori ; chinois, issu du chinois : 悟 ; pinyin : wù ; littéralement : « réaliser ») est un terme des bouddhismes chan, son et zen qui désigne l'éveil spirituel. La signification littérale du mot japonais est « compréhension ». Il est parfois utilisé à la place de kenshō (chinois : 見性 ; pinyin : jiànxìng ; littéralement : « voir la nature/caractère ou propriété »), toutefois kenshō désigne la première perception de la nature de Bouddha ou vraie nature – une expérience qui ne dure pas. Le satori par contre désigne une expérience qui se prolonge, à l'instar d'un bébé qui apprend à marcher – après beaucoup d'efforts il se tient debout, trouve son équilibre et fait quelques pas puis tombe (kenshō). Après un effort prolongé l'enfant se rendra compte un jour qu'il peut marcher tout le temps (satori). Le bouddhisme zen reconnaît dans l'éveil une expérience transitoire dans la vie, presque traduisible mot à mot par épiphanie, et le satori est la réalisation d'un état d'éveil épiphanique. Comme d'après la philosophie zen toute chose est transitoire, la nature transitoire du satori n'est pas vue dans l'aspect limitant qu'il aurait dans l'acception occidentale du mot « éveil ».
La nature transitoire du satori, par opposition au permanent nirvāna qu'on retrouve dans les traditions bouddhiques de l'Inde, doit énormément aux influences taoïstes sur le bouddhisme chan de Chine, à partir duquel le bouddhisme zen du Japon s'est développé. Le taoïsme est une philosophie mystique qui met l'accent sur la pureté du moment, alors que les racines hindoues du bouddhisme indien visent une vue dans une plus grande durée – vers la sortie du cycle karmique des réincarnations perpétuelles dans le monde matériel. De l'attention du taoïsme à l'importance du moment, et de la négation de l'existence individuelle ou d'un moi individuel du bouddhisme mahāyāna, est né le bouddhisme zen avec son concept d'état transitoire du satori. (Extrait Wikipédia)

悟り Satori : une épiphanie

Barthes reconnaît dans l’épiphanie quelque chose de proche de ce qu’il nomme incident — où quelque chose survient, apparaît — dont il souligne l’affinité avec le haïku, par quoi se manifeste une certaine figure de la vérité, qui s’exprime selon la théorie zen par le terme satori, et dans la théologie catholique occidentale par le terme quidditas introduit par saint-Thomas. Le texte bref, explique Barthes, est l’expression du « C’est ça ! » — soudaine révélation du réel surgissant dans la nudité même d’une apparition irréductible à tout commentaire. En ce sens, épiphanie et haïku s’apparentent à la photographie, à laquelle Barthes donnera le nom devenu célèbre de punctum. Par le poème — haïku ou épiphanie — comme par la photographie, quelque chose fait image et qui a valeur de marque laissée dans le temps par un évènement, évènement qui ne peut pas être exactement raconté mais comme désigné, pointé du doigt de manière à faire signe vers un certain moment de vérité.

Le Satori et le Nirvana sont des états d’être bien heureux où le « moi » est délivré de ses limites, de ses attachements. Aux tensions en vue de dominer, de briller, de posséder, succède une détente intérieure. Il s’agit d’une véritable mutation psychologique où se révèlent les sommets de l’amour et de l’intelligence. Ceux-ci, loin de nous engager dans la voie de l’inaction, nous conduisent au contraire vers une vie intense, créatrice, pleine d’initiatives heureuses.

La vérité est si proche et tu ne la vois pas, tu pars loin, très loin chercher le Bouddha et le Satori et tu tombes en enfer. Tu te hâtes dans la confusion et la précipitation, quand tu arrives, il n'y a rien. La brume soudain se lève : ce n'était qu'un mirage. Tu veux revenir au pays d'où tu viens, mais tu t'aperçois que tu es maintenant entouré de montagnes acérées comme des lames et qu'il n'y a plus de retour ; c'est l'enfer dans le désert. On veut s'échapper du monde que l'on juge détestable, mais, après l'avoir quitté, on le regrette comme un paradis perdu. On veut toujours partir ailleurs et quand on arrive à destination, on a le sentiment que le pays d'où l'on vient paraît plus merveilleux.

C'est ça !

Ma petite Satori, l'éveil
Elle combat la pensée rationnelle, les opérations logiques, de classification en catégories. Elle est la découverte de la véritable vision des choses. Il ne faut ni rechercher ni vouloir Satori. Elle existe en nous bien avant notre naissance, alors pourquoi chercher à l'obtenir. Ce n'est pas mystérieux, c'est le retour à la voix normale. Voir le monde tel qu'il est.

Sato, cela veut dire "sucre" en japonais. Est arrivé un petit sucre lapin satin, nommé Satori, une illumination !

Phonologie du japon :
Satouya [sato:ja] *[sato?oja] « marchand de sucre » satooya [sato:ja] ou [sato?oja] « parents nourriciers »




Cafuné

Et la petite Satori, dites Sato, rejoint Cafuné, le lapin couleur café et nuage de lait, dit Cafou, le foufou aux yeux bleus.
Ils sont japonais, ou presque.


Le portugais séduit par son élégance et ses intonations caressantes. Il y a des mots qui n'ont pas de traduction ailleurs.

Le terme cafuné entre dans la catégorie des mots intraduisibles, sa signification exacte est spécifique : cafuné décrit le geste de passer tendrement sa main dans les cheveux de quelqu’un que l’on aime.
Comme carinho, chamego, cafuné, xodo, ces mots traduisent l'affection.
Fazer cafuné signifie faire des caresses en massant les cheveux de son amoureuse, de son enfant, de son animal, avec tendresse.

Il a des origines africaines. En général pratiqué par des mains féminines, le cafuné est l'art de faire semblant de chercher des poux dans la tête de quelqu'un pour l'aider à se détendre ou à s'endormir. “Je sais bien que le cafuné réaffirme une présence de l'Angola au Brésil” dit Luis da Câmara Cascudo. Le cafuné ou cafunê est bien une réalité culturelle brésilienne, sans doute en désuétude maintenant, de même qu'en Angola. Óscar Ribas en donne la définition suivante : « Petit claquement qu’on produit sur la tête de quelqu’un d’autre, comme si on y tuait un pou, et dont l’effet vise à susciter la somnolence. ». Roger Bastide a consacré un article à cette pratique au Brésil sous le titre « La psychologie du cafuné ». Óscar Ribas en donne une étymologie convaincante : cafuné se dit en kimbundu kifune, de kufunata, plier, tordre.

"A psicanalise do cafuné"

O que se considera vulgar na Espanha e em Portugal se pratica aqui em todas as classes da sociedade... Os dois sexos o fazem sem distinção, especialmente as mulheres, que preenchem suas horas de lazer com esse elegante divertimento. E é quase impossível, a menos que seja nas horas das refeições e da sesta, entrar em uma casa onde não haja alguns dos habitantes se dedicando a isso. Digo isso porque, hoje, ao entrar na casa de um prisioneiro vizinho (até então um homem respeitável na província), o vi enquanto conversava colocar deliberadamente a cabeça no colo de sua esposa, como se a presença de um estranho não devesse impedir a operação da qual acabo de falar e que ele parecia considerar com uma espécie de prazer.

Lindley (1806), no texto que citamos, parece pensar que o cafuné brasileiro vem dos colonos portugueses, que teriam transportado esse costume para o novo habitat: ele apenas se teria se difundido das classes baixas a todas as classes da sociedade. Mas a etimologia do termo parece indicar origem muito diversa; Renato Mendonça (1935) faz vir esta palavra, que designa primitivamente o estalido das unhas no alto da cabeça, do quimbundo Kafundo, que significa estalar, enterrar, e o prefixo classificador caf, que se encontra no Brasil no africanismo cafua, quarto de reclusão para os alunos dos colégios, indica uma ideia de penetração, o que é de fato perfeitamente típico do movimento das mãos penetrando na cabeleira. Há, portanto, probabilidades de que o cafuné brasileiro seja mais de origem africana que lusitana, e esta hipótese é, ainda mais, confirmada pelo fato de o cafuné ter-se desenvolvido nas zonas escravagistas e ser mais difundido no Nordeste da cana de açúcar do que no Rio, e mais no Rio do que no sul do país.



Les dessins sont tirés d'un grand format (120 x 200 cm) © Sonia Marques

Uma distração e um prazer

Par kiwaïda at 23:37

29/12/2017

ᖶᙓᘉᗦᖇᕮᔕᔡᙦ

Aimer un être, c'est le voir comme Dieu a voulu qu'il soit
Heureux sont les doux, ils possèderont la terre
Heureux ceux qui pleurent, Dieu sèchera leurs larmes
Soignés, soignants, soigneux
Rose infini

(✿ ♥‿♥)

(●♡∀♡)

◟(◔ั₀◔ั )◞ ༘♡

(°◡°♡).:。

༼♥ل͜♥༽

(灬♥ω♥灬)

໒( ♥ ◡ ♥ )७

⊆♥_㇁♥⊇

♱♡‿♡♰

(●♡∀♡))ヾ☆*。

ლ(́◉◞౪◟◉‵ლ)

ʚ♡⃛ɞ(ू•ᴗ•ू❁)

乂❤‿❤乂

Par kiwaïda at 16:45

14/07/2017

ℒεṧ ʟїღ☺ü❡℮@üḓṧ ρ@ґ⊥ℯᾔ☂ ℮η √@¢@ᾔ¢℮ṧ

cheffe0.jpg

La cheffe de cabinet et le psychiatre (sculptures avril 2017 © Sonia Marques et JD)

cheffe10.jpg

L'inspecteur  (photographie juillet 2017 © Sonia Marques)

cheffe7.jpg

Papa et maman  (photographie et dessin le 13 juillet 2017 © Sonia Marques)

cheffe6.jpg

Le bouquet final  : BISOUS  (photographie le 13 juillet 2017 © Sonia Marques)

Par kiwaïda at 17:07

18/04/2017

ℙÅℰѺℵℐѦ

Paesonia (Photographie © Sonia Marques)
Les pivoines, {genre Paeonia du grec ancien >propre à guérir, salutaire) - païônía : pivoine, plante médicinale} sont des plantes à racines tubéreuses, originaires de diverses régions de l’Europe à l’Extrême-Orient, notamment de Chine, où elles sont associées à la ville de Luoyang, ainsi que de l’ouest des États-Unis.
Péon (Παιὠν - Paiôn) était un des plus anciens dieux guérisseurs des Grecs.
Les anciens Grecs dénommaient aussi la pivoine paiônia.
Les astrologues grecs affirmaient qu'il existait une parfaite unité du cosmos, se traduisant par une interdépendance entre les éléments qui le composent. Ils décrivaient ainsi des "chaînes" verticales, reliant entre eux divinités, astres, pierres, animaux, plantes, parties du corps. La plupart des textes astrologiques de l'Antiquité reliaient la pivoine à la Lune : la pivoine croissait et diminuait selon les phases lunaires. Elle avait la vertu de soigner les fièvres cycliques, les éruptions cutanées, et de hâter la cicatrisation des plaies. La pivoine était aussi une plante magique, dont la cueillette était entourée de pratiques rituelles, déconcertantes pour l'homme moderne.

« Cette plante, que l'on appelle aussi γλυκυσίδη / glukusidê, doit être arrachée la nuit ; si on l'arrache de jour, et que l'on est vu par un pivert en train de cueillir le fruit, on risque de perdre les yeux, et si on coupe la racine, on risque la procidence de l'anus » (Histoire des plantes, IX, 8, 6.)

Hokusai-Peonies.jpg
 Tree peony and butterfly (Katsushika Hokusai / 1760-1849)

Par kiwaïda at 12:29

15/01/2017

†Ħ∃ ṔѦℐИ†∃ℛ$








































Vains vœux valeureux : Photographies © Sonia Marques






Par kiwaïda at 15:29

29/12/2015

ⒷⓄⓃⓃⒺ ⒶⓃⓃÉⒺ ➋Ⓞ➊➏ !

Par kiwaïda at 16:40

11/12/2015

ᒪᗩ Gᖇᗩᓰᘉᕮ




My Dinner with Andre : film américain réalisé par Louis Malle (1981)
En streaming (full version) ici.

Passivité, misanthropie, manipulation... émerveillement... voyage...

Par kiwaïda at 07:07

26/06/2015

ᗩᖇᑕᖺᓰ♈ᙓᙅ♈ᘮᖇᙓᔕ Ⅴᓮᐯᗩﬡ☂ᙓᔕ

Nous étions devenus des bêtes sur des sellettes. Soit que nous étions trop noirs, trop étrangers, trop lettrés, trop intelligents, trop pauvres, sans sièges, mais nomades, volatiles, légers et éternellement sales parce que salis par des mécréants. Nous devenions des familles d'accueil, des créatifs inventant des abris en cartons, des petits morceaux de fromage ou de saucisson, de graines, nous fêtions dans les îlots les bonnes actions et personne ne pouvait les connaître, car il faut pour cela être sur des sellettes, et nous vivions dans un monde où les sièges étaient posés sur le thème du jeu des chaises musicales. Mais sans le savoir, tous ces gardeurs de sièges, deviendraient des sans abris. Et un jour, peut-être, une famille d'accueil, aura une petite place à offrir, des petits morceaux de fromage ou de saucisson, de graines, parmi son troupeau informe, amaigri, borgne, sans queue, déplumé… Afin d'oublier ce que ces tribunaux de gardeurs de sièges avaient inventé comme mot, la sellette, même si son usage fut aboli après la Révolution, mais encore bien présent, dans notre pays.

Nous étions fort de ces expériences, nous avions construit des sièges partout, des assises pour chacun, des lieux pour mieux sauter, grimper, voir, voler, se percher, tant de sellettes, tant de possibilités. De nouveaux mots, de nouvelles définitions, de nouvelles amitiés. Une épaule devenait la sellette idéale, sur qui compter, un ventre, une main, le souffle chaud d'un mot doux, le creux d'un arbre, une forêt dans la nuit. Et la liberté de partir loin, sans être abandonné malgré tout, sans devoir rendre compte de sa liberté. La confiance.


confiance_1.jpg

Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 20:02

13/05/2015

ⒷⓁⒾⓈⓈ

Ouverture (Photographies © Sonia Marques)

Par kiwaïda at 20:19

12/10/2014

ᖘᘮᖇᗩ ᐯᓮᕍᗩ ᖘᙓᖇᙓᔓᗢᔕᗢ


Image du documentaire "360°-Géo : Costa Rica, le sanctuaire des paresseux" Diffusion Arte, 43mn

La vie à l'état pur

Ces créatures d’apparence pataude semblent venir d’un autre temps, se déplacent avec une extrême lenteur, et passent leurs journées accrochées aux branches de la canopée, quasiment invisibles pour l’homme. Encore mal étudiés, les paresseux sont d’incomparables jardiniers de la forêt tropicale mais en quelques années, leurs populations ont diminué, même au Costa Rica. Toutefois, quelqu’un veille sur eux...

Ils ont l’air maladroit avec leurs faces épanouies et leurs longs poils qui tombent dans tous les sens. Les habitants du Costa Rica ont un nom pour ce visage souriant : la pura vida - la vie à l’état pur. Les paresseux dorment beaucoup et bougent peu. Leur métabolisme est très lent, une lenteur qui s’applique à toutes leurs activités et les rend vulnérables dans un monde où tout s’accélère. La déforestation, les constructions, la circulation de véhicules de plus en plus rapides sur des routes de plus en plus larges. Alors les accidents sont fréquents. Au « Jaguar Rescue Center » du Costa Rica, les individus blessés ou dépendants sont soignés puis relâchés dans la nature. 360° - GEO a visité la petite arche de Noé non loin de Puerto Viejo.

L’histoire des paresseux a commencé il y a 40 millions d’années. À l’époque, leurs ancêtres mesuraient 6 mètres de haut et marchaient debout. Au fil de l’évolution, leur taille s’est réduite jusqu’à n’être plus que d’une cinquantaine de centimètres. Leur façon de vivre, leur calme, leur physionomie sont à l’origine de préjugés et d’idées fausses. Ils seraient paresseux, inutiles, porteurs de maladies. On les a longtemps chassés à cause de ces clichés. La seule chose de vrai, c’est qu’ils sont d’une extrême lenteur, et que cela leur vaut d’être souvent victimes d’accidents avec des chiens ou des voitures. Au sud de Puerto Viejo, l’Espagnole Encar Garcia et son époux italien Sandro Alviani ont construit sur leur terrain une petite arche de Noé. Presque quotidiennement, ils y accueillent des animaux blessés.

Par kiwaïda at 13:03

05/08/2014

ᒎᙓ ᗰᙓ ᖇᓰﬡᑕᙓ ᒪᗴᔕ ᓰᖙéᗴᔕ.

La nage papillon : Photographies © Sonia Marques

"Je me rince les idées. Je me rafraîchis la mémoire. Je trempe mon corps tout entier dans un autre élément. J'ai l'impression de quitter ma corpulence et de devenir autre chose. Un truc qui sait sans réfléchir. Un truc qui ne coule pas." 

1km par jour de nage... et d'écriture... et de pixels... et de fils... et de tapisserie...

Vacances ?

Spéciale dédicace


Par kiwaïda at 15:41

18/07/2013

G☺☺ᖙ Ⅴiᕊᗴᔕ

Luxe calme et volupté (photographie © Sonia Marques)

Tutto è Sciolto (photographie © Sonia Marques)

Pomes & FêtNat (photographie © Sonia Marques)

Libérations (photographie © Sonia Marques)

Bisons futés (photographie © Sonia Marques)

holiday4_kiwa.jpg

Valise soleil (photographie © Sonia Marques)

Good Vibes (photographie © Sonia Marques)

Par kiwaïda at 19:32

07/09/2012

Ð∀Ḏ∀

« …attendre à la terrasse d’un café, se dire qu’il faudrait faire de la gymnastique, penser parfois à respirer profondément, mettre à plat un trombone, monter à la main une mayonnaise ou des oeufs en neige, découvrir un fruit exotique délicieux, se remémorer les patois de son enfance ou des proverbes ou des savoirs, utiliser des mots justes qui surprennent, boire quand on a très soif, n’avoir jamais honte d’être soi… »

photo © Sonia Marques

Photos de la grenouille rose et du bonhomme moustachu roux

«… conduire une conversation complice avec un chat siamois ou épagneul breton, éternuer sept fois de suite, voir le premier la flèche de l’église de Trégunc, faire un pique-nique avec tout ce qu’il faut, chanter Stormy Weather comme Lena Horne ou Over the Rainbow comme Judy Garland, s’essayer à chanter Mexico comme Luis Mariano et échouer à monter dans les aigus, se perdre dans les ciels immenses de John Ford, survoler la brousse africaine d’un petit avion, faire des ricochets, frémir d’impatience, sentir la crispation des papilles sur le gingembre, toucher les naseaux humides d’un jeune veau, trouver des champignons, ramasser des myrtilles sauvages, aller à la pêche aux coquillages lors des grandes marées, contempler sa cuisine ou sa chambre ou son bureau remis en état, tourner en bouche des mots bizarres (souillarde, antienne, mithridatisation, hapax…), prendre un funiculaire, sursauter trois coups au théâtre, jouer à cache-cache, avoir la chair de poule et le poil hérissé... »

Parmi mes lectures d'été, plus ou moins reposantes, angoissantes, exotiques… il y avait le petit livre de 90 pages écrit par une femme de 80 ans, Françoise Héritier, anthropologue, dont voici une interview de juin 2012. Dans cette interview, elle parle de son dada, qui n'est pas le sujet du livre que j'ai lu.

Un dada :

Autrefois, du temps des voitures à cheval, les cochers criaient "dia dia !" pour faire avancer leur monture, ce que les jeunes enfants s'empressaient de répéter "da da !". C'est de là qu'on a commencé à appeler un cheval un "dada". D'ailleurs, tous les enfants ont un jour ou l'autre eu un jouet représentant un cheval et qui les amusait beaucoup. Puis, par extension, le "dada" a ensuite désigné un hobbie, une passion. Dans cette expression, le "dada" est le sujet de conversation, et la personne qui l'enfourche est bien sûr la personne qui parle. "Enfourcher son dada" signifie que l'on revient à son sujet de conversation favori.
NB : J'ai effectivement eu un dada enfant, depuis j'ai changé souvent de dadas ;.)
Cette histoire du Dada que j'invente ne figure pas du tout dans le livre de Françoise Héritier dont je parle ;.)

J'ai beaucoup apprécié son livre "Le sel de la vie" avec cette couverture très douce au toucher. C'est une lettre adressée à un ami, dont elle trouve qu'il a trop travaillé toute sa vie, souvent pour les autres, une recommandation au bonheur, quelque part et au peu de temps à lui accorder. C'est aussi une ode aux petites choses dont on ne parle pas qui font le sel de la vie et qui se passent bien du long travail d'une vie, aux dadas des intellectuels par exemple, ces théoriciens campés sur leurs positions, leurs écrits, parfois si loin de leur bonheur, leur mode de vie, leur raison de respirer. J'ai toujours préféré passer du temps avec des gens qui pensent et profitent du temps, de la vie avec eux, qu'à les écouter dans leurs théories ou les aider à élaborer leurs écrits, si fastidieux et si loin de la vie. J'ai toujours préféré passer du temps à penser en profitant de la vie, que penser la pensée comme un instrument de travail et de torture. Mais nombre de pensants ont la mallette pleine d'instruments de torture et sont fiers de nous les exhiber. Bon la démonstration faite, passons aux choses sérieuses : le sel de la vie ;.)

Découvrir ce livre de Françoise Héritier est une vraie fantaisie, comme elle le dit. On aimerait que cette liberté prise sur ses théories, le soit toute sa vie !


« Il faut voir dans ce texte une sorte de poème en prose en hommage à la vie. »

Extraits :


Si vous tablez sur une durée de vie moyenne de 85 ans, soit 31 025 jours, avec toujours, en moyenne et à la louche, 8 heures de sommeil par jour ; 3h30 pour les courses, la préparation des repas, leur consommation, la vaisselle etc. ; 1h30 pour l’hygiène, les soins du corps, les maladies, etc. ; 3 heures pour l’entretien domestique, les enfants, les transports, les démarches diverses, le bricolage etc. ; 140 heures de travail par mois sur 45 ans, à raison de 6 heures par jour, mais sans tenir compte du plaisir que l’on peut y prendre ; une heure par jour de rapports sociaux obligatoires, conversations de voisins, pots, assemblées, séminaires, etc. ; que reste-t-il au citoyen et à la citoyenne lambda pour les activités qui font le sel de la vie ?
 

 
Vous aurez noté que je ne vous parle même pas du sexe. Oui, je vous le donne en mille : 1h30 par jour pendant la période dite active de la vie, 5h30 avant ou après.


Et encore un extrait :


«...chuchoter au téléphone, prendre des rendez-vous des années à l’avance, la démarche d’Henry Fonda, le sourire de Brad Pitt, soupirer d’aise, rouler en jeep sur des routes défoncées, partager une noix de Cola ou une barre de chocolat, avoir peur au cinéma, lire des polars ou de la bonne science-fiction, prendre sans vergogne la plus belle pêche du plateau de fruits, jouer à la belotte ou au rami ou aux yams ou aux petits chevaux ou aux dominos, être mauvais joueur avec de mauvais joueurs, refuser de traiter avec les colériques, marcher d’un bon pas, trainer les pieds dans les feuilles mortes, sourire tendrement à la photo de sa grand-mère, faire un bouquet de fleurs de talus, dormir sur l’épaule de quelqu’un, écouter la Callas, marcher sur du sable chaud mais pas trop, être ému aux larmes...»




Pour reprendre le dada : Il n'est pas celui que l'on croit. Voyez-vous cette grenouille rose, en porcelaine sur un drôle de canapé blanc de porcelaine, devrait accueillir un savon. En fait c'est un pion de bois, étrange, moustachu roux au petit chapeau noir, d'un autre temps, qui repose près d'elle. Cette séductrice grenouille a piqué la peau de la panthère rose, elle en devient l'imitatrice, la caricature, un peu moins élégante, mais béate devant ce bonhomme de bois stoïque et réservé, coloré sans âge. Elle lui fait un peu de place, mais il n'en a guère besoin, il se suffit à lui tout seul. Elle, les yeux mi-clos, nue sur son coussin se moque des porcelainiers… qui n'ont que faire de leur fabrique et préfère rêvasser au soleil d'une piscine bleue.

Le pion sur 3 étages, chapeauté sans lunette, voit bien les silhouettes se frayer un chemin vers le bonheur malgré leur dada affiché. Elles profitent du flou pour piquer une tête et de notre naïveté pour s'occuper de leur bien être, avant tout.

Les silhouettes… Le flou vous va si bien. L'eau est bonne.

Et si je m'y colle :
"...lancer des feux d'artifice à la sauvette sur une plage de sable la nuit, raconter des histoires à haute voix toute la nuit, surprendre une minuscule souris dans le noir chez soi pendant ses lectures nocturnes, prendre une cuillère à café de confiture de lait pour goûter et en reprendre, imiter un perroquet qui vous imite, décorer sa chambre avec des farandoles, laisser un ami le faire, inviter des amis, les écouter, les laisser faire la cuisine, soigner quelqu'un, se faire soigner, élever un animal sans connaître son langage, parler la langue des couleurs avec des matières grises, marcher pieds nus dans la rue, visiter les boîtes de nuit d'une ville juste avant l'arrivée des autres, danser n'importe comment, regarder un singe faire son intéressant, regarder un homme dormir, faire comme si tout était possible même sans argent, se faire offrir une rose chez un fleuriste et dire bonjour au chien en vitrine qui ressemble à celui de l'artiste Wegman, oublier de répondre aux mails, lire des livres angoissants et les oublier, nager avec des palmes, donner à celui qui n'en a pas des lunettes pour voir sous l'eau, mettre une ampoule verte à la place d'une blanche, mettre un néon rose pour des flamands qui s'ignorent, déjeuner sur une nappe mappemonde, sur une carte de San Francisco, découvrir des cartographies de villes jamais parcourues, des cartographies imaginaires, conduire une voiture avec de nouvelles musiques, partager ses morceaux préférés, être les vagabonds d'une nuit, se faufiler dans les couchettes luxueuse d'un train alors que l'on a des places assises, danser en rythme avec un paquet de filles sur une musique populaire du moment qu'elles connaissent toutes sans l'avoir entendue, essayer de faire comme les autres mais en moins bien, se surpasser dans un domaine qu'on est le seul à connaître pour l'avoir inventé, sortir pour acheter du sel et revenir sans lui, se moquer de soi-même et des imbéciles, faire des dessins des dictateurs et des prétentieux, surprendre à une séance de cinéma le soir un collègue antipathique avec son amoureux sympathique, regarder une démonstration de hip hop, chiper des expressions des jeunes sans bien les utiliser, apprendre de nouveaux plats, goûter à de nouvelles façons de cuisiner, s'allonger sur le sable chaud alors que tout le monde a déserté la plage, découvrir des endroits abandonnés, une nouvelle ville, un nouveau pays, une nouvelle langue, une nouvelle peau, avoir un fou rire dans une situation très sérieuse, avoir des fous rire à plusieurs dans une situation embarrassante, faire des pique-nique, redécouvrir que l'on sait faire du vélo, que l'on sait conduire une voiture, que l'on sait nager, sauter, courir et sautiller, découvrir sa saine colère et piquer un fard au bon moment, piquer une frite dans l'assiette d'un rigolo, partager un super dessert, retrouver le goût de la gourmandise, du sucré, du salé, de l'aigre-doux, du suave, du croquant, du tendre, du piquant, être sur un petit nuage quand on vous ennuie, oublier l'heure, oublier le jour, faire des nuits blanches et ses devoirs, cueillir de la lavande et l'emporter chez soi, boire un café dans les stations services, se glisser dans des draps propres, faire une sieste dans un hamac, c'est très différent, sortir emmitouflés pour marcher dans les premières neiges, se chauffer l'hiver, sentir la cannelle, sentir sa peau hâler après une journée de soleil, découvrir celle de l'autre prendre des couleurs, faire un flipper, un billard, un bowling, boire un café liégeois et crème chantilly et noisette pendant une partie, s'arrêter dans une ville un pays inconnu pour prendre un café et regarder son trajet, revenir d'un pays avec une nouvelle facette du monde qu'on adopte, se faire une partie de films en enfilade jusqu'au sommeil impromptu, poursuivre la nuit jusqu'au petit matin avec des amis, faire des grillades l'été, démissioner d'un job horrible du jour au lendemain, retrouver un job du jour au lendemain, trouver un appartement en une semaine dans une ville inconnue, faire la fête avec ses voisins d'âge différents, regarder les voleurs de poubelles la nuit et les voleurs de panneaux de signalisations, relire ses vieux poèmes et les trouver géniaux, lire ses poèmes récents et craindre qu'on puisse les lire, savoir où est le trésor caché, devenir invisible quand tout le monde cherche à être hypervisible, s'extraire afin de ne pas en rajouter, contempler un rien et se perdre dans un paysage, relativiser son échelle et son devenir, tremper son corps dans un lac à 3000 mètres dans les montagnes, rouler doucement et saluer une biche comme une chance, avoir une vie pleine en dehors des ambiguïtés, saisir sans posséder, perdre et retrouver, croiser un miroir après avoir oublié son image des jours et des semaines et se découvrir en pleine forme, découvrir son obstination idiote au détour d'un dialogue et renoncer, se délester, découvrir sa détermination positive et ne jamais renoncer, dessiner seulement si on est inspiré, écouter de la musique tout le temps, composer un morceau seulement si l'on est prêt à en composer une centaine derrière, faire de la musique pas du tout à la mode, ne pas suivre les tendances de la mode et lancer des tendances décalées, aimer des artistes que personne ne connaît, connaître des artistes inconnus dont l'imaginaire est riche, chanter, siffler, faire de la batterie sur la table, prendre des bocaux de perles pour des percussions, écouter le moindre bruit comme un nouveau son et l'enregistrer, photographier des fleurs et des fleurs, photographier de tout et ne pas en faire un fromage, écouter les photographes parler mais continuer à photographier sans parler, imaginer que son regard photographie, que sa mémoire soit accessible à tous et garder ses secrets..."

Par kiwaïda at 01:25

25/02/2012

ℙÅℙЇℒℒ☮ℕ

papillons © Sonia Marques


Papillons - © Sonia Marques

"Son talent était aussi naturel que les dessins poudrés sur les ailes d’un papillon.  Au début il en était aussi inconscient que le papillon et, quand tout fut emporté ou saccagé, il ne s’en aperçut même pas. Plus tard, il prit conscience de ses ailes endommagées et de leurs dessins, et il apprit à réfléchir."

(Ernest Hemingway sur F. Scott Fitzgerald)

Par kiwaïda at 21:26

27/11/2011

Aral homeless

Aral
Aral homeless (image trouvée sur Internet)
Elle a rencontré Aral, ainsi le nommait-elle. Il avait 55 ans et venait de recevoir un coup de couteau dans la cuisse. Il pissait le sang, mais ne se plaignait pas. Il parlait un peu français mais surtout parlait l’anglais d’une façon très élégante. Son anglais à elle devenait alors pauvre. Il était assis par terre et a juste dit « s’il vous plait » lorsqu'elle est passée devant lui. Elle l’avait remarqué une heure auparavant du haut d’un appartement, par la fenêtre. Elle n'était pas chez elle.  Perdue dans ses pensées, l’horizon des arbres jaunes de l’automne lui apprenait qu’il faisait un temps si doux en plein novembre. Les feuilles tombaient comme des lames d’or et elle remarqua cet escargot avec sa maison sur le dos tomber sous les arcades. À cet instant, le voir disparaître comme une feuille c’était juste un miroir de son exil, tandis qu'elle demeurait au chaud.

J’ai trouvé une image sur Internet, un gif animé, dans le jargon des internautes. Elle représente 2 personnes. Je distingue une fille et un garçon, et le garçon porte un casque où est écrit dessus « Aral ». Je l’imagine astronaute. Ils se parlent, peut-être se sont-ils croisés juste une demi-heure volée à l’espace temps de la vie des étoiles. D’habitude je cite mes sources, d’où proviennent les images, de qui, de quoi, de quand. Mais là, cela reste une image inconnue, d’un manga surement, reprise, puis reprise, puis reprise, sans que l’on s’attache à sa source. Les auteurs du site n’ont pas jugé nécessaire, malgré les droits d’auteurs, de citer la source, et peut-être de site en site, de blog en blog, elle arrive là sur le mien. Je ne tire aucun bénéfice commercial de ce blog et j’attache une importance aux sources des images, par respect. Mais là, elle devient une SDF, une sans domicile fixe, car elle n’est pas là pour longtemps. Elle illustre mon propos, qui est celui d’une rencontre.

La mer d'Aral est un lac d'eau salé d'Asie centrale. Cinq pays se partagent le bassin du lac d’Aral, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan, Turkménistan, Ouzbékistan. Depuis les années 60, ce lac est asséché. Cet assèchement, dû au détournement des deux fleuves, est une des plus importantes catastrophes environnementales du XXe siècle. Il était planifié depuis 1918.
Cet astronaute venait d’un assèchement, Aral était calme et avait les yeux bleus, si doux, elle voyait sa main rouge l’interpeller et c’est là où elle vit l’entaille à sa cuisse. Elle l’interrogeait. Son ami l’accompagnant lui disait ne pas s’attarder, mais elle le fit. Ils ont appelé les pompiers. Elle lui a donné une cigarette et ils ont échangé quelques mots. Il vit dehors depuis 23 ans. Quelqu’un lui a planté un couteau dans la cuisse et s’est enfuit. Depuis 6 mois il connaît de l’agressivité, ce n'était pas comme cela avant, lui dit-il, il connaît bien le quartier.
« It’ssss bleeeeedinggggg » lui dit-il d’un ton nonchalant. Son expression, ses yeux, quelque chose de sa grand-mère disparue, de l'expérience de la vie, d'une personne qui vient d'ailleurs.
Aral, comment peut-on le qualifier : un sans domicile fixe, un SDF, un sans abri, un itinérant, un clochard car il était saoul, ce terme est péjoratif. Pourquoi le qualifier. C’est un astronaute, dont la priorité est l'estime de soi, de conserver ce qu'il en reste. Il a perdu sa navette spatiale afin de mieux s'approcher des étoiles.
Comment vivent les sans toits ? Un peu comme elle.

L’habitation, le moteur de réflexion artistique, un état de survie philosophique. Les étapes qu'elle connait : le refus du froid, le refus de la faim, le besoin de sécurité, puis in fine, l’homeless (« le sans maison ») envisage la santé. Les priorités de survie d'une personne qui a un peu plus de moyens sont exactement les mêmes mais elle oublie qu'elle a déjà satisfait les plus urgentes.
Elle en est là, à préserver cela, tout juste là. Astral ensanglanté est poète et pas d’humeur à se presser. Il n’y a pas d’urgence à se lever, à demander de l’aide. Une personne pauvre a en général des amis, de la famille qui peut l'héberger ; si la personne se retrouve dans la rue, c'est qu'elle a coupé ses liens avec ses amis et sa famille, ou l'inverse, ce qui arrive le plus souvent. Cela peut être en raison d'un déracinement (personne née à l'étranger ou ayant longtemps vécu à l'étranger, qu'elle soit de nationalité étrangère ou pas), de problèmes psychiatriques, d'un drame familial, d'un rejet de la part de l'entourage, d'une rupture voulue en raison de sévices subis. C’est ce qu’écrit l’encyclopédie libre Wikipédia. Le milieu de la rue est destructeur, d’une violence extrême. Y vivre est sans doute s’y adapter et renforcer sa dépendance à cet environnement. Le sans-abri, disent des sociologues, vit « l’exil de soi », processus de désocialisation à ce point poussé que celui qui en est victime se trouve graduellement dépourvu de tout support social.

Et voici les pompiers, un peu rustres. Aral parle trois langues et pas une seule pour communiquer avec ces hommes de bois, des sauveteurs, bénévoles qui reconnaissent Aral. Ils l’avaient vu une heure auparavant. Ils lui disent qu'il était tombé tout seul, complètement ivre, mais n’avait pas souhaité aller à l’hôpital. Ce n'est pas très gratifiant pour l'héroïsme de sauver des clochards. Ils l'ont déjà laissé tomber. Elle leurs dit qu'il est entaillé sur la cuisse. Le jean est imbibé de sang. On voit l'ouverture du coup qui a traversé la chair rouge à vif. Aral a la moitié du visage rouge, car il s'est frotté de la cuisse à la main, de la main à la joue. Cela ne l'empêche pas d'être posé là, la jambe devant lui, comme un membre qui ne lui appartient pas. Il le regarde non effrayé comme une chose parmi d'autres, avec une sagesse déconcertante. C'est un crime dans l'indifférence totale, en pleine rue, en plein jour. Il fume lentement en relatant la fuite d'un jeune, tout est arrivé si vite.
« It’ssss bleeeeedinggggg ! »
Ils lui disent que cette fois-ci, il faut l'emmener à l'hôpital d'urgence en regardant la coéquipière du hasard. Elle reste là. Ils le bousculent un peu et lui demande d’éteindre la cigarette. Aral n’est pas trop dans l’urgence en 23 ans d’itinérance. Le plus jeune reçoit l’ordre d’emmener ses affaires. Dégouté il n’est pas très partant. Mais devant la seule femme coéquipière de l'astronaute, il fait bonne figure. Son supérieur lui dit qu'il a toute sa vie là-dedans, qu'il faut tout embarquer, ne rien laisser. Il met des gants du haut de ses vingts ans à peine, puis inspecte le grand sac à dos comme s'il y avait une bombe. Les gestes sont étudiés pour une toute autre intervention. Puis il tente l'impossible : mettre le matelas dans le sac sous les yeux de son supérieur comme si le temps était chronométré. Puis à deux, ils le lèvent, pas très épais l'astronaute, seul moment où Aral a mal. Ils lui demandent de ne rien toucher à l’intérieur du véhicule afin de ne pas le souiller. Il se pose délicatement afin de ne pas gêner, léger comme une plume. Puis les pompiers sûrs d'eux, demandent à la coéquipière de les laisser car ils vont s’occuper de lui.
Aral est parti.

Par kiwaïda at 07:11

05/09/2011

Philia

Quel immense bienfait que d'avoir à notre disposition des coeurs où tout secret pénètre en sûreté, dont nous redoutions la conscience moins que la nôtre, dont la conversation adoucisse nos inquiétudes, dont l'avis éclaire notre volonté, dont la gaieté dissipe notre tristesse, des amis dont la vue même nous fasse plaisir !

(Sénèque, extrait du livre "De la constance du sage", sous l'intitulé : Rien de meilleur qu'une amitié bien choisie)

Par kiwaïda at 23:19

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